Grosso modo, il faut comprendre que les investisseurs ont reçu des indices allant dans le sens de leur synopsis préféré : la banque centrale américaine reprend le contrôle de l'inflation en faisant plafonner ses taux directeurs à 5% en juin 2023, sans détruire totalement la croissance économique. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour eux ça veut dire beaucoup. Bon, en réalité ça se joue quand même un peu sur des détails et je vais essayer de vous expliquer ça. Le point central à retenir, c'est que le truc qui ferait vibrer les investisseurs, c'est que la banque centrale américaine mette un terme à son cycle de resserrement monétaire. Parce que cela signifierait que les conditions économiques sont plus prévisibles et qu'à partir de ce moment-là, le coût de l'argent va se stabiliser et commencera à avoir plus de chances de baisser que de monter.

Pour que la Fed arrête de serrer la vis, il faut que deux ingrédients principaux soient réunis :

  • Une inflation qui ralentit. Ça a l'air OK, après plusieurs statistiques en ce sens.
  • Une activité économique aux Etats-Unis qui donne suffisamment de signes de faiblesse pour contribuer à éviter que l'inflation ne s'emballe à nouveau. Là, c'est plus fluctuant : chez les Yankees, les indicateurs d'activité dans l'industrie et les services sont sous pression, mais la consommation des ménages est encore robuste et le marché du travail est toujours en surchauffe.

Mais vendredi, trois indicateurs sont venus alimenter le second point précité, en particulier le rapport sur l'emploi en décembre. Bon, à première vue, avec des créations de postes en hausse et un chômage qui a reculé de 3,7 à 3,5%, ça n'avait pas l'air gagné. C'est là où ça devient subtil. En creusant un peu, les économistes ont décelé des éléments qui tendent à démontrer qu'une inflexion est en cours. Le travail temporaire souffre (les entreprises se séparent de leurs travailleurs précaires quand elles sentent que le vent tourne) et la progression des salaires s'atténue. En réalité, le rapport sur l'emploi a reçu un accueil mitigé, parce que le maintien d'un taux de chômage au plancher n'est pas spécialement un super-indicateur de ralentissement économique. Mais il a été suivi d'un indice d'activité dans les services (ISM des services) en chute libre, et d'une chute des commandes d'usines (même si cet indicateur est considéré comme secondaire par Wall Street).

Je vous ai peut-être perdu en route. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que le marché pense que la Fed n'aura pas à aller beaucoup plus loin dans ses hausses de taux pour courber l'inflation et reprendre une politique plus souple. C'est aussi ce que dit le marché obligataire, où le rendement de la dette à 10 ans a chuté à 3,56%. Et le marché des changes, qui a vu le dollar prendre un bel uppercut. Cette narration a contribué à faire gagner plus de 2% vendredi soir au S&P500, au Dow Jones et au Nasdaq. Pour la renforcer, il y aura jeudi les chiffres de l'inflation américaine de décembre. Mais attention quand même, le patron de la Fed Jerome Powell aura éventuellement l'occasion de recentrer les débats lors d'une allocution prévue mardi. On sait que la banque centrale a cherché récemment à calmer l'appétit des investisseurs pour les actifs à risque. Le message de Powell aura du poids.  

Au final, la première semaine boursière de 2023 s'est soldée par des gains de 1,45% pour le S&P500 et de 4,6% pour son pendant européen, le Stoxx Europe 600. De ce côté-ci de l'Atlantique, une salve de chiffres d'inflation plus faibles que prévu et la chute du prix de l'énergie, conséquence d'un hiver affreusement doux, ont galvanisé les troupes.

On passe à quelques informations à retenir pour démarrer la semaine :

  • Au Brésil, des dizaines de milliers de partisans de Jair Bolsonaro ont occupé et dégradé plusieurs bâtiments officiels majeurs à Brasilia, pour protester contre l'élection de Lula. J'imagine que la mise à sac de parlements dans les démocraties n'est pas un signe très positif.
  • Aux Etats-Unis, le républicain Kevin McCarthy a finalement été élu speaker de la Chambre des représentants après 15 tours de scrutin, à cause de l'opposition de l'aile dure de son propre camp. Manifestement au prix de pas mal de concessions.
  • Les Chinois peuvent à nouveau voyager, après l'allègement spectaculaire des restrictions intérieures liées au covid. Les optimistes y voient une belle occasion pour le commerce international. Les pessimistes un nouveau brassage pandémique potentiel.
  • Les premières publications trimestrielles se profilent déjà avec Sika (mercredi) et Tesco (jeudi) en Europe. Aux Etats-Unis, c'est la séance du vendredi 13 janvier qui concentrera les annonces, avec JPMorgan Chase, UnitedHealth, Bank of America, Wells Fargo, BlackRock, Citigroup et Delta Air Lines.
  • Le marché japonais est fermé pour un jour férié.

Les marchés d'Asie-Pacifique sont en hausse ce matin, dans le sillage des gains affichés à Wall Street vendredi. Shanghai prend 0,8%, Hong-Kong s'adjuge 1,8%, Séoul s'envole de 2,6% et Bombay de 1,5%. C'est plus mesuré en Australie où l'ASX a clôturé en hausse de 0,6%. Les indicateurs avancés européens sont orientés vers un démarrage en hausse. Le CAC40 a démarré la séance en hausse modeste à 6857 points.

Les temps forts économiques du jour

Pas de gros indicateur en vue aujourd'hui, même s'il faudra suivra la production industrielle allemande (8h00) et les taux de chômage européen (11h00). Tout l'agenda ici.

L'euro se renforce à 1,0677 USD. L'once d'or remonte à 1877 USD. Le pétrole est ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 79,50 USD le baril et un brut léger américain WTI à 74,93 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans a reculé à 3,56%. Le bitcoin est remonté autour de 17 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adyen : KeyBanc passe de surpondérer à pondération en ligne.
  • BT Group : Citigroup passe de neutre à acheter en visant 160 GBp.
  • Byggfakta : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 45 à 52 SEK.
  • Compagnie Financière Richemont : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 146 à 154 CHF.
  • Ericsson : Handelsbanken passe d'acheter à conserver.
  • Geberit : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 466 CHF.
  • Getlink : Société Générale passe de vendre à conserver en visant 16,50 EUR.
  • Knorr-Bremse : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 68 EUR.
  • Koné : Deutsche Bank passe de conserver à vendre en visant 42 EUR.
  • Lonza : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 675 à 575 CHF.
  • Mondi : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1750 à 1730 GBp.
  • OC Oerlikon : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 10,20 à 9,40 EUR.
  • Permanent TSB : KBW passe de performance de marché à surperformance en visant 3 EUR.
  • Rathbones : Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 1720 GBp.
  • Renault : Citigroup passe d'acheter à neutre en visant 39 EUR.
  • Sodexo : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 88 à 96 EUR.
  • Solaria Energia : Goldman Sachs passe de neutre à acheter en visant 22,50 EUR.
  • SUSE : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 20 à 21 EUR.
  • Swatch Group : UBS reste neutre avec un objectif de cours relevé de 233 à 287 CHF.
  • TotalEnergies : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 73 EUR.
  • YouGov : HSBC démarre le suivi à l'achat en visant 1225 GBp.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Orange et Canal+ (Vivendi) ont conclu un protocole d'accord en vue de l'acquisition d'OCS et Orange Studio par Canal+.
  • Bernard Charlès devient PDG de Dassault Systèmes, secondé par Pascal Daloz comme DGD.
  • TotalEnergies va baisser les prix de l'énergie pour les petites entreprises après la demande de l'Elysée.
  • Hermès renforce sa présence à Nanjing.
  • Stellantis signe un accord avec Element 25 Limited pour l'approvisionnement en sulfate de manganèse des batteries de véhicules électriques.
  • Danone a été assignée en justice en France par des ONG pour pollution au plastique.
  • Bbpifrance prend plus de 5% d'Elis.
  • Euroapi investit 40 M€ dans la production de vitamine B12 en Normandie.
  • Ipsen rachète la biotech américaine Albireo pour 952 M$.
  • Nicox veut passer sur Euronext Growth.
  • CGG démarre le projet de retraitement de 7,700 km2 de données sismiques publiques de Foz do Amazonas.
  • Groupe Airwell émet 5 M€ d'obligations 2028 au profit de Delta AM via le fonds France Economie Réelle.
  • Lysogène demande sa mise en redressement judiciaire.
  • Crossject signe 14 M€ de prêts bancaires.
  • Figeac Aero et Cogra ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Eisai et Biogen ont reçu une autorisation accélérée de mise sur le marché américain pour leur traitement de la maladie d'Alzheimer, au coût annuel de 26 500 USD.
  • Goldman Sachs va supprimer environ 3 200 emplois cette semaine dans le cadre d'un programme de restructuration, selon Bloomberg.
  • Qatar Energy et Chevron s'associent dans une usine pétrochimique à 6 Mds$.
  • Stora Enso a conclu l'acquisition du groupe De Jong Packaging pour 1,02 Md€.
  • Silchester devient le troisième actionnaire de WPP et pourrait demander le retrait du président du conseil d'administration.
  • Alibaba prévoit d'investir 1 Md$ en Turquie.
  • La FDA signale l'inefficacité potentielle du médicament COVID-19 d'AstraZeneca contre le nouveau sous-variant Omicron. AstraZeneca qui rachète CinCor Pharma pour 1,8 Md$.
  • Le PDG de Sartorius AG s'attend à moins d'ouverture technologique avec la Chine.
  • Autoneum rachète Borgers pour 117 M€.
  • Qiagen acquiert Verogen pour 150 M$.
  • Otsuka et Lundbeck obtient un examen prioritaire FDA pour le Brexpiprazole pour le traitement de l'agitation associée à la démence Alzheimer.
  • Macy's estime que ses revenus du T4 2022 sont dans le bas de fourchette des prévisions.
  • Jack Ma ne contrôle plus Ant Group.
  • Oracle, Verizon, AT&T, Intuit, Repsol, Equinor et Barry Callebaut détachent des dividendes.
  • Principales publications du jour : Jefferies Financial, TilrayTout l'agenda ici.

Lectures