par Dan Williams

JERUSALEM, 6 octobre (Reuters) - Israël a rejeté jeudi les amendements demandés par le Liban au projet d'accord concernant la frontière maritime entre les deux pays élaboré sous l'égide des Etats-Unis, jetant un doute sur l'issue des longues discussions sur ce projet qui doit permettre d'organiser la répartition entre les deux pays des revenus tirés de l'exploitation de gisements de gaz en Méditerranée.

Israël a reçu jeudi les demandes libanaises de modifications de ce texte reçu en fin de semaine dernière par les deux parties de la part de l'émissaire américain Amos Hochstein.

Le Premier ministre israélien Yair Lapid "a été tenu informé des détails des changements significatifs que le Liban cherche à apporter à l'accord et a ordonné à l'équipe de négociateurs de les rejeter", a-t-on appris auprès d'un responsable israélien.

Selon un responsable libanais, les autorités de Beyrouth n'ont pas été informées officiellement du rejet israélien de leurs demandes.

Le projet d'accord, dont le contenu n'a pas été rendu public, avait été plutôt bien accueilli par les autorités israéliennes et libanaises lorsqu'elles l'ont reçu.

Mais à l'échelle de chacun des deux pays - qui sont toujours officiellement en état de guerre - les oppositions ont dénoncé un projet favorisant les intérêts de la partie adverse.

Parallèlement à ces négociations indirectes, Israël a avancé les préparatifs en vue de commencer les forages sur le champ gazier de Karish, l'un des deux gisements situés dans la zone contestée.

Les discussions indirectes ont également été accélérées après que le Hezbollah, milice chiite libanaise soutenue par l'Iran, a émis des menaces indirectes contre le gisement de Karish, les autorités israéliennes présentant jusqu'alors le projet d'accord avec Beyrouth comme un moyen de sécuriser ce champ gazier.

Mais le gouvernement israélien a semble-t-il opté jeudi pour une approche plus offensive.

"Israël produira du gaz depuis le champ de Karish dès que ce sera possible", a précisé le responsable israélien.

"Si le Hezbollah ou qui que ce soit d'autre tente de causer des dommages sur le champ de Karish ou de nous menacer, les négociations sur la frontière maritime cesseront immédiatement", a-t-il ajouté.

Le ministre de la Défense Benny Gantz a encore durci le ton en déclarant dans un discours que "l'Etat du Liban paierait un lourd tribut militaire" en cas de tentative d'attaque du Hezbollah contre des intérêts israéliens. (Avec la contribution de Maya Gebeily et Timour Azhari, rédigé par Dan Williams, édité par Ari Rabinovitch et Nick Macfie; version française Myriam Rivet, édité par Sophie Louet)