PARIS, 8 décembre (Reuters) - C'est le samedi de tous les dangers pour le gouvernement, tant sur le plan sécuritaire que politique, mais aussi pour les "Gilets jaunes", de nouveau mobilisés une semaine après l'embrasement du 1er décembre à Paris et ailleurs en France.

Les autorités se sont préparées au pire tant ce mouvement inédit, sans porte-parole et sans organisation, revêt un caractère imprévisible.

Dans les ministères, chez les commerçants et dans les établissements culturels, la crainte de violents débordements est telle que Paris prendra des airs de ville sous couvre-feu à une période d'ordinaire propice aux achats de Noël.

Près de 90.000 policiers et gendarmes sont réquisitionnés partout en France, dont 8.000 à Paris qui n'avait pas vu un tel déploiement de forces de l'ordre lors des trois premières journées de manifestations contre la vie chère.

"Ces trois dernières semaines ont fait naître un monstre qui a échappé à ses géniteurs", a déclaré vendredi le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.

Les "Gilets jaunes libres" ont appelé leurs partisans à ne pas se rendre à Paris et Eric Drouet, l'un des membres les plus influents du mouvement, a proposé à ses soutiens de privilégier une action sur le périphérique mais, en l'absence de hiérarchie officielle, rien ne présage de la tournure des événements.

Vendredi, Christophe Castaner a dit s'attendre à quelques milliers de personnes à Paris, parmi lesquelles "des gens ultra violents".

Echaudé par l'éruption du 1er décembre, le gouvernement veut à tout prix éviter des scènes du même genre, qui ont fait le tour de la planète.

Ce jour-là, plus de cent véhicules ont brûlé dans les beaux quartiers de Paris, des vitrines d'agences bancaires et de commerces ont volé en éclat et des centaines de manifestants ont participé aux affrontements avec les forces de l'ordre.

Bilan du ministère de l'Intérieur : 136.000 manifestants, dont 10.000 à Paris, 263 blessés, dont 133 à Paris, 682 personnes interpellées avec, là encore, des chiffres particulièrement élevés dans la capitale (412).

Ces images ont aggravé une crise déjà sérieuse, alimentée par les appels à la dissolution de l'Assemblée nationale relayées par Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.

Pour tenter d'apaiser la situation, l'exécutif a changé de tactique, après plusieurs semaines d'inflexibilité, en annonçant un moratoire puis un abandon complet des hausses de taxes sur le carburant, le point sur lequel s'est cristallisé la colère. (Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)