L'administration Trump a procédé à l'expulsion vers le Soudan du Sud de huit migrants qui avaient été détenus pendant plus d'un mois par les États-Unis sur une base militaire à Djibouti, a annoncé samedi le Département de la Sécurité intérieure. Cette décision intervient après l'échec d'une ultime tentative des migrants pour empêcher leur transfert vers ce pays politiquement instable.

Les hommes ont été expulsés vendredi, jour de la fête nationale américaine du 4 juillet, a précisé la secrétaire adjointe Tricia McLaughlin dans un communiqué de presse.

« C'est une victoire pour l'État de droit, la sécurité et la sûreté du peuple américain », a déclaré Mme McLaughlin.

Un avion transportant les expulsés américains est arrivé au Soudan du Sud samedi, selon deux responsables travaillant à l'aéroport de Juba.

Un membre du personnel aéroportuaire, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a indiqué à Reuters avoir vu un document attestant que l'appareil « est arrivé ce matin à 6h00 » (04h00 GMT). Un responsable de l'immigration a également confirmé l'arrivée des expulsés dans le pays, sans fournir de détails supplémentaires et renvoyant toute question à l'agence nationale de renseignement et de sécurité.

Plus tôt, une source gouvernementale sud-soudanaise avait indiqué que des responsables américains étaient présents à l'aéroport dans l'attente de l'arrivée des migrants.

Le sort de ces migrants était devenu un point de tension dans le débat sur la légalité de la politique de l'administration Trump visant à dissuader l'immigration par des expulsions très médiatisées vers des « pays tiers » où les migrants affirment craindre pour leur sécurité. Cette politique a déjà fait l'objet de deux passages devant la Cour suprême après avoir été contestée devant des juridictions inférieures.

Le Soudan du Sud demeure depuis longtemps un pays dangereux, même pour sa propre population. Le Département d'État américain déconseille à ses citoyens de s'y rendre en raison de la criminalité violente et des conflits armés. Les Nations unies ont averti que la crise politique dans ce pays africain pourrait rallumer une guerre civile brutale, officiellement terminée en 2018.

Les huit hommes, originaires selon leurs avocats de Cuba, du Laos, du Mexique, du Myanmar, du Soudan et du Vietnam, soutenaient que leur expulsion vers le Soudan du Sud constituerait une violation de la Constitution américaine, qui interdit les peines cruelles et inhabituelles.

Ils étaient détenus par les autorités américaines à Djibouti depuis qu'un juge fédéral de Boston avait bloqué, en mai, leur transfert immédiat vers le Soudan du Sud, invoquant des préoccupations liées au respect de la procédure régulière.

Après de nouveaux recours en justice, la Cour suprême a donné raison jeudi à l'administration, levant les restrictions précédentes.

Deux tribunaux ont examiné en urgence les requêtes des avocats des migrants vendredi, alors que les juridictions étaient normalement fermées pour la fête nationale. Finalement, le juge fédéral Brian Murphy à Boston a estimé que l'arrêt de la Cour suprême l'obligeait à rejeter leur demande, ouvrant ainsi la voie à leur expulsion.

Le lieu où se trouvent les hommes au Soudan du Sud après leur arrivée n'était pas immédiatement connu.