par Haia Dakwar
TEL AVIV, 12 août (Reuters) - Plusieurs milliers de
manifestants ont protesté samedi à Tel Aviv contre la nouvelle
loi déclarant Israël l'État-nation du peuple juif, texte qui a
suscité la colère de la minorité arabe et des critiques à
l'étranger.
Cette loi qui ne reconnaît le droit à l'autodétermination
qu'aux Juifs a été votée le mois dernier. La loi, symboliquement
promulguée juste après le 70e anniversaire de la naissance de
l'Etat d'Israël, retire par ailleurs à l'arabe son statut de
langue officielle à côté de l'hébreu, pour le remplacer par un
"statut spécial" qui autorise la poursuite de son utilisation
dans l'administration.
Les manifestants, principalement des Arabes israéliens, ont
brandissaient des drapeaux palestiniens et des pancartes sur
lesquelles étaient écrit "égalité" en arabe et en hébreu.
"La loi légitime le racisme", a déclaré Laïla al Sana, 19
ans, originaire d'un village bédouin du désert du Néguev, dans
le sud d'Israël. "Il est très important de montrer que nous
sommes là pour résister."
La population arabe d'Israël, qui représente environ 20% des
neuf millions d'habitants du pays, comprend principalement des
descendants de Palestiniens qui sont restés sur leurs terres
après la guerre de 1948 lors de la création de l'Etat d'Israël.
De nombreux citoyens arabes d'Israël se considèrent aussi
comme Palestiniens. Beaucoup affirment être victimes de
discrimination et s'estiment traités comme des citoyens de
seconde zone.
"Quand j'ai entendu parler de la loi, j'ai senti que je
devais défendre ma ville natale, notre terre, la terre de mes
ancêtres", a déclaré Sheikha Dabbah, 68 ans.
"J'ai honte de devoir, après 70 ans, accentuer mon
nationalisme au lieu d'être généreuse envers tous ceux qui
vivent ici", a pour sa part déclaré Gila Zamir, 58 ans, une
Juive israélienne de la ville arabo-juive de Haïfa.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a publié
sur sa page Twitter une vidéo de la manifestation montant
quelques personnes agitant le drapeau palestinien et scandant:
"Avec de l'esprit, avec du sang, nous te sauverons, Palestine".
Et le chef du gouvernement de commenter : "Il n'y a pas de
meilleure preuve de la nécessité de la loi sur l'Etat-nation."
Samedi dernier, une manifestation contre la loi sur
l'Etat-nation organisée par les Druzes, communauté arabophone de
120.000 personnes pratiquant une culte issu de l'islam, avait
attiré une foule beaucoup plus importante.
L'indignation des Druzes à propos de cette loi a eu plus de
retentissement en Israël, malgré leur petit nombre, en raison de
leur réputation de loyauté envers l'État. À la différence de la
population arabe, de nombreux Druzes servent dans l'armée et la
police.
(Danielle Rouquié pour le service français)