(Actualisé avec nombre de manifestants, incidents, réactions)

ATHÈNES, 20 janvier (Reuters) - Plusieurs dizaines de milliers de Grecs ont manifesté dimanche dans le centre d'Athènes contre l'accord conclu avec Skopje sur la question de la Macédoine.

La police, qui a fait état de dix blessés dans ses rangs, a dispersé la foule à l'aide de gaz lacrymogènes.

Conclu en juin dernier et approuvé la semaine dernière par le Parlement macédonien, l'accord de Prespès prévoit que l'ancienne république yougoslave de Macédoine, le nom que le pays porte depuis son indépendance en 1991, s'appellera désormais république de Macédoine du Nord pour ne pas la confondre avec la province grecque de Macédoine.

Ce compromis conclu entre le Premier ministre macédonien Zoran Zaev et son homologue grec Alexis Tsipras doit encore être approuvé par le Parlement grec, sans doute dans le courant du mois de janvier. Il doit permettre de lever l'opposition de la Grèce à l'adhésion de Skopje à l'Union européenne et à l'Otan.

Mais les opposants à cet accord jugent que le nom de Macédoine du Nord constitue une revendication implicite sur un territoire grec, rappelant que la Macédoine, l'ancien royaume dirigé par Alexandre le Grand, fait partie intégrante de leur patrie et de leur patrimoine. Ils souhaitaient que le nom de "Macédoine" disparaisse complètement.

"On ne peut pas digérer cet accord, qui abandonne notre Macédoine, notre histoire", a déclaré une retraitée de 67 ans manifestant, drapeau grec à la main, sur la place Syntagma, face au Parlement. "La Macédoine est grecque. Point !" a-t-elle ajouté.

L'accord entre Athènes et Skopje a entraîné dimanche dernier la démission du ministre de la Défense Panos Kammenos et la défection de certains membres de son parti, les Grecs indépendants (droite), qui appartenaient jusqu'alors à la coalition gouvernementale conduite par Alexis Tsipras.

Mais le Premier ministre grec a été conforté mercredi soir à la tête du gouvernement en remportant de justesse un vote de confiance.

Dans une tribune publiée dimanche par le journal Avgi, le chef du parti de gauche Syriza justifie "une étape historique non seulement pour les deux pays et toute la région, mais pour l'Europe dans son ensemble". "Cela cimente des relations d'amitié, de coopération et de stabilité", écrit-il. (Michele Kambas avec Georges Georgiopoulos et Lefteris Papadimas; Danielle Rouquié et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)