* L'exécutif a annoncé une série de mesures immédiates

* Philippe évoque l'écologie, le déficit

PARIS, 12 décembre (Reuters) - Edouard Philippe a appelé mercredi à ne pas oublier les enjeux de "temps long" quelques jours après l'annonce d'une série de mesures immédiates destinées à clore la crise des "Gilets jaunes" qui a notamment contraint l'exécutif à renoncer, pour 2019, à son engagement européen en matière de déficit public.

"Si nous ne voulons pas que nos enfants passent après nous dans l'ordre des priorités, nous devons avoir conscience des enjeux de temps long, des exigences du temps long", a dit le Premier ministre lors d'un discours à Paris à l'occasion des 30 ans de l'association "Villes de France".

La question de la transition écologique, "on est toujours facilement porté à (la) mettre un peu sur le côté tellement elle est contraignante à court terme mais elle est implacable à long terme", a-t-il souligné.

Concernant la dette, "ce n'est pas une obsession de comptable - et j'ai beaucoup de respect pour les comptables - ce n'est pas une obsession magique de tel ou tel chiffre", a-t-il poursuivi. "Comme le dit parfois un de mes amis, l'enfer n'est pas à 3,1 et le paradis à 2,9, bien sûr que non".

Il s'agit de notre "capacité à laisser une situation à nos enfants qui leur permette d'être maîtres des choix qu'ils auront à faire, y compris budgétairement. C'est un enjeu redoutable parce que tout le monde peut s'accorder sur ce point en terme général mais quand on rentre dans le détail et dans la discussion, il est plus difficile de se mettre d'accord et cette exigence paraît parfois s'atténuer dans le débat quotidien".

DIALOGUE

Pour tenter de clore la crise des "Gilets jaunes", le gouvernement a annoncé la semaine dernière l'abandon de la hausse de la taxe carbone pour 2019, revendication première des manifestants. Cette mesure, qui a été dénoncée comme un "recul" par les écologistes, va se traduire par un manque à gagner de quatre milliards d'euros pour l'Etat.

L'ensemble des concessions consenties par l'exécutif ont été chiffrées à 10 milliards d'euros et ont contraint le gouvernement à renoncer pour 2019 à contenir le déficit public dans les limites européennes, soit en dessous de 3% du PIB. Le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a évoqué mardi en creux un déficit de 3,4% pour l'an prochain.

"Il existe à l'évidence une part de responsabilité dans l'éclosion (de la colère) des 'Gilets jaunes'", je l'assume, j'en prends ma part", a souligné Edouard Philippe. "Il faudra qu'avec le temps, qu'avec le travail, nous puissions apporter des réponses".

"Le président de la République a annoncé des mesures qui répondent aux questions de pouvoir d'achat, nous savons que derrière ces questions il y a d'autres sujets, d'identité, de considération, de perspectives. Ce sont toutes ces questions qui doivent être traitées par le dialogue", a-t-il ajouté, à quelques jours du début de la grande concertation nationale qui s'achèvera le 1er mars. (Marine Pennetier, édité par Julie Carriat)