par Devidutta Tripathy

BOMBAY, 12 octobre (Reuters) - Le principal opérateur télécoms mobile indien Bharti Airtel va reprendre presque gratuitement l'activité mobile grand public du conglomérat indien Tata, ce qui permettra au premier d'accroître sa base d'abonnés et au second d'arrêter de financer une activité déficitaire.

Tata Teleservices (Maharashtra) et ses filiales occupent le neuvième rang sur le marché des télécommunications en Inde avec plus de 40 millions d'abonnés.

L'opération s'effectuera "hors dette et trésorerie", ont précisé les deux groupes dans un communiqué commun, même si Bharti Airtel devra prendre en charge une "petite partie" du passif non réglé de Tata portant sur le spectre de fréquences.

L'Inde comptait au total 1,2 milliard d'abonnés à la téléphonie mobile à la fin juillet. Son secteur télécoms est en pleine vague de consolidation avec de nombreux petits acteurs qui se sont lourdement endettés dans l'acquisition de fréquences mobiles et qui souffrent en outre depuis l'an dernier de l'arrivée de Reliance Jio Infocomm sur le marché.

La filiale du groupe industriel Reliance Industries , soutenue par l'homme le plus riche d'Inde, Mukesh Ambani, a déclenché une guerre de prix, amenant plusieurs opérateurs a accuser des pertes au point que la banque centrale indienne a demandé aux banques de revoir leur exposition par rapport à ce secteur et d'accroître leurs provisions sur les prêts consentis aux groupes télécoms.

Tata Teleservices, dont la dette s'élève à plus de 5 milliards de dollars, aligne des pertes au point que des rumeurs sur un arrêt définitif de l'activité ont circulé.

Tata Group, la maison mère, sous la direction de son nouveau président, N. Chandrasekaran, s'est également lancé dans une restructuration visant à accroître sa rentabilité et à simplifier sa structure.

"C'est très positif pour Tata Group et Chandra (...) C'est aussi un bon accord pour Airtel car il devra payer moins pour le spectre obtenu", a déclaré Sanjiv Bhasin, vice-président exécutif du groupe de services financiers IIFL.

"De toute évidence, les bouleversements prennent de l'ampleur et la consolidation est le jeu du moment", a-t-il dit, ajoutant s'attendre encore à de nouvelles opérations dans un secteur saturé.

Vodafone Group et Idea Cellular respectivement deuxième et troisième opérateurs mobiles en Inde, ont engagé une fusion de leurs opérations pour créer le numéro un du secteur dans le pays, tandis que Bharti Airtel avait auparavant accepté d'acheter la division indienne de Telenor .

Un accord de fusion entre la filiale mobile de Reliance Communications, très endettée, et son concurrent Aircel, a échoué ce mois-ci.

DE MULTIPLES OPTIONS

Le président de Tata, N. Chandrasekaran, a déclaré dans le communiqué que le groupe avait étudié de "multiples options" pour l'activité télécoms et avait estimé que l'accord avec Bharti Airtel constituait la meilleure solution.

Tata et Bharti Airtel vont travailler ensemble à explorer domaines de coopération, ont indiqué les deux groupes.

Tata étudie par ailleurs la possibilité de fusionner, d'une part sa division professionnelle avec celle de Tata Communications, et d'autre part son activité dans le fixe et le haut débit avec celle de sa branche de télévision par satellite Tata Sky, peut-on lire dans le communiqué.

Tata conservera sa participation dans le spécialiste indien des relais de téléphonie mobile Viom et assumera les engagements liés à cette participation, ajoute le communiqué.

À la fin du mois de mars, Tata Teleservices et sa division avaient une dette combinée de 340,89 milliards de roupies indiennes (4,42 milliards d'euros), sans compter les sommes dues à l'Etat pour l'achat des fréquences mobiles, selon l'agence de notation locale Crisil, qui a ajouté que la perte nette de Tata Teleservices avait presque doublé sur l'exercice à fin mars à 47,17 milliards de roupies.

"Tata perdait trop d'argent", a déclaré Satish Betadpur, directeur d'études chez le courtier William O'Neil Companies. "Ils n'étaient pas rentables et pour l'être, il aurait fallu dépenser énormément d'argent."

En février, Tata a accepté de payer à NTT DoCoMo 1,18 milliard de dollars pour reprendre la participation du groupe japonais dans leur coentreprise de télécommunications, mettant ainsi un terme à un conflit de longue date.

Bharti Airtel est présent dans 17 pays d'Asie et d'Afrique. (Claude Chendjou pour le service français, édité par Juliette Rouillon)