PARIS, 21 avril (Reuters) - Des syndicats de policiers ont réclamé des poursuites judiciaires après que des manifestants ont scandé samedi le slogan "Suicidez-vous!" à des membres des forces de l'ordre dans le cortège parisien lors de la 23e journée de mobilisation des "Gilets jaunes".

Ces propos, tenus par certains manifestants sur la place de la République, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, ont également été condamnés par des personnalités politiques de tous bords, alors qu'une trentaine de suicides de policiers sont intervenus depuis le début de l'année.

Le secrétaire national CRS du syndicat Unsa Police, David Michaux, a réclamé dimanche sur France info que les auteurs de ces slogans "inadmissibles" soient "identifiés, interpellés et condamnés".

"Il faut une réponse forte à ce qui s'est passé", a-t-il dit. "Je rappelle que c'est punissable d'une peine (...) de trois ans de prison et 45.000 euros d'amende", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué diffusé samedi soir, le syndicat Alternative Police CFDT avait déjà appelé les autorités à "faire preuve de la plus grande fermeté et engager toutes les poursuites qui pourront être introduites" à l'encontre des auteurs de ces slogans qui constituent "un véritable appel à la haine des policiers".

Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a dénoncé ces faits samedi soir dans un message publié sur Twitter. "Honte à ceux qui se sont livrés à une telle ignominie Soutien total à nos forces mobilisées, et à leurs familles. L'immense majorité des Français sait ce qu'elle leur doit", a-t-il écrit.

CONDAMNATIONS UNANIMES

Le directeur général de la police nationale (DGPN), Eric Morvan, a quant à lui critiqué dimanche, également sur Twitter, "la bêtise crasse de certains slogans haineux (qui) ne mérite même pas notre indignation".

De nombreuses personnalités politiques ont fait part de leurs critiques tout au long du week-end.

Sur Twitter, samedi, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a dénoncé des propos "honteux", tandis que François-Xavier Bellamy, tête de liste des Républicains (LR) pour les élections européennes, a estimé "qu'aucun de ceux qui ont crié cela ne doit rester impuni".

"Condamnons ensemble ces paroles révoltantes", a dit samedi dans un message publié sur Twitter la tête de liste de La République en marche (LaRem) pour les européennes, Nathalie Loiseau.

Selon la maire socialiste du Xe arrondissement de Paris, Alexandra Cordebard, interrogée dimanche matin sur CNEWS, "c'est parfaitement ignoble que d'entendre de tels propos".

"C'est inadmissible (...) c'est indéfendable, c'est insupportable, c'est immonde de dire ça et de chanter ça", a déclaré dimanche sur BFM TV Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux élections européennes.

L'association "Mobilisation des policiers en colère" (MPC), qui se veut indépendante des syndicats, évoque dans le bilan diffusé sur son site internet, dont la dernière actualisation date de jeudi dernier, un total de 29 suicides et trois morts en service depuis le début de l'année dans la police nationale.

Christophe Castaner a annoncé mi-avril la mise en place d'une cellule de vigilance pour prévenir les suicides dans la police. Il a également promis une accélération du plan de renforcement de la prévention lancé en mai 2018 par son prédécesseur Gérard Collomb.

Selon un rapport sénatorial publié en juin dernier, le taux de suicide dans la police est supérieur de 36% à celui observé dans la population générale. (Myriam Rivet, édité par Henri-Pierre André)