Comme dans le All Weather de Ray Dalio, Harry Browne suppose qu’il existe quatre environnements économiques (croissance, récession, inflation et déflation) sur lesquels il est important de capitaliser. 

Pour dégager de la performance quelle que soit la situation économique, Harry Browne préconise donc cette allocation d’actifs : 

Si l’on suit la théorie, les actions permettent de tirer profit de la prospérité et de la croissance économique tandis que les obligations devraient porter à la hausse le portefeuille en période de récession. Dans le même temps, l’or serait bénéfique en période inflationniste et le cash lors d’une baisse durable du niveau général des prix.

Jusque-là rien d’innovant. A vrai dire, c’est même plutôt simple à reproduire. Mais peut-être est-ce dans la simplicité que l’on trouve les meilleures recettes. Jetons un coup d’oeil aux performances. 

Performance historique du Permanent Portfolio

Données extraites de Bloomberg et Portfolio Visualizer 

Si vous aviez investi à la manière d’Harry Browne, vous auriez joui d’une performance régulière de 7% en moyenne sur près de 25 ans, tout en conservant 25% en cash. Le Permanent Portfolio a traversé cinq années négatives avec la pire année en 2015 (-3%). C’est en 2008 que le portefeuille connaît son maximum drawdown de 13,5%. C'est la perte maximale que vous auriez supporté si vous aviez acheté au plus haut et revendu au plus bas.

Si on le compare au portefeuille de Ray Dalio, le Permanent Portfolio ne tient pas la distance, du moins à première vue... En effet, si l'on multiplie les performances de Dalio par un coefficient de 0,75 (1 - 25% du cash dans le portefeuille de Browne) afin d'être sur un pied d'égalité, on remarque que le Permanent Portfolio ne surperforme plus seulement six fois, mais bien seize fois l'allocation de Dalio, soit 64% du temps. Le portefeuille de Browne reste donc un schéma solide, qui a démontré, encore cette année, sa capacité de résistance avec une performance latente de 14,7%.

Comparé au CAC 40 dividendes réinvestis, vous perdez environ 2,7 points de performance. Mais votre volatilité est également 4x supérieure. Tout dépendra de votre profil risque, mais il est peut-être plus sage de sacrifier un peu de performance pour avoir l'esprit tranquille. De plus, on ne peut pas anticiper ce que fera le CAC 40 gross return dans 20 ans. C'est pourquoi la diversification est un principe sain et vous exposera aux excédents de richesse sur plusieurs classes d'actifs.

Si l'on revient sur les allocations initiales de Browne et de Dalio, on peut se dire a priori que 1,16% d’écart dans la performance moyenne, ce n’est rien du tout. Que nenni ! La magie des intérêts composés ou l'art d'investir selon Warren Buffet. 

10 000$ dollars investis avec Ray Dalio en 1995 vous donnent environ 80 000$ en 2020. Alors que si vous aviez confié votre argent à Harry Browne, vous en auriez retiré tout juste 60 000$. L’écart n’est pas négligeable et ce, pour un risque très proche.

Source : Portfolio Visualizer

Stimuler la performance du portefeuille d’Harry Browne

Si le Permanent Portfolio n'a pas réussi à vous séduire avec ses 25% de cash, sachez qu'il est possible d'adopter des stratégies pour "booster" votre performance ; méthodes qui peuvent très bien s'appliquer dans l'assurance-vie, comme dans le PEA ou le compte-titres (CTO).

La principale critique adressée au Permanent Portfolio est en effet son exposition au cash à hauteur de 25%, ce qui est important étant donné que cet actif ne produit aucune performance. Néanmoins, vous pouvez le voir depuis un autre angle puisque ce sont des liquidités que vous pouvez retirer à tout moment en cas de besoin. Mais surtout, vous pouvez profiter des chocs boursiers pour faire les soldes et accumuler des actions à la baisse et ainsi gonfler votre rentabilité sur le long terme.

De plus, en investissant au travers d’une assurance-vie, vous pourriez très bien placer les 25% de cash sur du fonds en euros. Les rendements 2019 vont de 1,5% à 2% en moyenne pour les meilleurs. Cela a au moins le mérite de vous couvrir de l’inflation. D’autant plus que vous aurez 75% de l’allocation en unité de comptes et par conséquent, vous pouvez espérer une bonification sur le rendement du fonds en euros et ainsi avoir du 2,5% environ. C’est devenu une pratique courante depuis que les obligations ne rapportent plus rien et que les réserves des assureurs s’épuisent. Par cette bonification, ils vous incitent à aller sur des unités de comptes ou des fonds en euros indexés sur le marché immobilier voire même le marché action. Mais là, je m’égare.

Donc, pour revenir à nos moutons, vous avez 25% sur du fonds en euros. Si vous opérez via un PEA ou un CTO, il est possible de sélectionner un ETF obligataire à court terme, type Amundi Gov Bond Eurozone 3-5Y (FR0010754168). Par contre, évitez à tout prix les fonds monétaires - qui sont essentiellement destinés au très court terme (<1 mois). Sinon, votre capital va fondre comme neige au soleil.

Pour les unités de comptes (capital non garanti), il faudra privilégier les ETFs afin de réduire au maximum les frais. Par exemple, il existe le Lyxor MSCI ACWI Gold (LU0854423687) pour les périodes inflationnistes. Concernant les emprunts d’Etat, le Lyxor Euro Government Bond 25+Y (LU1686832194) et le Amundi Eurozone Government Bond 10-15Y (FR0010754143) sont éligibles à l’assurance-vie.

Pour la partie action, il y a plusieurs possibilités. Soit la simplicité avec 25% sur un ETF MSCI World (FR0010315770) ou un tracker sur le marché américain, généralement plus performant type S&P 500. Soit un peu plus élaboré avec mettons, un ETF pays émergents, un sur le Nasdaq 100 pour profiter de l’attrait des valeurs technologiques et un dernier ETF sur le MSCI World pour une diversification globale, l’ensemble réparti équitablement à 8,3%.

L’inconvénient de cette deuxième solution, ce sont les frais qui seront plus importants du fait de la multiplication des supports. Par conséquent, pour ceux qui ont un petit capital, il vaut mieux privilégier la simplicité avec un ETF World. Préférez également les ETFs libellés en euros pour éviter le risque de change avec le dollar. 

Quid du rebalancing ? 

Harry Browne préconise d’effectuer un rééquilibrage une fois chaque année. Par exemple, si une classe d’actif représente plus de 35% ou moins de 15%, vous procéderez à un rebalancing pour revenir à l’équilibre initial. Pour cela, vous vendez les actifs surpondérés et achetez ceux qui sont sous-pondérés, ce qui est naturellement contre-intuitif.

Petit tips pour le rééquilibrage, surtout si vous opérez dans le cadre d’un PEA ou d’un compte-titres. Évitez de vendre l’actif surpondéré pour ne pas payer d’impôts (compte-titres) et minimiser les frais de commissions. Injectez plutôt de l’argent dans l’actif sous-pondéré jusqu’à revenir parvenir à l’équilibre de 25%. L’idée étant bien sûr de faire grossir son portefeuille. Néanmoins, cela implique d’avoir des liquidités à disposition lors du rééquilibrage.

Le Permanent Portfolio n’est peut-être pas le meilleur de tous. D'ailleurs, il n’a aucune prétention à battre les marchés. Néanmoins, il accomplit “l’exploit” si l’on peut dire, de générer une performance moyenne de 7% alors que 25% du portefeuille est en cash. De surcroît, des solutions peuvent être mises en place pour “booster” votre performance. Si vous avez 30 ans devant vous, il est probable que vous privilégierez davantage les actions. Toutefois, si votre aversion au risque est plus élevée ou que vous approchez de la retraite, vous préférerez sans doute une allocation du type Permanent Portfolio. Tout dépendra évidemment de votre profil investisseur et de votre appétit pour le risque. Rien n’empêche non plus d’adopter une approche “hybride” avec une assurance-vie basée sur le modèle de Browne et Dalio et d’avoir un PEA/CTO dans lesquels vous privilégiez une gestion active avec du stock picking.