ROME, 20 septembre (Reuters) - Les deux partis de la coalition gouvernementale italienne ont l'intention de relancer la croissance économique en fixant un objectif de déficit budgétaire supérieur à 2% du PIB pour 2019, un niveau qui placerait Rome en délicatesse avec ses engagements vis-à-vis de l'Union européenne et risquerait d'accroître le fardeau de la dette publique.

Début septembre, le ministre italien de l'Economie, Giovanni Tria, avait rassuré la Commission européenne en disant vouloir s'en tenir aux objectifs d'amélioration des finances publiques, cela en réduisant le déficit structurel et la dette publique.

Giovanni Tria, qui est issu du sérail universitaire et n'appartient à aucun parti, est engagé dans un conflit larvé avec le Mouvement 5 étoiles (M5S, anti-système) et la Ligue (extrême droite), les deux composantes de la coalition, qui veulent au contraire financer leurs promesses de campagne par un accroissement des dépenses, alors même que le ministère de l'Economie vient d'abaisser ses prévisions de croissance pour 2019, en les ramenant de 1,4% à 0,9%.

"Je pense que nous pouvons franchir le seuil des 2%, à condition de le faire non pas pour financer des mesures démagogiques mais pour placer le pays sur une trajectoire de croissance", a déclaré dans une interview télévisée Giancarlo Giorgetti, une personnalité de la Ligue, qui a rang de secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil.

Pour atténuer le déficit structurel ne serait-ce que légèrement, le déficit budgétaire de l'Italie doit être contenu entre 1,5% et 1,7% du PIB, estiment des responsables et des économistes européens.

LE CAP DE LA MI-OCTOBRE

La dette publique de l'Italie, de l'ordre de 132% du PIB, est la plus élevée de l'UE après celle de la Grèce.

Giovanni Tria souhaite maintenir le déficit budgétaire à 1,6% du PIB en 2016, dit-on de source gouvernementale. Des sources proches du M5S et de la Ligue ont dit en revanche à Reuters que ces deux formations voulaient le porter jusqu'à 2,5%, et en tout cas pas en dessous de 2,0%.

Le ministre de l'Economie a suivi une ligne prudente, jeudi, en déclarant devant les députés qu'il "garantirait une mise en oeuvre progressive de nos orientations économiques, qui soit compatible avec la nécessité d'assurer l'équilibre de notre budget structurel".

Quant au président du Conseil Giuseppe Conte, autre universitaire, qui est réputé proche du M5S mais n'est membre d'aucun parti, il a déclaré aux journalistes au sommet européen informel de Salzbourg que le budget de l'Etat "doit montrer que nous maintenons de l'ordre dans nos finances publiques". Ni Conte ni Tria, en revanche, n'ont donné d'objectif pour le déficit budgétaire de l'année prochaine.

Comme tous les autres membres de la zone euro, l'Italie doit présenter son projet de budget pour l'année prochaine à la mi-octobre au plus tard. La Commission européenne pourrait le retoquer si elle estimait qu'il était en dehors des clous, une prérogative que l'exécutif européen n'a à ce jour jamais utilisée. (Giselda Vagnoni; Eric Faye pour le service français)