WASHINGTON, 15 novembre (Reuters) - La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a affirmé jeudi que Donald Trump avait déjà reconnu des actes de corruption dans l'affaire ukrainienne, au coeur de l'enquête pour destitution ("impeachment") visant le président républicain.

"La corruption consiste à accorder ou suspendre une aide militaire en échange d'une déclaration publique concernant une fausse enquête sur les élections", a déclaré Nancy Pelosi lors d'une conférence de presse au lendemain du début des auditions publiques au Congrès américain dans le cadre de l'enquête préalable à une éventuelle procédure de destitution.

Selon elle, les faits reprochés au président républicain Richard Nixon, visé par une enquête pour destitution en 1974, apparaissent "presque petits" à côté des agissements de Trump.

Les démocrates à la Chambre cherchent à déterminer si Donald Trump a demandé une contrepartie à Kiev pour les 391 millions de dollars d'aide destinés à faire face aux séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine - une aide provisoirement suspendue par le président républicain malgré son approbation au Congrès.

Donald Trump réfute ces accusations.

William Taylor, ancien ambassadeur en Ukraine qui est désormais chargé d'affaires à Kiev, et George Kent, secrétaire d'Etat adjoint chargé des affaires européennes et eurasiennes, ont été entendus mercredi. Une autre figure centrale de cette affaire, Marie Yovanovitch, qui a été limogée en mai dernier de son poste d'ambassadrice en Ukraine, sera entendue vendredi.

L'enquête des démocrates menace la présidence de Trump alors qu'il est candidat à sa réélection en novembre 2020. Si l'impeachment franchit l'obstacle de la Chambre - la majorité simple suffit pour cela -, un procès de déroulera alors au Sénat, où les républicains sont majoritaires et où la majorité qualifiée des deux tiers est nécessaire.

Les déclarations de Pelosi offrent un aperçu des articles de la procédure d'impeachment que les démocrates pourraient mettre en avant.

Lors de sa conférence de presse, la présidente de la Chambre a déclaré que l'administration Trump avait fait "obstruction au Congrès" en bloquant les témoignages de responsables qui avaient été assignés à comparaître par la Chambre.

Selon la Constitution, la "trahison, la corruption ou d'autres crimes et délits graves" peuvent mener à une destitution. Les démocrates ont commencé à utiliser les mots corruption ou tentative de corruption pour qualifier les actes de Trump. (Patricia Zengerle, Karen Freifeld et Richard Cowan; Arthur Connan pour le service français)