par Matthias Blamont

PARIS, 5 juillet (Reuters) - Carmat travaille à une deuxième génération de son coeur artificiel moins consommatrice d'énergie et a embauché un directeur industriel pour superviser ses processus de production après une série de revers, a déclaré à Reuters le PDG de la société française.

Carmat a obtenu en mai le feu vert de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour reprendre les essais cliniques de sa prothèse après une suspension des implantations décidée à la suite du décès d'un cinquième patient, en octobre 2016.

Carmat a tiré les leçons des difficultés rencontrées, a déclaré son PDG Stéphane Piat lors d'une interview.

"Il y avait un besoin de mieux suivre l'étude clinique, ce que nous sommes en train de faire", a-t-il dit. "Aujourd'hui, nous avons tout remis en place."

La société, a-t-il ajouté, a créé un poste de directeur industriel, confié au Néerlandais Wenzel Hurtak, un ancien haut cadre de Johnson & Johnson, afin de séparer les fonctions de production de celles de Recherche et Développement.

"Cela va nous permettre de mieux travailler sur notre offre et les nouveaux produits", a expliqué Stéphane Piat.

Carmat estime que plus de 100.000 patients aux Etats-Unis et en Europe pourraient bénéficier de sa prothèse cardiaque dans les prochaines années, un marché évalué à plus de 16 milliards d'euros.

La société espère que son coeur artificiel, conçu comme une alternative aux greffes cardiaques confrontées au manque de donneurs d'organes, pourra être commercialisé dans l'Union européenne à partir de 2019.

Elle a parmi ses concurrents les entreprises américaines SynCardia Systems et Abiomed. Le coeur artificiel de SynCardia est actuellement le seul à être approuvé en Amérique du Nord et dans l'Union européenne.

Stéphane Piat admet que Carmat a été lent à mettre au point une prothèse commercialisable mais estime que l'utilisation de l'impression 3D devrait à l'avenir lui permettre de développer des prototypes plus rapidement.

"Le projet a été long parce qu'on n'avait pas les matériaux", a-t-il expliqué. "Dans le futur, on va pouvoir travailler avec nos partenaires (...) On est déjà en train de penser à un coeur plus simple, qui consommera moins."

Carmat, qui s'est associé avec le fabricant de pneumatiques Michelin et le groupe d'aérospatial Airbus, a l'intention d'ouvrir à fin de cette année un nouveau site de production avec des processus plus automatisés. (Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : Airbus SE, Carmat, Johnson & Johnson, Michelin, ABIOMED, Inc.