Christophe Morel, chef économiste chez Groupama AM mise sur une reprise en "U". Au-delà, estime-t-il, la pandémie représente une opportunité historique de résoudre les défis fondamentaux d’avant-crise. Avant la crise, la société de gestion avait identifié plusieurs défis qui ne semblaient pas avoir de solution : la stagnation séculaire, la "zombification" de l'économie, la nécessité de réallouer les ressources vers de nouveaux besoins (environnement, numérique…) et l'impasse dans laquelle se situait la construction européenne.

Parce que la crise sanitaire a affecté tous les pays simultanément, elle constitue une opportunité "historique" d'envisager des solutions à tous ces défis de long terme sous la forme d'une "destruction créatrice" schumpetérienne, et dans le cas européen, d'initier un fédéralisme avec une solidarité budgétaire ce qui constitue une "nouvelle donne.

Plusieurs facteurs rendent Christophe Morel plus confiant sur un cycle de croissance prolongé.

Premier facteur, avant la crise, les économies développées – singulièrement les États-Unis – étaient vulnérables à un retournement conjoncturel (ce que sous-tendait en début d'année son scénario de récession). Désormais, la " purge cyclique " laisse la place à un rattrapage conjoncturel, et ce faisant à un cycle de croissance prolongé.

Deuxième facteur, le grand soir des politiques budgétaires est enfin arrivé : après l'étape 1 de l'urgence et de la gestion des besoins de liquidités, elles basculent désormais dans l'étape 2 d'accompagnement de la reprise. Elles soutiendront fortement la croissance pour 4 raisons. L'impulsion budgétaire devient massive à l'image du plan de 130 milliards d'euros annoncé en Allemagne ou du plan " Next Generation EU " de 750 milliards. Elles ont un horizon pluri-annuel qui permet de briser l'effet d'hystérèse de la crise. Les plans d'investissement dans les secteurs de l'environnement et du numérique ont par définition un effet " multiplicateur " élevé. Enfin, l'impact est renforcé par le fait que tous les pays développés appliquent les mêmes mesures en même temps (coordination des politiques économiques de facto à défaut d'une coordination de jure). 

Enfin, les banques centrales accompagneront cette reprise en maintenant les taux directeurs inchangés pendant plusieurs années, en poursuivant leur politique d'achats d'actifs inconditionnels avec des put renforcés sur les actifs financiers (notamment depuis la décision de la Fed d'intervenir sur les marchés de crédit).

Au total, la reprise sera ponctuée d'aléas. C'est l'esprit même du scénario en "U" de Groupama AM. Cependant, dans les solutions à la crise, certaines sont de " nouvelles donnes " à même de  rendre la société de gestion plus confiante sur les perspectives de croissance au-delà de 2021.