(Actualisé avec détails, cours de Bourse et commentaires)

par Dan Freed et Nikhil Subba

13 octobre (Reuters) - Bank of America a publié vendredi un bénéfice du troisième trimestre en hausse de 15%, la deuxième banque des Etats-Unis ayant profité de sa politique de strict contrôle des coûts et des relèvements de taux d'intérêt décidés par la Réserve fédérale.

Les efforts entrepris depuis plusieurs années par le PDG, Brian Moynihan, pour améliorer le fonctionnement de la banque et maîtriser ses coûts semblent finalement porter leurs fruits, d'autant que la Fed est engagée depuis décembre 2015 dans un cycle de resserrement monétaire entraînant une hausse du coût du crédit.

BofA est particulièrement sensible à l'évolution des taux d'intérêt en raison de l'importance de ses dépôts et de ses prêts hypothécaires. Au troisième trimestre, elle a fait mieux que ses principales concurrentes JPMorgan et Citigroup qui ont publié mercredi un bénéfice en hausse de respectivement 7,1% et 7,6%.

"Les prêts ont augmenté d'environ 6%, un chiffre certes inférieur à celui publié hier par JPMorgan, mais les marges et la qualité du crédit se sont améliorées", a réagi Stephen Biggar, directeur d'études chez Argus Research. "Une croissance de 6%, ce n'est pas mal dans un environnement dégradé."

Le titre gagne 0,92% à 25,685 dollars à 15h41 GMT à Wall Street, ce qui porte sa progression depuis le début de l'année à plus de 16%.

Les trois hausses de taux de la Réserve fédérale américaine depuis décembre 2016 ont fait grimper le produit net des intérêts de Bank of America de 9,4% à 11,16 milliards de dollars (9,42 milliards d'euros).

Stanley Fischer, vice-président de la Fed, a déclaré vendredi qu'il y avait une "bonne chance" pour que la banque centrale américaine relève encore ses taux en décembre.

Les provisions pour pertes sur créances de BofA ont augmenté de 15% par rapport au deuxième trimestre, tirées par les cartes de crédit et la croissance des prêts, mais selon le directeur financier de BofA, Paul Donofrio, cela ne signifie pas que les consommateurs commencent à atteindre leurs limites financières.

"Nous sommes optimistes sur la situation de l'économie en général. Il y a beaucoup de signes positifs", a-t-il dit à la presse.

REVENU DU TRADING EN BAISSE DE 15%

Comme pour ses concurrentes, le revenu du trading de la banque de Charlotte, en Caroline du Nord, a chuté de 15% et celui du trading obligataire de 22%, en raison d'une volatilité nettement moindre cette année sur les marchés financiers qu'en 2016.

Bank of America dispose cependant d'activités de banque de détail et de gestion de fortune relativement importantes, ce qui la rend moins dépendante du trading que certaines concurrentes comme Goldman Sachs et Morgan Stanley, qui publieront leurs résultats du troisième trimestre mardi.

Les espoirs d'une relance de l'activité de trading obligataire et d'une hausse de la demande de crédit via des mesures de dérégulation et de baisses d'impôts promises par le président américain Donald Trump ne se sont pas encore concrétisés.

"La réforme fiscale va être bénéfique pour l'économie (...) mais je ne pense pas que les gens soient en situation d'attente", a déclaré le directeur financier de BofA.

En attendant que tout cela se matérialise, les banques s'en tiennent à leur stratégie d'une réduction des coûts. Les charges de Bank of America hors intérêts ont diminué de 3% au troisième trimestre sur un an. Le produit net bancaire total a progressé d'environ 1% à 22,08 milliards de dollars.

La banque a affiché un coefficient d'exploitation, ratio mesurant les dépenses d'exploitation par rapport au produit net bancaire, de 60%, conforme à l'objectif à long terme de la direction.

Dans l'ensemble, le bénéfice net part du groupe est ressorti à 5,12 milliards de dollars sur la période juillet-septembre contre 4,45 milliards de dollars un an plus tôt.

Le bénéfice par action, lui, s'est établi à 48 cents, après 41 cents il y a un an.

Les analystes attendaient en moyenne un BPA de 45 cents, selon Thomson Reuters I/B/E/S.

Voir aussi BREAKINGVIEWS-BofA shows fellow laggard Citi its tail (Avec Sweta Singh à Bangalore et David Henry à New York, Juliette Rouillon et Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)