Le rebond des marchés actions mondiaux est en train de prendre plus de corps, après une nouvelle séance de reprise marquée. Les gains des principaux indices occidentaux étaient généralement compris entre 1 et 2%, avec des pointes au-delà de 2% pour ceux dont l'effet de levier est notoirement supérieur, comme le Nasdaq américain. Grâce à quatre séances consécutives dans le vert, l'indice technologique a effacé la moitié de son mouvement de baisse de juin. Mais il va encore falloir cravacher pour améliorer le bilan 2022, qui est encore à -25,80%. On l'oublie parfois, mais il faut reprendre 34,8% pour annuler une baisse de 25,80%. Ce regain d'appétit s'accompagne de l'éternelle question : marque-t-il le début d'un mouvement d'ampleur ou est-ce un nouveau rebond en marché baissier ? Il y a déjà eu trois sursauts de ce type en 2022 : fin janvier, mi-mars et fin mai. Sans lendemain pour le moment.

J'essayais ce matin de placer un titre du genre "Bal tragique à Downing Street, 1 mort" après la chute de Boris Johnson, en référence au titre mythique d'Hara Kiri lors du décès du Général de Gaulle. Mais cela aurait été déplacé puisque l'ancien premier ministre japonais Shinzo Abe est dans un état critique après avoir été blessé par balle lors d'un discours ce matin. Ces deux événements n'ont bien sûr rien à voir, mais ils illustrent malgré tout l'agitation croissante qui règne dans la sphère politique. A Londres, la City n'a pas beaucoup réagi au départ prochain de BoJo : une partie des médias britanniques avait déjà mis sur la touche le fantasque premier ministre. Toutefois, la livre sterling a repris du poil de la bête, signe que l'entêtement de Johnson à s'accrocher à son poste était perçu comme une faiblesse politique pour le Royaume-Uni.

Plus globalement, les marchés financiers ont préféré s'enthousiasmer hier pour le feu vert que Pékin s'apprête à donner aux collectivités locales pour s'endetter à hauteur de l'équivalent de plus de 210 milliards d'euros pour lancer des projets d'infrastructure. Il est clair depuis des mois pour les investisseurs que la Chine a le potentiel de faire remonter d'un cran la confiance dans un réveil de la croissance mondiale. Pour autant, Pékin s'est gardé jusque-là de surjouer cette carte, pour des raisons politiques et parce qu'il fallait aussi gérer la recrudescence du coronavirus et la faiblesse structurelle du secteur immobilier. Les annonces concernant les levées de fonds des collectivités locales étaient attendues, mais leur concrétisation met un peu de baume au cœur des investisseurs.

En parallèle, le marché a légèrement amélioré son niveau de confiance dans la capacité des banques centrales à courber l'inflation sans faire trop de dégâts sur l'économie. Tout cela relève plus de la méthode Coué que d'une véritable analyse économique, tant les variables sont nombreuses, mais on connaît en bourse la puissance du moral des investisseurs. En attendant, le marché obligataire raconte toujours une histoire un peu plus complexe, avec des taux à 2 ans et à 5 ans légèrement supérieurs à ceux à 10 ans aux Etats-Unis, signe que la crainte d'une contraction économique est bien présente. Les résultats et les objectifs des entreprises qui vont commencer à être annoncés la semaine prochaine vont permettre de compléter le tableau. En particulier pour comprendre si les sociétés cotées, qui ont jusqu'à présent en grande majorité remarquablement bien résisté au choc inflationniste, sont confrontées à un choc de demande à cause de la frilosité des consommateurs et de l'assèchement de leurs porte-monnaie.

Pour patienter jusqu'à ces premiers chiffres, les financiers vont pouvoir interpréter le rapport sur l'emploi américain au mois de juin, qui sera publié à 14h30 aujourd'hui. Je l'écrivais plus tôt dans la semaine, le mot "récession" est sur toutes les lèvres, mais le chômage reste extrêmement faible des deux côtés de l'Atlantique. D'ailleurs, les entreprises n'arrivent pas à recruter. Nouvelle illustration en Allemagne hier où la compagnie aérienne nationale Deutsche Lufthansa est contrainte d'annuler des centaines de vols en pleine période estivale, faute de personnel. Avec un nouvel effet délétère : le transporteur ne commercialise plus que des sièges dans sa classe de réservation la plus chère pour le mois de juillet, ce qui ne fait rien pour arranger la hausse des prix. Mais où donc ont disparu les travailleurs ?

La semaine se termine en hausse en Asie Pacifique. Seule la Chine donne quelques signes de faiblesse en fin de parcours. Les indicateurs avancés sont légèrement baissiers en Europe et aux Etats-Unis, mais on sent, du moins en matinée, que les marchés tirent vers le haut. C'est mon collègue Jordan Dufee qui prendra la suite de la chronique quotidienne au cours des quinze prochains jours, le temps que je recharge mes batteries et que je renouvelle mon stock de blagues navrantes. Le CAC40 perd 0,1% à 6000 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Focus donc aujourd'hui sur les chiffres de l'emploi. Tout le monde  se fichera de la balance commerciale française, de la consommation des ménages japonais et des stocks des grossistes américains. Tout l'agenda macro ici.

Le dollar maintient la pression sur l'euro à 1,0145 USD pour 1 EUR. L'once d'or se stabilise autour de 1740 USD. Le pétrole se reprend, avec un Brent de Mer du Nord à 105,15 USD le baril et un brut léger américain WTI à 102,87 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans remonte à 2,98%, toujours sous le 5 ans et le 2 ans qui sont autour de 3%. Le bitcoin a rebondi à 22 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adecco : Oddo BHF passe de surperformance à conserver en visant 43 CHF.
  • Aker BP : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 407 NOK.
  • Atlas Copco : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 125 SEK.
  • Barratt Developments : Morgan Stanley reprend le suivi à pondération en ligne en visant 457 GBp.
  • Compagnie Financière Richemont : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 126 à 124 CHF.
  • EQT : Citigroup passe de neutre à vendre en visant 180 SEK.
  • Experian : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 3100 GBp.
  • Flatexdegiro : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 35 à 30 EUR.
  • Glencore : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 770 à 700 GBp.
  • Global Fashion Group : Baader Helvea passe d'acheter à accumuler en visant 1,60 EUR.
  • Hermès : Goldman Sachs reste à vendre avec un objectif relevé de 980 à 1015 EUR.
  • Holcim : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif de cours réduit de 50 à 44 CHF.
  • Leonardo : Oddo BHF passe de neutre à surperformance en visant 12,50 EUR.
  • LVMH : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif relevé de 675 à 700 EUR.
  • Melrose : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 155 GBp.
  • Persimmon : Morgan Stanley reprend le suivi à souspondérer en visant 1600 GBp.
  • Publicis : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 70 à 61 EUR.
  • Rexel : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 18 EUR.
  • Straumann : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 182 à 147 CHF.
  • Taylor Wimpey : Morgan Stanley reprend le suivi à souspondérer en visant 100 GBp.
  • U-Blox : Baader Helvea passe d'alléger à accumuler en visant 110 CHF.
  • Ubisoft : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 45 EUR.
  • Verbund : HSBC passe de conserver à acheter en visant 115 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Icade Santé et Saint-Gobain Glass innovent avec le premier verre bas carbone sur la Polyclinique du Parc à Caen.
  • La Française des Jeux se développe dans les services de paiement pour le grand public et pour les commerçants avec le projet d'acquisition d'Aleda.
  • Gaztransport & Technigaz reçoit une commande pour deux porte-conteneurs propulsés au GNL.
  • Nexans équipe le projet BorWin 6 de TenneT.
  • Aéroports de Paris choisit Lagardère Travel Retail comme associé dans la distribution en aéroports.
  • Le trafic de navettes passagers de Getlink a presque quadruplé sur un an en juin.
  • Eurazeo a cédé ses parts dans Orolia à Safran.
  • Réalités lève 35 M€ à 45 EUR l'action.
  • Olympique Lyonnais révise en baisse ses objectifs.
  • AST Groupe lance "La plateforme du Chantier" et digitalise le recrutement des artisans.
  • Inventiva a procédé au screening du premier patient dans l'essai de Phase IIa LEGEND avec la combinaison lanifibranor / empagliflozine chez des patients atteints de la NASH et de DT2.
  • Auplata cherche des sources de financement pour honorer ses obligations vis-à-vis de San Antonio Securities.
  • Séché, Vranken et Lacroix détachent leurs dividendes.
  • LDC, Emova, Ecomiam et Safe S.A. ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Elon Musk pourrait renoncer à Twitter à cause de l'incapacité du réseau à déterminer le nombre de faux comptes, selon le Washington Post.
  • Deutsche Lufthansa va encore massivement annuler des vols à cause du manque de main d'œuvre.
  • Elliott serait en train de bâtir une position dans Swedish Match, selon Bloomberg.
  • Public Eye dépose une dénonciation pénale contre UBS.
  • Essity achète 80% du fabricant canadien de vêtements étanches Knix Wear.
  • Le PDG de The Boeing Company évoque une possible annulation du B737MAX10.
  • SGS rachète Proderm.
  • Wisekey a achevé son programme de rachat d'actions.
  • Holcim se renforce en Roumanie.
  • KBC finalise l'acquisition des opérations bulgares de Raiffeisen Bank International.
  • AT&T, Intuit, Iberdrola, Micron, Indra détachent des dividendes.
  • Principales publications du jour : OMV, ICA GruppenTout l'agenda ici.

Lectures