Le marché américain a été secoué hier par les projets de Joe Biden sur la fiscalité. Alors qu'ils évoluaient autour de l'équilibre, les indices ont décroché à 19h00 après un article de Bloomberg laissant fuiter des informations sur les intentions du président des Etats-Unis. Le Dow Jones, le S&P 500 et le Nasdaq 100 ont perdu environ 1 %. On ne parle pas d'un décrochage de 3 ou 4 %, mais le mouvement a quand même été brutal en séance.

Il faut dire qu'il n'y va pas avec le dos de la cuillère, Joe Biden, en proposant presque un doublement de l'impôt sur les plus-values, qui atteindrait 39,6 %, et même 43,4 % en tenant compte des surtaxes déjà en place. Il convient toutefois de préciser que ce taux ne s'appliquerait qu'aux particuliers qui disposent d'un revenu annuel dépassant 1 million de dollars. D'autres rumeurs parues par la suite ont laissé entendre que cette manne serait consacrée en priorité à l'éducation et plus largement aux services à l'enfance.

Une annonce officielle est prévue la semaine prochaine. Si j'étais un membre de l'administration américaine, j'aurais probablement laissé filtrer quelques informations pour tester l'impact de ma future potion sur le public et les marchés financiers. La fuite contrôlée fait partie des outils de l'arsenal politique. Vous aurez noté que personne ne m'a appelé à Washington, ce qui explique que je continue à vous alimenter en points de marché tous les matins.

Ce tour de vis fiscal, pour l'instant hypothétique, a été perçu comme pouvant porter atteinte à la valorisation de certains compartiments un peu rock'n'roll du marché, ce qui explique les baisses prononcées de certaines valeurs technologiques ou des cryptomonnaies. Bon, encore faudra-t-il réussir à faire passer à la caisse les nouveau crypto-crésus, ce qui ne sera pas une mince affaire.

L'alourdissement de l'impôt aux États-Unis est loin d'être une surprise, mais il y a un monde entre discuter de cette éventualité et l'officialiser. Pour autant, on ne peut pas appeler les autorités à la rescousse à chaque crise économique, leur demander de déverser des tombereaux de fonds public, réaliser de grosses plus-values sur les marchés financiers et laisser à d'autres le soin d'éponger les dettes. Enfin si on peut, ça s'est vu il y a une douzaine d'années. L'administration Biden parviendra-t-elle à faire mieux cette fois ? Ça reste à prouver. En tout cas cette offensive fiscale préfigure probablement ce qui va se passer en Europe dans les mois à venir.

Cet épisode en ferait presque oublier les engagements pris par les Etats-Unis contre le réchauffement climatique hier. La Maison Blanche a prévu de réduire de plus de 50% les émissions de CO2 du pays par rapport à 2005 d'ici 2030, en vue d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Le plan prévoit aussi des mesures de soutien financier aux pays en développement qui veulent s'engager sur cette voie eux aussi. D'autres pays majeurs ont renforcé leurs engagements, même le Brésil. Greta Thunberg trouve que c'est insuffisant mais le WWF a salué "un nouveau souffle". Sur les marchés, les acteurs de la transition écologique, passés de mode depuis quelques semaines, ont pris leur revanche : les fournisseurs d'éoliennes Vestas et Siemens Gamesa, les spécialistes de l'hydrogène NEL et Scatec ou les exploitants de parcs de production ENR comme EDP Renovaveis et Orsted ont gagné plus de 5 %. Même les anciens chouchous de la cote française Neoen et McPhy ont rebondi.

Au milieu de cette actualité, la réunion de la BCE qui s'est tenue hier a apporté peu d'éléments, comme cela était anticipé. Christine Lagarde s'est employée à expliquer qu'il n'y a pas lieu de débattre, pour l'instant, de la façon dont son organisation va réduire la voilure sur le PEPP, le plan de rachat d'actifs mis en place pour compenser les effets de la pandémie. La BCE a malgré tout laissé entendre que les données disponibles pointent vers une reprise économique, même si les signaux de très court terme sont encore faibles. Comme le pressentaient les économistes, la prochaine réunion, prévue le 10 juin, devrait être plus riche en indications.

La séance du jour est encore dominée par les publications d'entreprises, nombreuses depuis hier soir en Europe. Ce matin, Air Liquide, LafargeHolcim et Daimler sont de la partie, en attendant Honeywell et American Express aux Etats-Unis. Le CAC40 perd 0,14% à 6258 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

La principale publication macro-économique de la séance concerne de nombreux pays, puisqu'il s'agit des indicateurs PMI d'avril des grandes économies, toujours très suivis puisqu'ils donnent une bonne indication du moral des directeurs d'achat d'entreprises dans les différentes régions de la planète. A suivre notamment l'Europe en matinée et les Etats-Unis à 15h45. Outre-Atlantique, les chiffres de l'immobilier neuf sont également attendus à 16h00.

L'euro et le dollar se neutralisent à 1,2022 USD. L'once d'or évolue autour de 1790 USD. Le pétrole baisse légèrement, à 61,77 USD le brut léger américain WTI et à 65,66 USD le Brent de mer du Nord. Le rendement de la dette américaine atteint 1,56 % sur 10 ans, quasiment inchangé. Le Bitcoin est passé juste sous la barre des 50 000 USD tôt ce matin.

Les principaux changements de recommandations

  • AB Volvo : RBC reste neutre avec un objectif de cours qui remonte de 236 à 238 SEK.
  • Assicurazioni Generali : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 15,50 à 16,50 EUR.
  • Boiron : Société Générale passe de conserver à vendre en visant 35 EUR.
  • Clarkson : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 3428 GBp.
  • Compagnie Financière Richemont : Morgan Stanley relève son objectif de cours de 100 à 108 CHF.
  • Covivio : AlphaValue reste à la vente avec un objectif de cours ajusté de 64,50 à 63,70 EUR.
  • Damartex : Portzamparc reste à acheter avec un objectif de cours relevé de 19 à 22 EUR.
  • Dätwyler : Credit Suisse relève son objectif de cours de 293 à 329 CHF.
  • EQT : Seb Equities passe d'acheter à conserver en visant 302 SEK.
  • Ericsson : Liberum reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 120 à 140 SEK.
  • Flow Traders : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 36 à 40 EUR.
  • Groupe Guillin : Midcap Partners passe d'achat à neutre en visant 27,70 EUR.
  • Hapag-Lloyd : Goldman Sachs reste vendeur avec un objectif de cours relevé de 56 à 64 EUR.
  • Hermès : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 1222 EUR.
  • Ipsos : Portzamparc reste à acheter avec un objectif de cours relevé de 35 à 41 EUR.
  • Mint : GreenSome Finance reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 10,80 à 11,23 EUR.
  • Nestlé : RBC reste neutre avec un objectif de cours relevé de 96 à 102 CHF. Baader Helvea reste à accumuler avec un objectif de cours relevé de 110 à 115 CHF.
  • Pernod Ricard : Credit Suisse reste neutre avec un objectif de cours relevé de 172 à 183 EUR. Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 180 à 200 EUR.
  • Proximus : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 13,10 à 13,60 EUR.
  • Renault : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 41 à 42 EUR.
  • SAP SE : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 132 à 141 EUR.
  • SEB S.A. : Midcap Partners reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 190 à 196 EUR. Portzamparc passe de renforcer à acheter en visant 185 EUR.
  • Synthomer : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 565 à 655 GBp.
  • Tod's : Stifel passe de vendre à conserver en visant 35 EUR.
  • Veolia : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 32 EUR.
  • Verbund : Société Générale passe de vendre à conserver en visant 65,50 EUR.
  • Vidrala : Santander passe de conserver à acheter en visant 101 EUR.
  • Vossloh : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 56 EUR.
  • Worldline : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 100 à 104 EUR.

Actualités des sociétés

En France

Résultats des entreprises

  • Air Liquide : les revenus du T1 sont légèrement supérieurs aux attentes, à 5,33 Mds€, en croissance organique de 3,8 %. Les perspectives sont confirmées.
  • Bureau Veritas : les revenus du T1 sont en croissance organique de 6,6 % à 1,15 Md€. Les objectifs annuels sont confirmés. Le groupe a par ailleurs annoncé l'acquisition de Bradley Construction aux États-Unis.
  • Bolloré : le chiffre d'affaires est en progression organique de 6 % à 6,1 Mds€ au premier trimestre.
  • Gecina : le groupe vise toujours un résultat net récurrent part du groupe de l'ordre de 5,30 EUR par action sur l'année, après les chiffres du premier trimestre.
  • Rémy Cointreau : les revenus de l'exercice clos le 31 mars dernier ont progressé de 1,8 % en données organiques. La progression organique du résultat opérationnel courant devrait se situer autour de 10 % pour la période. Le management s'attend à un fort démarrage pour l'exercice 2021/2022.
  • SEB S.A. : la croissance organique atteint 30,9 % au premier trimestre, pour un chiffre d'affaires de 1,85 Md€. Le résultat opérationnel d'activité est en vive hausse à 198 M€. Le T2 sera encore très favorable. Sur l'exercice, les revenus devraient progresser de 10 % et la marge opérationnelle d'activité avoisiner 10 %.
  • Vinci : le chiffre d'affaires progresse de 5 % à 10,18 Mds€ au T1, en dépit de la poursuite de la contraction marquée de l'activité concession, en particulier à cause du gel du trafic aérien. Les perspectives annuelles sont réitérées.
  • Vivendi : la croissance organique atteint 5 % au premier trimestre, pour des revenus de 3,9 Mds€. Le groupe ne formule pas de prévisions pour l'année, compte tenu du manque de visibilité sur certaines activités.

Annonces importantes

  • LVMH va porter sa participation dans Tod's de 3,2 à 10%.
  • Stéphane Richard, le PDG d'Orange, veut conserver Orange Bank.
  • Antoine de Saint Affrique, qui va quitter Barry Callebaut, est annoncé chez Danone par la rumeur.
  • Delta Air Lines exerce des options pour des A321neo d'Airbus, dont la compagnie devrait réceptionner 125 appareils, dont le premier au S1 2022.
  • Asmita Dubey est nommée Directrice Générale Digital de L'Oréal à la place de Lubomira Rochet. Elle fait partie du comité exécutif du groupe.
  • Tikehau va lancer un fonds de capital investissement dédié à la décarbonation en Amérique du Nord.
  • Gaussin signe une commande de 36 tracteurs électriques APM 75T HE, 24 Powerpacks et 6 stations de charges par Bolloré et Maersk.
  • Nicox a recruté la moitié des patients de sa phase IIb avec NCX4251 dans la blépharite.
  • Carbios et Michelin franchissent une étape vers le pneu 100 % durable.
  • Mauna Kea signe une ligne de financement en fonds propres avec Kepler Cheuvreux, qui lui offre de la visibilité financière jusqu'au second trimestre 2022 au prix d'une dilution potentielle de 16%.
  • Filae accepte l'offre améliorée de MyHeritage à 20 EUR l'action et repousse celle de Geneanet.
  • Madvertise satisfait du démarrage de son activité aux États-Unis.
  • Compagnie des Alpes, Ipsos, Orege, Balyo, Guerbet, Lisi, Keyrus, Novacyt, Vergnet, Archos, Boiron, Artefact, Orapi, Groupe Guillin, Amplitude Surgical, Groupe Flo, Savencia, Damartex, Linedata, Advenis, Carmila, Foncière 7 Investissement, ont publié leurs comptes et/ou leurs prévisions.

Dans le monde

Résultats des entreprises

  • Daimler : le constructeur allemand a relevé ses prévisions de résultats pour l'année 2021, tout en prévenant que les pénuries de puces électroniques risquent de peser sur l'activité.
  • Intel : le titre perd 2 % hors séance après avoir annoncé des résultats solides, mais aussi une petite déception dans les serveurs.
  • LafargeHolcim : les résultats du premier trimestre sont supérieurs aux attentes de la place, tandis que l'objectif annuel est fixé à 3 à 5 % de croissance du chiffre d'affaires à périmètre constant, pour une progression d'au moins 10 % du résultat opérationnel ajusté.
  • Moncler : le groupe de luxe italien a réalisé un chiffre d'affaires en croissance de 21 % au T1, légèrement supérieur aux attentes.
  • Snap : les résultats de la célèbre application américaine dépassent les attentes, ce qui permet au titre de gagner 5 % hors séance.
  • Stora Enso : le groupe forestier finlandais a enregistré une forte progression de ses résultats opérationnels au T1, au-delà de ce que prévoyaient les analystes.

Annonces importantes

Lectures