Les trois indices de Wall Street ont décidé hier de jouer chacun une partition différente. Le Nasdaq 100 est resté dans le vert, bien aidé par un bond de 4,3% d'Alphabet après l'annonce de nouvelles fonctionnalités d'intelligence artificielle pour répondre à l'offensive de Microsoft. D'ailleurs astuce : si vous avez besoin de financements ou de subventions en ce moment, n'oubliez pas de glisser le terme IA dans vos communications, ça marche hyper bien quel que soit le secteur : technologie, boulangerie, plongée sous-marine, plomberie, immobilier… Au contraire, le Dow Jones a déprimé en baisse de 0,66%. Ça c'est Pluto la faute à Walt Disney qui a publié des statistiques pas Dingo pour Disney+ et qui s'est effondré d'un rare -8,7%. Le S&P500 a fait un peu la balance entre les deux (-0,17%), avec en plus un retour d'aversion au risque au niveau des valeurs bancaires. Pacwest a replongé de 23% après une hémorragie de dépôts la semaine dernière, entraînant en baisse ses homologues les plus fragiles. Quant aux grandes banques, elles ont reculé plus modérément en dépit de la perspective d'être plus sévèrement taxées pour regarnir le fonds de garantie fédéral et des déclarations de l'influent patron de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, qui a appelé les autorités politiques à répondre plus efficacement à la crise des banques régionales.

En Europe, les indices sont aussi partis dans tous les sens hier. Un grand écart assez rare, puisque l'OMX suédois a bondi de 1% pendant que le FTSE Mib italien cédait 0,6%. Dans ce duel nord-sud, Milan a été trahie par ses industrielles, pendant que Stockholm s'appuyait… sur ses industrielles. OK, moi non plus, je n'ai pas trop compris. En France, LVMH a tenu la baraque pour permettre à un CAC40 lesté par ses bancaires et TotalEnergies de terminer en hausse de 0,28%. Le DAX allemand, qui n'a pas de LVMH pour lui sauver la mise, a perdu 0,33%, troisième séance consécutive de baisse.

Cette dépendance à quelques titres me donne l'occasion de rebondir sur un sujet que je n'ai pas abordé depuis longtemps et qui a été remis en lumière avec talent hier soir par McGeever. Jamie McGeever est un éditorialiste de Reuters. Rien à voir avec McGyver, le célèbre héros à la coiffure douteuse des années 80. D'ailleurs, devinette, connaissez-vous le prénom de McGyver ? (Réponse plus bas).

Avant d'être interrompu par moi-même pour vous faire part de cette information de la plus haute importance, je voulais refaire un point sur ces valeurs qui font la tendance en insistant lourdement sur les indices américains. En l'occurrence le S&P500 et le Nasdaq 100. En investissant dans des indices qui comptent 500 et 100 valeurs respectivement (d'où leur nom hein, j'espère que c'était OK pour vous), on peut espérer bénéficier d'une certaine diversification. En vrai, pas trop. Si on prend QQQ, cucucu, triple Q ou trois Q, comme vous voulez, c’est-à-dire le plus gros ETF Nasdaq du monde, eh bien à l'heure actuelle, vous avez 44% de l'indice positionné sur Microsoft, Apple, Amazon, Alphabet et Nvidia. Pour le S&P500, sur la base de l'ETF iShares CSPX, c'est moins impressionnant mais la concentration est quand même remarquable : 22,5% de l'indice sur les 5 mêmes valeurs. Or grosso modo, ces titres ont progressé de 25 à 30% depuis le début de l'année, sauf Nvidia qui a presque doublé. Autant dire que le terme de "locomotives indicielles" n'est pas galvaudé. On comprend mieux dès lors pourquoi le Nasdaq 100 gagne 23% depuis le début de l'année, pendant que le S&P500 limite ses gains à 8%. Le McGeever dont je parlais plus haut précise que la moyenne des autres valeurs du S&P500 n'a progressé que de 2% environ. Il faut ajouter à cela que le PER moyen de ces titres est de 30 fois les résultats attendus en fin d'année (de 22 fois pour Alphabet à 87 fois pour Nvidia), contre environ 16,5 fois pour le reste du S&P500. On ne prête qu'aux riches. Mais est-ce vraiment une surprise ? Tout ça pour dire que le marché continue à tourner correctement grâce à ses chouchoutes et que sans elles, le tableau serait bien moins flatteur aux Etats-Unis.

Dans l'équation de fin de semaine pour calculer la couleur des indices ce soir, il faut mettre d'un côté la mère de toutes les espérances, c’est-à-dire la perspective d'une politique monétaire américaine plus souple, mais aussi les rumeurs de tentative d'apaisement diplomatique entre Washington et Pékin et la possible résistance du moral du consommateur américain dans l'enquête que l'Université du Michigan doit publier à 16h00. Et de l'autre, le plafond de la dette, les craintes de récession, l'économie chinoise qui déçoit et la crise bancaire américaine. Il y a aussi quelques résultats trimestriels d'entreprises, dont la Société Générale et le groupe de luxe Compagnie Financière Richemont. Aux Etats-Unis, le courtier Charles Schwab dévoilera un rapport d'activité d'avril assez attendu compte tenu des remous dans le secteur.

La semaine se termine bien au Japon, où le Nikkei 225 gagne 0,88%. En revanche, les principaux autres marchés sont en baisse, notamment la Corée du Sud et l'Inde. L'Australie grappille 0,02%. En cours de séance, les marchés chinois sont plus moroses, notamment la Chine continentale où les indices perdent autour de 1%. Les indicateurs avancés européens sont plutôt haussiers au matin de la dernière séance hebdomadaire. Le CAC40 a démarré en hausse de 0,7% à 7440 points. 

Ah, et la réponse à la question improbable du jour est Angus.

Les temps forts économiques du jour

C'est l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan qui va focaliser l'attention cet après-midi (16h00). Tout l'agenda ici.

L'euro se négocie 1,0924 USD. L'once d'or recule à 2010 USD. Le pétrole se replie, avec un Brent de Mer du Nord à 74,42 USD le baril et un brut léger américain WTI à 70,41 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans a baisse à 3,37%. Le bitcoin perd encore un peu de terrain à 27 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Acerinox : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 12,80 EUR.
  • AMS-Osram : UBS reste neutre avec un objectif de cours réduit de 7,90 à 6,60 CHF.
  • Aperam : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 42 EUR.
  • Adval : Research Partners reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 130 à 120 CHF.
  • Bayer : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 70 à 68 EUR.
  • Coloplast : JPMorgan passe de neutre à souspondérer en visant 775 DKK.
  • Crest Nicholson : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 310 GBp.
  • Derwent London : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 2380 GBp.
  • Diageo : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 3800 GBp.
  • Equasens : GreenSome Finance reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 92,90 à 96 EUR.
  • Euronav : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 20 EUR.
  • Fortum : Inderes passe d'accumuler à acheter en visant 16 EUR.
  • Geberit : Citigroup démarre le suivi à vendre en visant 420 CHF.
  • Great Portland : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 520 GBp.
  • MTU Aero Engines : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 240 à 280 EUR.
  • Outokumpu : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 7,80 EUR.
  • Pearson : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 920 GBp.
  • Porsche Automobil : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 82,40 à 75,60 EUR.
  • Puma : Bankhaus Metzler démarre le suivi à l'achat en visant 68 EUR.
  • Redrow : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 643 GBp.
  • Soitec : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 100 EUR.
  • Sonova : Bernstein reprend le suivi à sousperformance en visant 235 CHF.
  • Warehouses De Pauw : RBC passe de sousperformance à performance sectorielle en visant 27 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • JCDecaux : vise une croissance organique du chiffre d'affaires d'environ 9% au deuxième trimestre.
  • Orpea : annonce une perte nette annuelle de 4 Mds€.
  • Scor : le bénéfice net du T1 atteint 311 M€.
  • Société Générale : les résultats du T1 sont élevés grâce aux activités de marché et aux taux.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Renault développe deux gros véhicules Alpine pour les marchés US et peut-être chinois.
  • L'Oréal émet 2 Mds€ d'obligations.
  • Gaztransport & Technigaz remporte une commande de cuves pour deux nouveaux méthaniers.
  • Eramet émet 500 M€ d'obligations avec des contraintes liées au développement durable.
  • Hydrogen Refueling Solutions fournit une station hydrogène pour les bus de Lorient.
  • Medincell lance un placement privé et une augmentation de capital de 25 M€ via PrimaryBid.
  • DBV Technologies annonce que la publication du NEJM renforce les résultats positifs de l'essai de phase III de son médicament contre l'allergie à l'arachide.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Esso, Viel, Genfit, ALD, Prismaflex, Florentaise, Altamir

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Allianz : le bénéfice net trimestriel multiplié par quatre.
  • Compagnie Financière Richemont : l'exercice clos fin mars se solde par un chiffre d'affaires en hausse de 19% pour atteindre un record historique de 19,95 Mds€.
  • Pirelli : le bénéfice d'exploitation est en hausse de 9% au premier trimestre, les prévisions sont confirmées.
  • UPM : revoit à la baisse ses perspectives pour l'année 2023, le déstockage entravant la reprise des volumes.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures