Performances annuelles du fonds IDAM Small Euro C depuis sa création, au 15/2/2023 (le fonds n’a pas d’indice de référence)

Louis Albert, pouvez-vous nous présenter votre équipe de gestion ainsi que le profil du fonds ?

"IDAM est une petite société de gestion entrepreneurial qui exerce depuis 2017. Notre équipe de gestion, constituée de 5 gérants-analystes, possède une expertise solide et spécifique sur les petites et moyennes valeurs en France et en Europe. Nous sommes convaincus que la croissance économique est toujours portée par celle des PME et ETI. Après avoir repris la gestion du fonds IDAM Small France, nous avons lancé le fonds IDAM Small Euro il y a cinq ans. Après une première année 2018 compliquée pour les petites valeurs où le fonds était à 90% investi sur la France, nous avons remonté la pente en 2019 et surtout en 2020 avec de beaux succès sur les valeurs d’énergie verte et semi-conducteurs. La performance du fonds, bien meilleure depuis trois ans, a été en particulier tirée par de belles plus-values sur des valeurs comme Solaria, Encavis, SRP Group, Aeffe ou encore Artefact. Sur les cinq premières années, notre durée de détention moyenne s’élève à 1.5 années : nous ajustons régulièrement nos scénarios sur chaque valeur et ajustons les pondérations en permanence en visant l’équipondération de notre cinquantaine de valeurs en portefeuille.  Notre capitalisation médiane est de 650 M€, ce qui montre à la fois notre cœur de cible, les capitalisations comprises entre 500 M€ et 1 milliard, et notre capacité à gérer davantage. En effet, l’encours du fonds n’est aujourd’hui que de 3.3 M€ et notre processus de gestion serait transposable avec un fonds dépassant les 200 M€."

Profil du fonds IDAM Small Euro (source : IDAM)

Comment sélectionnez-vous les valeurs du portefeuille ?

"Notre stratégie est communément qualifiée de GARP : nous apprécions les sociétés dont la sous-valorisation est manifeste, dont la rentabilité est satisfaisante et le management de qualité. L’équipe de gestion s’appuie pour cela sur des filtres quantitatifs d’aide à la décision appliqués à 2400 sociétés dont 600 françaises sur lesquelles Bloomberg détient des estimations d’analystes et sur des contacts réguliers avec le top management des sociétés dans le fonds est, ou pourrait être actionnaire. Nous nous appuyons également sur des courtiers dans chaque pays européen que nous investiguons. Quantitativement, nous sommes très attentifs à la génération de flux de trésorerie des entreprises (Free Cash Flow yield), à leur niveau d’endettement et à leurs perspectives de croissance. Nous sommes très attentifs au management du risque du portefeuille. Nous veillons à la bonne diversification de celui-ci dans son ensemble (exposition géographique, sectorielle, profil des valeurs…) et recalculons, à chaque publication, le rapport potentiel de hausse/risque des valeurs en portefeuille tout en limitant leur pondération à 2.5 voire 3% maximum."

Processus de gestion du fonds (Source : IDAM)

A quels arbitrages avez-vous procédé ces derniers mois ?

" Nous avons récemment allégé l’équipementier télécom français Ekinops qui a beaucoup progressé, tout comme l’industriel français Exel Industrie que nous avions entré en portefeuille cet été alors que sa valorisation était insensée. Les nouvelles vont rester bonnes sur ces sociétés, mais le potentiel de revalorisation est devenu moins évident. Nous avons préféré sortir de Streamwide fin 2022, craignant que la croissance ne soit pas aussi bonne que prévue cette année encore. Nous sommes également sortis de Elmos Semiconducteur, un fournisseur de puces à destination du secteur automobile. Le risque sur la valorisation, devenue tendue, nous a poussé à sortir cette ligne en considérant que le niveau de marge élevé finirait par se normaliser. Enfin, nous avons vendu Technip Energie que nous avons arbitré en faveur de Vallourec qui vient d’être recapitalisée et dont la valorisation nous parait injustement décotée par rapport à son comparable italien Tenaris. Nous avons également acheté l’acteur belge de la santé Fagron à la suite d’un petit accident de parcours. Nous apprécions également Bastide dans ce secteur de la santé qui, au même titre que la défense, pourrait amortir les chocs en cas d’accélération du ralentissement économique. "

Des gérants très regardants sur la valorisation des entreprises en portefeuille

Pouvez-vous citer deux titres offrant un des meilleurs rapports risque/potentiel de hausse ? Quel est leur point faible ou la menace à surveiller ?

"Fagron et Mincon. Fagron est le leader mondial de la préparation magistrale à destination des pharmaciens. La société a subi cette année la réception d’un « warning letter » de la part de la FDA puis a déçu sur sa croissance organique lors du troisième trimestre après un exercice déjà décevant sur la marge en 2021. Tout ceci a fait sortir beaucoup d’investisseurs qui ont perdu patience au fur et à mesure sur le dossier. Nous pensons premièrement que la sanction est trop forte sur le cours même si la société ne revenait pas sur ses anciens standards de marge/croissance et qu’elle devrait se valoriser plus chère, deuxièmement qu’il y a quand même une forte probabilité qu’elle revienne sur ses standards et que dans ce cas, le potentiel de hausse est beaucoup plus important. Enfin, nous pensons que la société bénéficie d’une activité très défensive en cas de retournement économique. Quant à Mincon, il s’agit d’une petite société irlandaise qui fournit des équipements à destination des exploitants miniers principalement mais aussi pour certains types de travaux/construction ainsi que des exploitants Oil & Gas pour tout ce qui est forage. Ces trois débouchés sectoriels ont de beaux jours devant eux avec un sous-investissement notable ces dix dernières années des exploitants miniers. Nous tablons sur le fait que la transition écologique va nécessairement passer par plus d’investissement de ce côté-là. Sur le Oil & Gas, les sous-investissements des dernières années vont également devoir se combler peu à peu et sur l’exposition travaux, la hausse des dépenses public dans les pays de l’OCDE devrait être importante à l’avenir. La société est une des rares small cap européennes pour s’exposer à ces secteurs et reste moins chère que les gros mastodontes comme Epiroc. Si les marges ont baissé en 2022 avec la hausse des matières premières, elles vont peu à peu remonter et la croissance du chiffre d’affaires devrait se maintenir à un niveau important. Le point faible de ces deux valeurs est le temps que la revalorisation pourrait prendre en cas de moins bonnes publications pour Fagron et en raison d’un faible nombre de publications par an pour Mincon."

Le fonds surperforme sa catégorie sur cinq ans. Source : Quantalys