1) Avant tout, le parlement grec doit accepter les réformes et ce n’est pas gagné d’avance

Le parlement grec doit s’exprimer mercredi dans la journée sur l’accord alors que les nouvelles réformes semblent paradoxalement plus dures que celles proposées lors du référendum du dimanche 5 juillet. Tsipras est actuellement en train de tout faire pour que le parlement grec accepte les réformes de Bruxelles : on sait d’ores et déjà qu’il pourra compter sur les voix de la droite et du centre, mais rien n’est gagné au sein de son parti Syriza. Il y a déjà quelques députés du parti de Tsipras qui se sont opposés publiquement à ces réformes.
Si le parlement grec donne son accord, les autres pays de la zone euro pourront à leur tour voter pour donner leur aval à l’ouverture des négociations d’un 3ème plan d’aide.
 

2) Ce sera ensuite aux parlements de la zone euro de voter

7 parlements européens (en plus de la Grèce) doivent se prononcer cette semaine sur le plan d’aide octroyé à la Grèce (Allemagne, France, Finlande, Autriche, Estonie, Lettonie, Slovaquie). Les autres pays contributeurs aux MES (Mécanisme Européen de Stabilité) n’ont pas l’obligation de soumettre un vote au parlement : c'est au gouvernement de prendre la décision et d'en informer le parlement par une simple déclaration (et dans ces pays, le feu vert ne fait aucun doute).

En France, le vote n’était pas obligatoire mais le premier Ministre Manuel Valls a décidé que les députés français seront tout de même appelés à se prononcer mercredi.
En Allemagne, le Bundestag se réunira en session extraordinaire vendredi pour voter (le gouvernement doit obligatoirement obtenir une autorisation préalable du parlement pour débuter les négociations avec la Grèce dans le cadre du MES). La chancelière Merkel a appelé à voter oui. 

Si il y a une majorité au sein de l'union (et non pas unanimité), la priorité sera d’accorder de nouveaux prêts à la Grèce pour débuter immédiatement une sortie son marasme économique (voir la fin de l'article).
 

3) La priorité reste la réouverture des banques grecques

Dès lors que le parlement grec aura donné son accord, l’Eurogroupe débutera l'octroi de nouveaux prêts à la Grèce afin qu’elle puisse rembourser ses échéances les plus urgentes et rouvrir son système bancaire.

 
4) En cas d’accord des pays européens, le bal des réformes débutera

Il y a déjà eu 380 milliards d’euros livrés à Athènes depuis le début de la crise, d’où le fait que l’activation d’un nouveau plan d’aide à la Grèce fasse autant polémique. L’aide européenne sera conditionnée par la mise en place de nombreuses mesures et d’une nouvelle couche d’austérité.

La mesure phare est le fait que la Grèce va distribuer des actifs à l’Europe, par le biais de la création d’un fonds de réserve basé à Athènes, en vue de diminuer la dette publique. Ce fonds, indépendant du gouvernement, a pour objectif de recapitaliser les banques grecques et d’investir dans l’économie du pays. Pour cela, le gouvernement mettra en place un vaste programme de privatisation d’entreprises pour un total de 50 milliards d’euros.

Cependant, de nombreux doutes persistent sur la possibilité d’un tel scénario car l’ensemble des privatisations depuis 5 ans ont atteint 8 milliards d’euros (on s’est rendu compte qu’il est très dur d’attirer autant de capitaux dans une économie comme la Grèce).

En contrepartie à ce nouveau plan d’aide, les grecs vont recevoir une nouvelle cure d’austérité : TVA à 23%, retraite à 67 ans, réforme sur le travail du dimanche, réforme de l’administration… Le gouvernement grec sera donc dans l’obligation de se plier aux réformes proposées par Bruxelles depuis des semaines.
 

5) Si les réformes sont bien mises en place, alors les européens commenceront à restructurer la dette.

C’est uniquement lorsque l’Eurogroupe aura la preuve formelle que les réformes ont bien été engagées qu’ils commenceront à parler de restructuration de la dette grecque.

L’Allemagne s’est formellement opposée à un « haircut » (la Grèce avait déjà bénéficié d’une décote de 50% en 2011). La restructuration de la dette passera par un allongement de sa durée et d’une baisse des rendements des obligations grecques. La référence à 10 ans se négocie actuellement sur une base de 11.98% contre 18% la semaine dernière.
 


Ce scénario repose sur une chose : la Grèce a-t-elle besoin d'une unanimité ou d'une majorité à 85% au MES ?

Il faut bien comprendre que la mise en place de ce nouveau plan repose sur le MES: l’activation de l’aide européenne est conditionné par le vote des pays européens. Au MES, la règle de fonctionnement est normalement l’unanimité. Mais il existe une possibilité dans les situations extraordinaires où 85% des votes suffisent. Il reste donc à déterminer si le cas grec peut être considéré ou non comme une situation extraordinaire.

Si l’unanimité est nécessaire, le plan d’aide de la Grèce ne verra jamais le jour du fait du refus catégorique de la Finlande (bien qu’elle ne représente que 2.51% de la quote-part du MES).

Mais il est fortement probable que le cas grec soit considéré comme une situation exceptionnelle, et dans ce cas le refus finlandais ne suffirait pas à faire capoter le plan d’aide européen. Les 4 plus gros contributeurs au MES sont  l’Allemagne (27.15%), la France (20.39%), l’Italie (17.91%) et l’Espagne (11.90%). L'Allemagne et la France, qui doivent voter, vont à priori se prononcer en faveur de l'activation du plan d'aide...

Réponse vendredi à 10 h après le vote du Bundestag.