PARIS, 23 mai (Reuters) - L'ancien Premier ministre français Manuel Valls, exilé à Barcelone dont il brigue la mairie, dresse jeudi dans L'Obs un réquisitoire sévère contre l'ex-président François Hollande, élu selon lui "sur un malentendu" en 2012.

Après deux ans à Matignon, Manuel Valls a échoué à la primaire du Parti socialiste début 2017 avant de se rapprocher d'Emmanuel Macron. En octobre dernier, il a dit adieu à la politique française, abandonnant notamment son mandat de député de l'Essonne, pour rejoindre l'Espagne, où il dit avoir "retrouvé de l'air".

"Je suis quelqu'un qui encaisse, mais les cinq années de pouvoir ont été redoutables. Je n’en pouvais plus. Le PS était mort. François a été élu sur un malentendu. Il fallait tout péter, tout casser. Il ne l’a pas fait. Au fond, dès l’automne 2012, il ne pouvait plus se représenter", dit-il.

En décembre 2016, au terme d'un quinquennat marqué par l'impopularité et l'indiscipline de son camp, François Hollande a renoncé à briguer un second mandat. "En 2014, quand je deviens Premier ministre, je découvre un groupe socialiste déprimé, divisé", se souvient Manuel Valls, qui dit avoir constaté l'ampleur des dégâts lors de la campagne pour les élections européennes de ce printemps-là.

"J’ai dit 'le PS est mort', le parti, pas les valeurs. Je n’étais pas loin de la vérité", raconte-t-il. "Je n’en pouvais plus. A la fin, beaucoup n’en pouvaient plus. C’est pour ça que ça s’est effondré."

Candidat à la mairie de Barcelone où il est soutenu par le parti Ciudadanos, Manuel Valls a peu de chances, aux dires des sondages, d'être élu lors du scrutin qui a lieu dimanche.

En France, le Parti socialiste à est terre depuis les élections perdues du printemps 2017, où son candidat Benoît Hamon a recueilli à peine plus de 6% des voix à la présidentielle.

Pour les élections européennes de dimanche prochain, le PS, allié à Place publique, n'est pas certain de franchir la barre des 5% nécessaires pour envoyer des députés à Strasbourg, ce qui constituerait un revers historique.

Dans un entretien accordé cette semaine à plusieurs journaux de la presse européenne, François Hollande, qui votera dimanche "pour la liste socialiste", invite son camp à s'adresser à un électorat qui s'est perdu "dans l’abstention, dans la dispersion."

"Des gens nouveaux sont nécessaires pour poursuivre le combat pour l’égalité et la justice. En France il y a un électorat socialiste qui va bien au-delà de 6% ! Si on l’appelle, il se mobilise...", dit-il.

"Allons le rechercher. Cette situation n’est pas nouvelle dans l’histoire de la Ve République. C'est ainsi que François Mitterrand a refondé le PS à partir de morceaux épars", ajoute-t-il à propos de son prédécesseur, qui avait refondé le PS lors du congrès d'Epinay de 1971, dix ans avant d'être élu président de la République. (Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)