Londres (awp/afp) - Les ventes au détail au Royaume-Uni ont reculé lors de la période cruciale des fêtes de fin d'année et pourraient rester poussives dans l'immédiat en pleine confusion autour du Brexit.

L'Office des statistiques nationales (ONS) a annoncé vendredi que ces ventes avaient diminué de 0,9% en décembre d'un mois sur l'autre, reculant dans tous les types de magasin à l'exception des commerces alimentaires et des stations-services, et chutant particulièrement dans les magasins de biens d'équipement domestique.

Certes, ces ventes avaient progressé de 1,3% en novembre car les consommateurs ont de plus en plus tendance à anticiper leurs courses de Noël pour profiter des promotions consenties lors du Black Friday - intervenu cette fois le 23 novembre. Le surcroît d'achat en novembre a dès lors réduit l'ampleur des courses de décembre dans les dernières encablures avant Noël.

Mais si l'on contemple les transactions pour l'ensemble du dernier trimestre de 2018 - qui comprend l'ensemble de la période précédant les fêtes, Black Friday compris -, les ventes ont diminué de 0,2% par rapport à celles du troisième trimestre.

"Les ventes au détail sont atones malgré un taux d'emploi record et un rebond du pouvoir d'achat, ce qui montre à quel point l'incertitude est en train d'asphyxier la consommation", a pointé Pablo Shah, économiste au Centre for Economics and Business Research.

Sapée par les incertitudes autour du processus de Brexit, la confiance des consommateurs est tombée en décembre à son plus bas niveau depuis cinq ans, d'après l'institut d'analyses économiques GfK.

Cette semaine, le blocage politique au Royaume-Uni autour du Brexit s'est aggravé: les députés ont massivement rejeté l'accord de sortie de l'UE conclu par la Première ministre Theresa May avec les dirigeants des 27 autres pays du bloc.

Le Brexit est prévu le 29 mars mais il n'existe aucune certitude sur l'entrée en vigueur d'un accord des deux côtés de la Manche d'ici là, ce qui fait encore planer le risque d'un départ britannique abrupt.

"A moins qu'un accord sur le Brexit soit signé rapidement, il y a peu de chance de rebond au premier trimestre 2019" du côté de la consommation des ménages, a prévenu Thomas Pugh, analyste chez Capital Economics.

D'autant que le quotidien des Britanniques est rythmé par le refrain angoissant des violentes polémiques politiques à Westminster, des fins de non-recevoir opposées à Bruxelles aux demandes britanniques et des avertissements des milieux d'affaires désespérés d'apercevoir encore le spectre honni d'un Brexit sans accord.

Croissance réduite

Jeudi, le géant de l'électronique Philips a annoncé la fermeture d'une usine du comté du Suffolk, dans l'est de l'Angleterre, avec 430 emplois directement menacés. Le patron du groupe néerlandais avait plusieurs fois prévenu l'an passé qu'à défaut d'un maintien du Royaume-Uni dans l'union douanière, l'attractivité du pays serait réduite.

L'ONS a publié en outre les données pour l'ensemble de l'année 2018, qui font apparaître une progression de 2,7% des ventes au détail, un peu plus qu'en 2017 mais nettement moins bien que les trois années précédentes.

Pour 2019, la consommation pourrait toutefois bénéficier encore d'un léger mieux du côté du pouvoir d'achat, si le rythme dynamique de progression des salaires enregistré ces derniers mois parvient à se maintenir sur fond de taux de chômage à peine supérieur à 4% et proche de son plus bas niveau depuis 1975.

La consommation pourrait aussi profiter de l'apaisement de l'inflation, qui a encore ralenti en décembre, à 2,1% sur un an soit son rythme le plus faible depuis deux ans d'après des données publiées mercredi par l'ONS.

Pour le moment en tous cas, le ralentissement de la consommation des ménages pèse sur la croissance, d'autant qu'il se combine à une prudence des entreprises avant le Brexit et à une contribution limitée du commerce extérieur. Un panel d'économistes indépendants sondés par le Trésor estime que la croissance du PIB n'a atteint que 1,3% pour l'ensemble de 2018 - une première estimation officielle est attendue pour le 11 février.

afp/al