par Crispian Balmer et Angelo Amante

ROME, 14 janvier (Reuters) - Le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, n'a pas l'intention de démissionner à ce stade et s'adressera au Parlement, a déclaré la présidence de la République au lendemain de la défection du parti de Matteo Renzi, qui le prive de majorité parlementaire en pleine crise sanitaire.

Giuseppe Conte, écrivent les services du chef de l'Etat, Sergio Mattarella, souhaite "procéder à une indispensable clarification politique par une déclaration au Parlement".

D'après une source parlementaire, le président du Conseil s'adressera lundi aux élus, et sa déclaration sera suivie d'un vote de confiance.

Le chef du gouvernement cherche à remplacer le soutien d'Italia Viva, le petit parti centriste de Matteo Renzi, par un groupe de parlementaires "responsables" de différentes formations actuellement dans l'opposition.

Matteo Renzi, lui-même ancien chef du gouvernement, a annoncé mercredi la démission des deux ministres issues de son parti en reprochant entre autres à Giuseppe Conte ses projets en matière d'allocation des milliards d'euros promis à Rome dans le cadre du plan de relance de l'Union européenne.

Le parti de Matteo Renzi a toutefois laissé entendre qu'un retour au sein de la coalition était possible à la condition qu'un nouveau pacte politique soit élaboré, hypothèse fermement rejetée par le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et le Parti démocrate (PD), les deux principaux partis de la coalition au pouvoir depuis septembre 2019.

"L'Italie risque d'être entachée de façon indélébile par un geste que je considère irresponsable et qui, comme je l'ai déjà dit, sépare définitivement nos chemins", a déclaré Luigi Di Maio, le ministre des Affaires étrangères et l'une des figures de proue du M5S.

Nicola Zingaretti, secrétaire national du Parti démocrate (PD), a déclaré jeudi que Matteo Renzi était "indigne de confiance", rejetant lui aussi l'idée d'une nouvelle alliance avec l'ancien président du Conseil.

Giuseppe Conte ne s'est toujours pas exprimé publiquement depuis le départ fracassant de son allié du gouvernement.

"Giuseppe Conte veut aller au Parlement et voir s'il ne peut pas y construire une majorité alternative", a fait savoir une source gouvernementale.

Il lui faudrait alors trouver environ 25 députés et jusqu'à 18 sénateurs mais une telle majorité serait difficile à gérer.

Matteo Salvini a quant à lui appelé jeudi à des élections législatives alors que les sondages promettent la victoire de la droite emmenée par son parti, la Ligue.

Mais le président Sergio Mattarella cherchera probablement à éviter une telle issue, synonyme d'incertitude prolongée, alors que le pays est confronté à une résurgence de l'épidémie. Depuis son apparition dans la Péninsule il y a près d'un an, le nouveau coronavirus a fait près de 80.000 morts en Italie. (Avec Giuseppe Fonte et Angelo Amante, version française Laetitia Volga et Jean-Stéphane Brosse)