Londres (awp/afp) - Le taux de chômage au Royaume-Uni a diminué à 4,0% pour la période d'avril à juin, d'après l'Office des statistiques nationales (ONS), une baisse qui masque des créations d'emplois décevantes et une quasi-stagnation des salaires réels.

Au deuxième trimestre (avril à juin), ce taux de chômage a été inférieur à ce qu'attendaient les économistes sondés par Bloomberg, qui tablaient en moyenne sur un maintien à son niveau enregistré entre mars et mai (4,2%). Il n'avait pas été aussi bas depuis la période de décembre 1974 à février 1975.

Le pays comptait en moyenne 1,36 million de chômeurs, soit 65.000 de moins qu'au premier trimestre.

Le nombre de personnes employées n'a en revanche augmenté que de 42.000 par rapport au premier trimestre, alors que le consensus de Bloomberg tablait sur 93.000 créations d'emplois.

"Le marché de l'emploi ne s'améliore pas aussi vite que la baisse soudaine du taux de chômage ne le laisse penser", a jugé Samuel Tombs, analyste chez Pantheon Macroeconomics. "La baisse du taux fin juin reflète notamment la sortie des statistiques de personnes plus sujettes au chômage que la moyenne. En réalité, la croissance de l'emploi perd de sa dynamique", a-t-il assuré.

L'ONS a expliqué par ailleurs que les salaires (primes comprises) avaient progressé de 2,4% au deuxième trimestre sur un an, soit un tout petit peu plus que l'inflation moyenne enregistrée pendant cette période - les salaires réels ayant progressé in fine de seulement 0,1%.

Le pouvoir d'achat des ménages semble donc quasiment stagner, alors qu'il avait recommencé à augmenter en début d'année après de longs mois de repli sur fond d'inflation dopée par la perspective du Brexit.

La livre sterling a en effet dégringolé dans les mois qui ont suivi la décision des Britanniques de voter pour un départ de l'UE lors du référendum du 23 juin 2016. Ce plongeon a renchéri les importations du Royaume-Uni, augmenté son inflation - qui a franchi ponctuellement la barre des 3% sur un an l'année dernière - et au final réduit le pouvoir d'achat des ménages.

"Ces données montrent que la croissance des salaires est en panne, ce qui fait douter d'un rebond vigoureux de la consommation", a expliqué Ruth Gregory, analyste chez Capital Economics.

Au deuxième trimestre, la consommation des Britanniques s'est pourtant un peu reprise, dopée par une météo exceptionnellement clémente, le début de la Coupe du monde de football et le mariage royal de l'actrice Meghan Markle et du prince Harry. Ce mieux a permis à la croissance du produit intérieur brut (PIB) d'accélérer à 0,4%, après le faible 0,2% du premier trimestre.

Les économistes restent toutefois très prudents pour la croissance du pays cette année, alors que les conditions du Brexit prévu fin mars 2019 créent des incertitudes peu appréciées par les entreprises. Le PIB pourrait n'augmenter que de 1,3% en 2018, d'après une moyenne d'économistes indépendants sondés par le Trésor.

Le 2 août, la Banque d'Angleterre a augmenté son taux directeur, à 0,75% contre 0,50% auparavant, afin de se créer des marges de manoeuvre plus importantes pour affronter les potentielles turbulences du Brexit.

Le lendemain, son gouverneur, Mark Carney, a reconnu que le risque d'une absence d'accord entre l'UE et le Royaume-Uni sur les conditions du Brexit était "inconfortablement élevé", jugeant cette possibilité "hautement indésirable" bien qu'"encore improbable".

Au deuxième trimestre, le nombre de ressortissants de l'UE travaillant au Royaume-Uni a d'ailleurs baissé de 86.000 sur un an, à 2,28 millions, son repli le plus important depuis le lancement de cette statistique en 1997, a précisé l'ONS.

afp/rp