Et ça compte, et ça compte. L'élection présidentielle américaine n'a pas encore rendu son verdict officiel, mais Joe Biden devrait finalement l'emporter. D'une très courte tête et dans la confusion, puisque Donald Trump va multiplier les recours pour tenter de faire invalider certains votes de son adversaire, dans les Etats les plus disputés. Voilà à peu près l'ambiance ce matin. Les marchés financiers, eux, ont déjà choisi leur camp : peu importe le gagnant ! Si j'ai bien compris la mécanique à l'œuvre, le maintien d'un pouvoir partagé est la meilleure garantie pour les investisseurs. Je reste au conditionnel puisque rien n'est officialisé, mais on se dirigerait vers une présidence et une chambre des représentants "bleues" d'un côté, et un Sénat et une Cour suprême "rouges" de l'autre. De quoi freiner les velléités régulatrices Démocrates tant redoutées par certains investisseurs, sans obérer totalement un plan de soutien conséquent.

Il restera sur les bras de l'Amérique des dissensions qui n'avaient plus été vues depuis longtemps. Et la certitude que le Trumpisme est une religion qui ne s'éteindra pas avec l'élection de 2020. Mais c'est une autre histoire qui donnera probablement lieu à une farouche bataille lors des élections de mi-mandat.

Revenons à nos marchés. Les gains ont été copieux un peu partout hier, notamment sur le Nasdaq qui a gagné plus de 4%, au motif que la vague bleue aurait pu conduire à casser les monopoles des géants du numérique.

Je fais un focus ce matin sur un événement qui a troublé plus d'un investisseur. Le flop de l'autoproclamée "plus grosse introduction en bourse de l'histoire". Sur le papier, Ant Financial a tout pour séduire. Groupe financier de nouvelle génération qui a grandi dans le giron d'Alibaba, Ant est le propriétaire du service de paiement Alipay et du système de flicage notation crédit individuelle Zhima (ou Sesame). D'ailleurs, l'IPO s'est très bien passée, des milliards ont été levés et ça spéculait même déjà sur les gains astronomiques de la première journée de cotation. La rumeur courait ainsi lundi que les actions Ant Group sur le "marché gris", c’est-à-dire le marché officieux de gré à gré, se négociaient 50% plus haut que le prix d'introduction. Et puis patatras : les autorités chinoises ont décidé unilatéralement d'annuler l'opération.

C'est un signal très négatif à l'heure où l'Asie du Sud-Est est devenue une sorte de havre de paix pour les investisseurs : elle a retrouvé une croissance robuste grâce à l'absence de seconde vague de coronavirus et échappe largement aux dissensions politiques qui minent l'Europe et les Etats-Unis. Mais de l'avis de tous les bons connaisseurs du dossier, Ant était devenue trop puissant et il se murmure que la banque centrale chinoise elle-même aurait participé à l'entreprise de dézingage. Alors bien sûr, les autorités chinoises auraient pu dégainer bien avant. Peut-être l'ont-elles fait d'ailleurs, sans être entendues par Jack Ma, le gênant entrepreneur à succès qui a créé Alibaba et Ant. Une chose est sûre, l'onde de choc est bien plus forte trois jours avant le début des cotations. Et derrière le gloubi-boulga des justifications réglementaro-comptables, le message est on ne peut plus clair : c'est toujours le parti communiste chinois qui décide de qui fait quoi et comment. 

Le CAC40 gagnait autour de 0,6% à 4955 points peu après l'ouverture. La séance sera marquée par les décisions de deux banques centrales (Royaume-Uni et Etats-Unis) et par une nouvelle série des résultats, de A comme ArcelorMittal à Z comme Zoetis. Une soixantaine d'entreprises appartenant à l'indice S&P500 et une cinquantaine du STOXX Europe 600, rien que ça.

Les temps forts économiques du jour

A suivre aujourd'hui en Europe, les commandes d'usines allemandes (8h00) et les ventes de détail de l'UE (11h00). Aux Etats-Unis, l'étude Challenger sur les licenciements (13h30) sera suivie des données hebdomadaires sur l'emploi (14h30) et de la décision de la Fed sur ses taux (20h00), suivie de la conférence de présentation de la décision à 20h30. Ce matin, la Banque d'Angleterre a augmenté ses achats d'actifs mais laissé ses taux inchangés, alors que des rumeurs circulaient sur des taux négatifs. 

L'euro est remonté à 1,1735 USD. L'once d'or progresse à 1907 USD. Le pétrole repart en baisse, à 40,75 USD pour le Brent et à 38,71 USD pour le WTI. Le rendement de la dette américaine sur 10 recule à 0,74%. Le Bitcoin flambe à 14 270 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Airbus : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 76 à 80 EUR.
  • Amadeus : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 57 à 67 EUR.
  • Barclays : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 130 à 145 GBp.
  • Bpost : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 10 à 12 EUR.
  • E.ON SE : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 10 à 9,80 EUR.
  • Elmos Semiconductor : DZ Bank passe de vendre à conserver avec un objectif de cours de 22,10 EUR.
  • ISS : SEB Equities passe de conserver à acheter en visant 125 DKK.
  • Watches of Switzerland : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 470 GBp.

L’actualité des sociétés

En France

  • ArcelorMittal : l'aciériste a dégagé un Ebitda de 901 M$ au T3, pour un consensus de 832 M$. Le chiffre d'affaires est lui aussi supérieur aux attentes.
  • Arkema : le chimiste fait le dos rond, avec une marge d'Ebitda de 16,1% au T3, sur un chiffre d'affaires qui se contracte de 9% à 1,9 Md€. La recrudescence de la pandémie pousse le management de la prudence, en visant une contraction d'environ 7% de ses revenus du T4.
  • Eiffage : la contraction de l'activité a ralenti au T3, ce qui confirme les perspectives annuelles, avec des résultats attendus en forte baisse, mais en redressement sur la seconde moitié de l'année.
  • Nexans : en marge de ses résultats trimestriels, le groupe resserre sa prévision d'Ebitda 2020 dans la fourchette 320 à 360 M€, contre 310 à 370 M€ précédemment. Le consensus est positionné à 345 M€.
  • Legrand : les marges se redressent au T3, mais le chiffre d'affaires du dernier trimestre de l'année devrait être en baisse. L'objectif reste de protéger la marge opérationnelle ajustée.
  • SES S.A. : les objectifs financiers ont été confirmés, sur la base ajustée au mois de juillet dernier.
  • Société Générale : le bénéfice net s'est apprécié à 862 M€ au T3, grâce aux efforts sur les coûts et à un produit net bancaire qui a moins baissé que prévu. Le bénéfice net est deux fois supérieur aux attentes et la banque peut légèrement relever son objectif de ratio de solvabilité.
  • Spie : le groupe confirme ses objectifs 2020, après un T3 légèrement meilleur que prévu.
  • Veolia : le groupe confirme ses objectifs d'économies cette année, en laissant entendre que la performance du quatrième trimestre pourrait être supérieure à celle de la même période de l'année dernière.

Annonces importantes

  • L'avenir de la branche services d'Engie ne sera finalement pas tranché avant le début de l'année prochaine, a déclaré le président Jean-Pierre Clamadieu.
  • En France, le réseau 5G pourra être activé à partir du 18 novembre, après avoir rapporté 2,7 Mds€ à l'État.
  • Fitch a abaissé la notation crédit d'Airbus de "A-" à "BBB+", avec une perspective stable.
  • L'Oréal se réorganise au niveau des zones géographiques, après le départ en retraite du président de la zone APAC. Frédéric Roze prend du galon.
  • Un représentant des salariés rejoint le conseil de surveillance de Lagardère.
  • Le fonds CIAM fait pression pour la tenue d'une assemblée générale de Suez en janvier.
  • Les volumes d'activité sur Euronext restent en forte hausse en octobre.
  • Vinci remporte le contrat de l'autoroute Sydney Gateway en Australie, qui représente environ 900 M€.
  • Casino annule des obligations 2021, 2022 et 2023 rachetées sur le marché.
  • L'OPA simplifiée à 28 EUR sur ECA SA servie à 32,5% après une forte demande.
  • MND Group retenu pour la station de Jinshanling Golden Mountain en Chine.
  • Voltalia se renforce en Jordanie.
  • Enensys en procédure de sauvegarde.
  • Implanet lorgne le marché mexicain.
  • Theranexus, Mauna Kea, Celyad et Cellectis sont concernées par des publications ou des présentations.
  • Dalet, ALD, CGG, Viel, Claranova, Umanis, Solutions 30, Neurones, NRJ, Sogeclair ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Résultats des entreprises

  • AstraZeneca : le bénéfice net du T3 atteint 0,94 USD, contre 1 USD au consensus.
  • Commerzbank : les résultats sont un peu courts par rapport aux attentes.
  • Deutsche Lufthansa : la compagnie aérienne allemande a confirmé son objectif de trésorerie pour 2021, alors que la perte nette du troisième trimestre flirte avec les 2 Mds€.
  • Expedia : le voyagiste en ligne accuse une perte trimestrielle, la troisième d'affilée, le marché accueille bien les chiffres avec un titre en hausse de 6% hors séance.
  • HeidelbergCement : le cimentier allemand a amélioré ses résultats du T3, et vise des performances en amélioration cette année.
  • ING Groep : le bancassureur a dégagé 1,2 Md€ de bénéfice avant impôt, légèrement en deçà des attentes, et a fait part d'un projet de suppression de 1000 emplois.
  • MetLife : les résultats sont proches des attentes, mais ne passionnent pas les foules.
  • Nintendo : le groupe relève ses prévisions, ce qui était attendu, mais moins que ne le prévoyaient les analystes.
  • Qualcomm : les résultats séduisent des investisseurs, avec un titre qui bondit de 14% après la séance.
  • Solvay : le bénéfice net recule de 42% au T3, à 176 M€, à cause des difficultés des secteurs industriels comme l'aéronautique et l'automobile. Les prévisions sont confirmées, mais pourraient être mises à mal par le retour de la pandémie.
  • Unicredit : comme la plupart des autres établissements européens, la banque italienne a publié des résultats supérieurs aux attentes au T3.

Annonces importantes

  • Vale négocie la vente de son usine de nickel en Nouvelle-Calédonie à un consortium comprenant Trafigura, des fonds d'investissement et des parties-prenantes locales.
  • Jeff Bezos a encore cédé cette semaine 3 Mds$ d'actions Amazon.com, portant ses cessions 2020 à plus de 10 Mds$.
  • Biogen a clôturé en hausse de 44 % hier à Wall Street, après que l'agence américaine du médicament a suggéré que son traitement contre la maladie d'Alzheimer avait de bonnes chances d'être autorisé. Le titre de son partenaire japonais Eisai était incotable une partie de la séance. Selon les informations de Bloomberg, Apple ferait face à des problèmes d'approvisionnement en composants pour son iPhone 12.
  • Kudelski fournira des services de cryptage à Canal+.

Ça publie. Alibaba, Bristol-Myers Squibb, T-Mobile US, AstraZeneca, Linde, Enel, Zoetis, Cigna, Nintendo, Uber, Barrick Gold, Electronic Arts, ING Groep, Suzuki, Siemens Gamesa, Legrand, ArcelorMittal, Société Générale, Veolia

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