CONAKRY, 18 octobre (Reuters) - Les Guinéens sont appelés aux urnes dimanche pour un scrutin lors duquel le président sortant Alpha Condé, âgé de 82 ans, ambitionne de rester au pouvoir après avoir poussé pour une réforme constitutionnelle lui permettant de briguer un troisième mandat, une décision ayant provoqué de violentes manifestations.

Au moins 50 personnes ont été tuées pendant l'année écoulée lors des manifestations contre la réforme constitutionnelle, a rapporté Amnesty International, et des troubles ont émaillé la campagne électorale ces dernières semaines.

Alpha Condé, au pouvoir depuis 2010, a décrit le référendum de mars dernier sur la réforme constitutionnelle comme libre et démocratique. Il dit avoir besoin de davantage de temps à la tête du pays pour boucler d'importants projets miniers et infrastructurels.

"Nous avons posé les bases du développement", a-t-il déclaré devant des partisans vendredi lors de son ultime meeting de campagne, dans un stade de la capitale, Conakry.

La Guinée a progressé dans l'exploitation de ses ressources minérales et son produit intérieur brut a doublé depuis que Condé est arrivé à la présidence. Mais de nombreux Guinéens se plaignent de ne pas constater les effets de cette dynamique sur le marché de l'emploi et de faire face à des coupures d'électricité toujours fréquentes.

Alors que le pays est régulièrement secoué par des troubles politiques depuis son indépendance en 1958, des activistes craignent que le scrutin de dimanche - de même que l'élection présidentielle prévue ce mois-ci en Côte d'Ivoire - marque un revers pour la démocratie dans une région dont les dirigeants ont été salués par le passé pour leur respect des limitations de mandats.

Onze candidats se présentent face à Alpha Condé, parmi lesquels le rival de longue date du président sortant, l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, battu par Condé en 2010 et 2015.

De nombreux analystes s'attendent à ce que Condé s'impose de nouveau, après le soutien massif constaté lors du référendum de mars dernier sur la réforme constitutionnelle - un vote cependant boycotté par l'opposition. Aucune enquête d'opinion fiable n'était disponible en amont du scrutin. (Saliou Samb; version française Jean Terzian)