(Nouveau lead avec Guterres, précisions)

NATIONS UNIES, 31 mars (Reuters) - Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres demande une enquête indépendante et transparente sur ce qui s'est passé vendredi au premier jour d'une grande manifestation organisée par les Palestiniens à la frontière entre Israël et la bande de Gaza, a annoncé son porte-parole.

Le Conseil de sécurité des Nations unies s'est réuni vendredi pour faire le point sur la situation à la demande du Koweït. La manifestation, qui doit durer six semaines, a pour but de demander le droit au retour des réfugiés palestiniens dans ce qui est aujourd'hui Israël.

Au fur et à mesure de la journée, des centaines de jeunes Palestiniens ont ignoré les appels des organisateurs et de l'armée israélienne à rester à distance de la frontière.

Tsahal a déclaré que ses forces avaient eu recours à des "moyens de dispersion anti-émeutes et à des tirs contre les principaux instigateurs", et dit que certains des manifestants lançaient des pierres et projetaient des pneus en feu sur la clôture frontalière et les soldats.

Riyad Mansour, le représentant palestinien à l'Onu, a fait état d'au moins 17 Palestiniens tués et plus de 1.400 blessés.

Les services médicaux de l'enclave ont pour leur part donné un bilan de 16 morts et de centaines de blessés.

Antonio Guterres a appelé "les parties concernées" à "s'abstenir de toute action qui pourrait déboucher sur des nouvelles victimes et en particulier des mesures qui pourraient mettre en danger la vie des civils", a déclaré son porte-parole, Farhan Haq, dans un communiqué.

Un haut fonctionnaire des Nations unies a déclaré vendredi devant le Conseil de sécurité des Nations unies que la situation à Gaza "pourrait se détériorer dans les prochains jours" et a demandé à ce que les civils, et particulièrement les enfants, ne soient pas visés.

"VIES INNOCENTES"

"Israël doit assumer ses responsabilités dans le cadre des droits humains et du droit humanitaire international. La force létale doit être autorisée en dernier recours et les décès qui pourraient en découler doivent faire l'objet d'une enquête en bonne et due forme de la part des autorités", a déclaré le numéro deux du département des Affaires politiques des Nations unies, Tayé-Brook Zerihoun.

Le Conseil de sécurité devait à l'origine se réunir à huis clos. Mais, comme il est apparu que ses 15 membres ne seraient pas capables de se mettre d'accord sur une déclaration commune concernant Gaza, le Koweït a demandé à ce que la réunion soit publique, indiquent des diplomates.

Le diplomate américain Walter Miller a dit regretter l'absence d'Israël à l'Onu en raison de la fête de Pessah.

"Nous sommes profondément attristés par la perte de vies aujourd'hui. Nous appelons ceux qui sont concernés à prendre des mesures pour faire baisser la tension et réduire le risque de nouveaux affrontements. Les mauvais joueurs qui se servent des manifestations comme d'une couverture pour inciter à la violence mettent en danger des vies innocentes", a déclaré Walter Miller au Conseil.

Le mouvement palestinien devrait prendre fin le 15 mai, jour que les Palestiniens appellent la "Nakba" ou "catastrophe", quand plusieurs centaines de milliers de Palestiniens sont partis en exil lors de la création de l'Etat d'Israël en 1948. (Michelle Nichols; Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français)