L’aluminium et le cuivre font grise mine. Leurs cours évoluent à la baisse depuis 2018 : ils perdent respectivement 1.1% et 7.8% depuis le début de l’année. Ce sont des métaux communs, aussi communs que le nickel par exemple, qui lui flambe de 57% en 2019. Comment expliquer cette différence ? La conjoncture économique impacte très fortement l'aluminium et le cuivre, utilisés principalement dans les transports, la construction, l’électronique et l’électrique.

A tel point que les prix du cuivre sont considérés comme un baromètre de l’économie mondiale. De ce fait, des thématiques comme la guerre commerciale sino-américaine, la dégradation de la croissance économique mondiale ou encore la résurgence de tensions politiques en Europe pèsent sur la demande du cuivre. Les principaux groupes miniers doivent donc composer avec cet environnement de moins en moins clément, ce qui se traduit dans l’orientation des prix.

/**/

Les variations du dollar impactent également la courbe de prix des métaux. Quand le billet vert se renforce, les métaux perdent en valeur. A l’inverse quand le dollar faiblit les cours des métaux ont tendance à s'apprécier. Durant le premier trimestre 2018 le "dollar index" (qui mesure l'évolution du billet vert face à un panier de devises) était passé en-dessous des 90 USD : cela avait permis à l'aluminium de signer un pic à 2465,6 USD la tonne, un record depuis 2011, et au cuivre de battre un record vieux de 4 ans, à 7200,5 USD la tonne.

Le cuivre est, c'est historique, un bon baromètre des incertitudes mondiales. L'aluminium aussi par voie de conséquence, car il est assez étroitement lié au parcours du cuivre. Pour les deux autres métaux communs, des facteurs additionnels viennent compliquer la lecture.

Le fer et le nickel se distinguent

Le minerai de fer et le nickel se démarquent fortement au sein du quatuor, sur de vives hausses. Leurs cours ont évolué de +26,8% et +57% respectivement depuis janvier.

Le minerai de fer fait partie des métaux de base les plus échangés. Il est presque entièrement utilisé pour fabriquer de l’acier (98 %), un matériau recyclable servant à la construction des bâtiments et des infrastructures. La demande est tirée à plus de deux tiers par la Chine, ce qui n’est pas surprenant compte tenu de son poids dans la production d’acier brut, qui avoisine la moitié de l’offre mondiale.

Les prix du minerai de fer sont sensibles aux mutations structurelles de l’industrie chinoise. Afin de lutter contre la pollution, le gouvernement chinois contrôle dans les zones particulièrement polluées les capacités de production d’acier. Il impose des normes plus strictes en matière d’environnement, d’utilisation des ressources naturelles et d’énergie. Aucune nouvelle capacité sidérurgique n’a été autorisée depuis la découverte de techniques d’extensions illégales d’entreprises permettant à ces dernières de maintenir leurs niveaux de pollution historique.

La production chinoise d’acier, de charbon et d’électricité est également réduite par la volonté de Pékin de faire fermer ou fusionner d’ici la fin de l’année toutes les entreprises jugées ni suffisamment concurrentielles, ni assez modernes. Ces incertitudes créent un courant porteur pour les cours du fer.

/**/

Le nickel, enfin, connaît depuis juillet un rebond et côtoie à présent les tarifs du fer, aux alentours des 18 000 USD la tonne. La faute au gouvernement indonésien. En effet, le premier pays producteur de nickel au monde a annoncé fin juillet vouloir mettre un terme à ses exportations de nickel d’ici 2022… date butoir avancée par le gouvernement à décembre de cette année !

Les autorités indonésiennes veulent changer de stratégie industrielle et aspirent à davantage valoriser leurs dotations minérales. L'idée demeure ici de stopper progressivement l'exportation de minerais bruts afin d'en raffiner une plus grande partie sur place. L'Indonésie veut ainsi capter la valeur ajoutée de la transformation du minerai, qu'elle laisse actuellement filer à l'étranger. La filière la plus concernée est la production de véhicules électriques avec le développement de nouvelles usines et fonderies de nickel pour fabriquer des batteries au lithium.

Dans cette rubrique, nous aborderons prochainement le marché des métaux précieux, en particulier le platine, l'argent, le palladium et l'or.