* Téhéran respecte l'accord de 2015, selon l'AIEA

* Macron précise les contours de son "accord large"

* Poutine ouvert à cette proposition, sous conditions (Actualisé avec autres déclarations, précisions)

SAINT-PETERSBOURG, Russie, 24 mai (Reuters) - Vladimir Poutine s'est dit, à l'issue d'un entretien avec Emmanuel Macron jeudi, ouvert sous conditions à la proposition française d'élargir le cadre des discussions sur l'Iran à la dimension balistique et à l'activité diplomatique de Téhéran dans la région.

"Effectivement on peut discuter du programme des missiles balistiques de l'Iran, on peut discuter de sa politique dans la région, les activités nucléaires après 2025", a dit le président russe lors d'une conférence de presse commune au palais Constantin près de Saint-Pétersbourg.

"Mais (...) on ne peut pas mettre en dépendance ces trois paramètres avec la préservation de l'accord sur le nucléaire iranien (de 2015-NDLR) parce que si on le fait, cela veut dire que nous-mêmes nous sortons de cet accord parce que l'accord qui existe déjà ne prévoit pas de conditions supplémentaires", a-t-il ajouté.

"Les discussions préliminaires sont nécessaires, il faut d'abord recevoir l'approbation des partenaires iraniens pour ce genre de discussions, à ce que j'ai compris les négociations préliminaires avec l'Iran nous montrent qu'un tel dialogue est possible."

Signé en juillet 2015 par l'Iran, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Union européenne, le JCPOA (Plan d'action global conjoint) a mis en place un encadrement des activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée progressive des sanctions contre Téhéran.

Depuis la décision américaine le 8 mai de quitter cet accord, les autres pays signataires sont engagés dans une course contre la montre diplomatique pour tenter de préserver ce texte et de convaincre Téhéran de continuer à le respecter.

Emmanuel Macron, qui avait tenté en vain ces derniers mois de convaincre Donald Trump de rester au sein de ce texte, défend l'idée d'un accord "plus large" qui permettrait de répondre aux inquiétudes, notamment américaines, à l'égard des activités balistiques de l'Iran et de son rôle dans la région.

"UN ACCORD ET TROIS CADRES STRATÉGIQUES"

A l'issue d'un entretien de plus de trois heures avec Vladimir Poutine, le président français a précisé que l'objectif était de "viser à terme un ensemble complet où on aurait l'accord nucléaire de 2015 complété par trois accords ou cadres stratégiques".

"Je crois pouvoir dire que nous sommes d'accord sur ce sujet", a-t-il ajouté.

Emmanuel Macron a par ailleurs estimé que les dernières informations fournies par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur le programme nucléaire iranien allaient "dans la bonne direction" et étaient "réconfortantes" pour la préservation de l'accord de 2015.

Selon un rapport confidentiel de l'agence onusienne, le premier publié depuis la décision américaine de sortir de l'accord de 2015, la République islamique respecte les restrictions imposées à ses activités nucléaires par ce texte conclu à Vienne après d'intenses tractations.

"Je considère que les dernières informations transmises par l'AIEA vont dans la bonne direction et sont réconfortantes", a dit le chef de l'Etat français lors d'une conférence de presse commune avec Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg.

"Jusqu'à présent, Téhéran a décidé de rester dans l'accord et n'a pas repris d'activité, ce qui est à mes yeux un élément fort d'abord de responsabilité de leur part et de crédibilité", a-t-il ajouté. "Et l'ensemble des autres signataires ont réaffirmé leur volonté de rester dans l'accord, de le faire exister." (Michel Rose à Saint-Petersbourg, Marine Pennetier et Elizabeth Pineau à Paris, édité par Jean-Stéphane Brosse)