(Date d'entrée en vigueur des sanctions, paragraphes 1 et 5)

par Parisa Hafezi et Nandita Bose

DUBAI/WASHINGTON, 22 juin (Reuters) - Deux jours après la destruction en vol d'un drone de l'US Navy près du détroit d'Ormuz, qui ravive le risque d'une confrontation directe entre les Etats-Unis et l'Iran, Donald Trump a annoncé samedi de nouvelles sanctions pour lundi contre Téhéran, sans écarter la possibilité d'une action militaire.

La République islamique a de son côté multiplié les mises en garde à Washington en promettant de réagir avec fermeté à toute agression ou menace américaine.

"Nous mettons au point des sanctions supplémentaires contre l'Iran", a déclaré Donald Trump à des journalistes à la Maison blanche avant de se rendre à Camp David, la villégiature des présidents américains au nord de Washington, pour y débattre du dossier iranien.

Ces sanctions doivent empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire, a-t-il précisé. "Dans certains cas, nous procédons lentement, mais dans d'autres cas, nous avançons rapidement", a ajouté le président américain, tout en soulignant qu'une action militaire est "toujours sur la table".

Un peu plus tard, à Camp David, il a écrit sur Twitter: "Nous mettrons en oeuvre d'importantes sanctions supplémentaires contre l'Iran lundi. J'attends avec impatience le jour où les sanctions aboutiront et cesseront, et où l'Iran redeviendra une nation productive et prospère".

La destruction d'un drone de l'US Navy, jeudi près du détroit d'Ormuz, a exacerbé les tensions déjà très fortes entre les Etats-Unis et l'Iran. Donald Trump a dit vendredi avoir renoncé in extremis à des représailles contre Téhéran.

Selon l'Iran, l'engin de surveillance, un Global Hawk, a été abattu par un missile dans l'espace aérien iranien, ce que dément Washington.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohamad Javad Zarif a diffusé samedi sur Twitter une carte avec des coordonnées détaillées prouvant selon lui que le drone a été abattu dans les eaux territoriales iraniennes.

Sur la carte figurent également deux carrés jaunes placés sur la trajectoire du drone qui indiquent que l'Iran a adressé deux signaux d'avertissement avant d'abattre l'engin sans pilote.

"TOUTE ERREUR METTRAIT LE FEU À UNE POUDRIÈRE"

Cité par l'agence iranienne Irna, le chef de la force aérospatiale des gardiens de la Révolution, la force d'élite du régime islamique, a prévenu samedi que l'Iran agirait à nouveau de la même manière en cas de nouvelle violation de son espace aérien.

"C'est notre réponse à une violation de l'espace iranien et si cette violation se reproduit, notre réponse sera la même", a averti le général Amir Ali Hajizadeh.

"Nous n'autoriserons aucune violation des frontières iraniennes. L'Iran fera face avec fermeté à toute agression ou menace de l'Amérique", a renchéri le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Mousavi, cité par l'agence de presse Tasnim.

"Toute erreur des ennemis de l'Iran, en particulier l'Amérique et ses alliés régionaux, mettrait le feu à une poudrière qui détruira l'Amérique, ses intérêts et ses alliés sur place", a quant à lui averti Abolfaz Shekarchi, porte-parole des Forces armées, cité par Tasnim.

Donald Trump, qui a dénoncé l'an dernier l'accord de 2015 durement négocié par les Occidentaux, la Russie et la Chine pour limiter les activités nucléaires de Téhéran, exige une renégociation totale avec l'Iran, sur son programme nucléaire mais aussi son programme de missiles balistiques et son expansionnisme régional.

Selon des sources iraniennes, le président américain a prévenu les autorités iraniennes de l'imminence d'une attaque dans la nuit de jeudi à vendredi, tout en leur faisant part de sa volonté de dialoguer.

"RENDONS SA GRANDEUR À L'IRAN"

Dans une interview à NBC vendredi, le chef de la Maison blanche s'est dit prêt à dialoguer avec Ali Khamenei, le guide suprême de la Révolution islamique, ou avec le président Hassan Rohani, sans obtenir pour l'heure de réponse.

"Je ne cherche pas la guerre", a déclaré Trump sur NBC, soulignant toutefois qu'en cas de conflit avec Téhéran, il y aurait un "anéantissement jamais vu auparavant".

Avant de se rendre à Camp David, le président américain a laissé entendre à nouveau qu'il était ouvert à un dialogue pour faire tomber la tension, ajoutant qu'un accord permettrait à l'Iran de relancer son économie.

"On pourrait appeler ça: 'Rendons sa grandeur à l'Iran'," a-t-il dit, allusion à son slogan de campagne en 2016 "Make America Great Again".

La chancelière allemande Angela Merkel a exhorté la communauté internationale à chercher une solution politique à la crise. "C'est ce à quoi nous travaillons", a-t-elle dit devant le rassemblement annuel des églises protestantes à Dortmund.

Andrew Murrison, secrétaire d'Etat britannique pour le Moyen-Orient, se rendra en Iran dimanche, où il plaidera pour une "désescalade urgente", a annoncé le Foreign Office.

Décidés à sauver l'accord de 2015, les signataires européens ont promis la mise en place d'un dispositif nommé Instex, censé compenser les sanctions américaines, mais le programme a pris du retard et Téhéran juge leurs efforts insuffisants.

Le 8 mai, la République islamique leur a donné 60 jours pour mettre leurs promesses en oeuvre, faute de quoi elle menace de ne plus respecter les dispositions du pacte.

Selon des sources diplomatiques, France, Grande-Bretagne et Allemagne préparent une nouvelle initiative pour tenter de préserver le texte conclu à Vienne avec Téhéran.

Des discussions sont par ailleurs prévues le 27 juin à Paris avec Brian Hook, responsable du dossier iranien au département d'Etat américain. (Jean-Stéphane Brosse et Eric Faye pour le service français)