par Elizabeth Pineau

PARIS, 23 avril (Reuters) - "Très serein" depuis son départ du groupe La République en marche lié à son vote contre loi asile et immigration, Jean-Michel Clément ne se considère pas comme un frondeur mais comme un élu "non inscrit", désormais "en congé" de la majorité.

De retour dans le Poitou pour les vacances de printemps du Parlement, le député de la Vienne a consulté les "très nombreux messages de félicitations", dont ceux des anciens ministres de la Justice Christiane Taubira et Jean-Jacques Urvoas, consécutifs à sa décision.

"J'ai reçu plus de messages de soutien et de félicitations qu'après chacune de mes élections", a déclaré lundi à Reuters le député de 63 ans, avocat de formation élu PS depuis 2007 avant d'être désigné en juin dernier sous la bannière LaRem.

A ceux qui pensent qu'il donnait depuis longtemps des signes de distance avec le parti présidentiel, Jean-Michel Clément s'inscrit en faux, assurant que sa décision est directement liée au texte adopté dimanche.

"Quand on a un texte qui mélange maladroitement ces deux thèmes, forcément on arrive à des contradictions", dit-il. "Il y a des sujets - et c'est aussi le cas pour la fin de vie et la bioéthique - sur lesquels des questions de conscience peuvent être mises en avant".

Aurait-il souhaité que d'autres élus le suivent dans son vote hostile

"Je laisse chacun devant ses responsabilités", dit-il, constatant toutefois qu'une élue MoDem, Nadia Essayan, a elle aussi voté contre, que 14 députés LaRem se sont abstenus et que 99 élus LaRem n'ont pas participé au vote.

"Que cache ce silence Une approbation ou une désapprobation ", s'interroge-t-il.

"EN CONGÉ DU GROUPE"

S'il n'en veut pas au patron du groupe LaRem à l'Assemblée Richard Ferrand - avec qui il s'est entretenu en particulier la semaine dernière -, Jean-Michel Clément reste critique sur le manque de débat au sein de son ancienne famille politique.

"Le temps du débat à LaRem, c'est deux heures par semaine collectivement et, après, chacun repart de son côté. C'est un groupe riche de sa diversité et dès qu'il y aurait une voix différente, elle serait considérée comme dissonante "

A la question de savoir s'il voit derrière ce manque de dialogue la main d'Emmanuel Macron, Jean-Michel Clément répond qu'il ne sait pas "si dans un régime politique comme le nôtre, tout peut être ramené au président de la République" mais il s'inquiète d'une "dérive de nos institutions" vers un système où "le contrôle parlementaire est inexistant".

Désormais député non inscrit, il souhaite se faire entendre, sans se considérer comme un frondeur, mot hérité du quinquennat précédent qui décrivait selon lui une réalité bien différente.

"Je me suis mis en congé du groupe", résume-t-il. "J'ai désormais l'intention de cheminer tranquillement avec ma conscience".

Parmi les messages d'encouragement tombés dans son escarcelle, Jean-Michel Clément a pu lire sur Facebook l'appel du pied des Jeunes socialistes de la Vienne qui lui proposent de revenir dans son ancien parti. "Il est encore temps pour toi de retrouver ta famille, écrivent-il dans cette lettre ouverte. ANALYSE-Malaise à La République en marche après l'âpre débat sur la loi asile (Edité par Yves Clarisse)