En attendant l'arrivée des premiers résultats 2021 des sociétés cotées, il sera beaucoup question de macroéconomie dans les jours qui viennent sur les marchés boursiers. Enfin un peu plus que d'habitude, puisque nous croulons déjà sous les indicateurs sans toujours bien savoir comment ils parviennent à s'articuler entre eux. Va-t-on encore parler de la banque centrale américaine ? Bien sûr que oui. Son patron Jerome Powell et son bras droit Lael Brainard seront demain devant le sénat américain pour une audition préalable à leur nouveau mandat. Les économistes s'attendent à une confirmation du durcissement de la politique de l'institution sur les taux directeurs, surtout après les chiffres publiés vendredi sur le marché de l'emploi américain en décembre. Le taux de chômage est passé sous la barre des 4% tandis que les salaires ont continué à progresser. Il y a toujours plus de 10 millions de postes qui cherchent preneurs aux Etats-Unis. L'Amérique a des problèmes de riches, qu'elle ne parvient pas à régler par le simple jeu de l'offre et de la demande.

Le cocktail entre un marché du travail tendu et une inflation débridée force la Fed à relever ses taux pour éviter un dérapage incontrôlé, je crois que tout le monde l'a bien compris. La teneur de la hausse des prix à la consommation sera connue mercredi, mais tout porte à croire que les superlatifs seront encore au rendez-vous. L'inflation devrait avoir atteint 7% sur un an en décembre outre-Atlantique. Au jeu des pronostics, les marchés entrevoient désormais à 80% une première hausse de taux en mars, et à 70% une seconde en juin. Les stratèges de la banque d'affaires Goldman Sachs ont pour leur part cette nuit porté de trois à quatre le nombre de tour de vis qu'ils anticipent en 2022. "Nous continuons à voir des hausses en mars, juin et septembre, et nous avons maintenant ajouté une hausse en décembre", expliquent-ils. On appelle ça sortir d'artillerie lourde face à la flambée des prix.

J'en profite pour faire une parenthèse sur les trajectoires de taux pour répondre à la principale question que se pose n'importe quel investisseur : est-ce qu'il faut fuir en courant les actions quand les banques centrales serrent la vis à un rythme aussi élevé ? Comme souvent en économie, la réponse n'est pas binaire. Dans les faits, les périodes de hausse de taux ne sont pas forcément négatives pour les actions. Surtout lorsque le cycle démarre de taux très bas et qu'ils ne montent pas trop haut. Comme les taux n'ont jamais été aussi bas, cela suscite quelques espoirs. Les épisodes de resserrements monétaires compliqués ont coïncidé avec des niveaux de taux beaucoup plus élevés qu'actuellement et/ou avec des chocs économiques plus violents. Plus précisément, les actions se comportent plutôt bien quand les taux réels remontent. Les taux réels se calculent en déduisant les anticipations d'inflation des taux nominaux. Les tours de vis monétaires ne sont ainsi pas forcément une mauvaise nouvelle. Mais les investisseurs doivent s'adapter car la période est propice aux rotations sectorielles et aux changements de style d'investissement.

A cette actualité concentrée sur les taux et l'inflation, qui ne change pas beaucoup du quotidien des derniers mois me direz-vous, vient s'ajouter le retour des débats parlementaires sur le plan social de Joe Biden. Le projet "Build Back Better" censé être doté d'une enveloppe de 2 000 Mds$ avait subi un revers majeur en décembre quand l'influent démocrate Joe Manchin avait publiquement déclaré qu'il ne le soutiendrait pas. Les débats vont reprendre cette semaine. "Nous nous attendons à l'adoption d'une version plus réduite, mais le risque que rien ne passe augmente", souligne l'économiste Stephen Gallagher, de la Société Générale. Un plan plus restrictif, et a fortiori pas de plan du tout, pèserait en particulier sur la politique d'énergie verte de la Maison Blanche, sur la politique sociale… et sur la cote de popularité d'un Joe Biden qui manque cruellement de succès emblématiques depuis plusieurs mois.

Enfin, impossible cette semaine de passer sous silence les négociations entre Washington et Moscou autour de la situation à la frontière ukrainienne. Nul ne sait jusqu'où les protagonistes sont prêts à aller, mais la rhétorique guerrière est bien présente et l'Europe a l'air de jouer les seconds rôles, alors que c'est à ses portes que frappe la Russie. Les tensions géopolitiques contribuent à créer un climat de défiance en ce début d'année, après une première semaine boursière 2022 compliquée aux Etats-Unis.

Le CAC40 gagne 0,25% à 7240 points peu après l'ouverture. En Asie, le Hang Seng rebondit grâce à un sursaut de ses valeurs technologiques, tandis que la Bourse de Tokyo est fermée pour un jour férié.

Les temps forts économiques du jour

Deux statistiques aujourd'hui, le taux de chômage de la zone euro en novembre (11h00) et les stocks des grossistes américains de novembre (16h00).

L'euro recule légèrement après être remonté à 1,1335 USD. L'or stagne à 1792 USD, pendant que le pétrole reste ferme à 81,86 USD le baril de Brent et 79 USD le baril WTI. Le rendement de la dette américaine progresse de quatre points à 1,76%, tandis que celui du Bund allemand s'établit à -0,05%. Le bitcoin reprend quelques couleurs à 42 166 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adidas : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 280 EUR.
  • Aixtron : Oddo BHF passe de neutre à surperformance environ 26 EUR.
  • Aviva : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 425 à 435 GBp.
  • BASF : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 70 à 72 EUR.
  • Bilendi : Midcap Partners reste acheteur avec un objectif relevé de 25 à 39 EUR.
  • BMW : Goldman Sachs passe de neutre à achat en visant 123 EUR.
  • Bureau Veritas : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne.
  • Compagnie Financière Richemont : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 152 à 169 CHF.
  • Compleo Charging Solutions : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 105 à 100 EUR.
  • E.ON : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 13,25 EUR.
  • Electrocomponents : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1500 à 1520 GBp.
  • Eurofins : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 100 EUR.
  • Flughafen Zürich : UBS passe de neutre à achat en visant 198 CHF.
  • Ipsen : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif abaissé de 107,22 à 96,40 EUR.
  • JCDecaux : Exane BNP Paribas passe de neutre à sousperformance en visant 20 EUR.
  • National Grid : Bernstein passe de surperformance à performance de marché en visant 1105 GBp.
  • Novartis : Citigroup reprend le suivi à l'achat en visant 95 CHF.
  • Orsted : Goldman Sachs passe de neutre à achat en visant 995 DKK.
  • Schneider Electric : Citigroup passe de neutre à vendre.
  • SoftwareONE : UBS réduit son objectif de cours de 25,20 à 20,80 EUR.
  • STMicroelectronics : Citigroup passe de neutre à acheter.
  • The Swatch Group : UBS reste neutre avec un objectif de cours relevé de 254 à 299 CHF.
  • UCB : Citigroup passe d'acheter à neutre en visant 97 EUR.
  • Unilever : Citigroup reprend le suivi à l'achat en visant 4500 GBp.
  • Vetropack : Stifel passe d'acheter à conserver en visant 63 CHF.
  • WPP : Exane BNP Paribas passe de sousperformance à neutre en visant 1060 GBp.
  • Zur Rose : Jefferies reste à l'achat avec un objectif réduit de 571 à 515 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Veolia réussit son OPA sur Suez en détenant 86,22% du capital à l'issue de la période initiale de l'offre.
  • Sodexo va acquérir le groupe américain Frontline Food Services.
  • Bruno Le Maire favorable à Christel Heydemann pour succéder à Stéphane Richard chez Orange.
  • Atos lance un avertissement sur ses bénéfices.
  • SEB émet un nouveau Schuldschein de 350 M€.
  • Covivio acquiert un portefeuille de 640 logements à Berlin pour 154 M€.
  • Neoen et Prokon signent avec Equinix un PPA d'au moins 30 MW d'énergie éolienne en Finlande.
  • CGG prévoit un chiffre d'affaires des activités "autour de 941 M$" en 2021.
  • Europlasma reprend l'usine Luxfer de Gerzat.
  • Amoeba reporte l'émission de la 4e tranche de son OCA, sans dire pourquoi.
  • L'option de surallocation de l'opération Toosla exercée en totalité.
  • Alan Allman réalise une augmentation de capital réservée à de nouveaux actionnaires, pour une dilution de l'ordre de 0,5%.
  • Audacia acquiert un immeuble à Reims.
  • Cogra et Nanobiotix ont publié des chiffres et/ou des prévisions.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • Alcon finalise l'acquisition du californien Ivantis.
  • Départ du directeur de la communication de Meta Platforms (ex-Facebook).
  • Shockwave Medical pourrait être racheté, selon Bloomberg.
  • Novartis acquiert sous licence l'ensovibep, traitement de COVID-19, auprès de Molecular Partners.
  • Goldman Sachs et Morgan Stanley seraient les banques conseil retenues pour l'IPO de Reddit.
  • BPER relève son offre sur Banca Carige.
  • Un groupe d'administrateurs de Telecom Italia, dont Vivendi, a demandé au président de la société de convoquer une réunion spéciale pour nommer un nouvel administrateur délégué.
  • Idorsia obtient l'homologation de daridorexant aux Etats-Unis.
  • Xlife Sciences confirme sa volonté d'être coté à la Bourse suisse.
  • Principales publications de résultats : Taiwan Semiconductor, Tilray

Lectures