(Actualisé avec réaction de Salvini)

ROME, 18 août (Reuters) - Matteo Salvini, chef de file de la Ligue, n'est plus un partenaire crédible, a jugé dimanche le Mouvement 5 étoiles (M5S), qui partage le pouvoir avec le parti d'extrême droite depuis juin 2018.

Ses dirigeants se sont réunis à la villa du comédien Beppe Grillo, fondateur du mouvement contestataire, pour évoquer ce que le président du Conseil Giuseppe Conte a qualifié mardi au Sénat de crise gouvernementale.

"Toutes les personnes présentes ont reconnu que Salvini n'était plus un interlocuteur crédible", déclare le parti dans un communiqué diffusé après la réunion, qui s'est déroulée en présence de Luigi Di Maio, chef de file du mouvement, de Roberto Fico, président du Sénat, et d'Alessandro Di Batista, l'une des personnalités les plus populaires du M5S.

Apparemment tenté de tirer parti de sa popularité croissante, Matteo Salvini a annoncé le 8 août que la coalition formée en juin 2018 avec le M5S n’était plus viable et a réclamé des élections anticipées.

La Ligue a ensuite déposé une motion de censure, mais les élus du mouvement contestataire et du Parti démocrate (PD), principale composante de l'opposition, ont refusé d'en débattre. Ils envisagent en outre ouvertement de s'associer pour former une nouvelle coalition, afin d'écarter Matteo Salvini.

L'intéressé, qui est vice-président du Conseil et ministre de l'Intérieur, s'est depuis montré plus conciliant et se dit même prêt, moyennant un remaniement ministériel, à continuer à gouverner avec le M5S, qui n'est donc plus de cet avis.

Ses dirigeants, pour qui le chef de file de la Ligue ne s'est pas montré digne de confiance, parlent d'un "revirement honteux" et lui reprochent de "chercher à dicter des conditions sans aucune légitimité".

Après la diffusion du communiqué, Matteo Salvini, qui doit s'entretenir mardi avec le président du Conseil, a promis de faire preuve d'ouverture d'esprit, mais aussi de s'opposer "par tous les moyens humainement possibles" à la formation d'une coalition M5S-PD.

Il a toutefois reconnu ne pas avoir les voix nécessaires au Parlement pour empêcher la formation d'un tel "gouvernement de perdants". Si le M5S et PD s'entendent, a-t-il ajouté, la Ligue appellera ses partisans à descendre dans les rues "parce que la souveraineté du pays sera en jeu".

Les dissensions au sein de la coalition durent depuis des mois, mais les élections européennes du 26 mai les ont considérablement aggravées. En l'emportant avec un peu plus de 34% des voix contre 17% seulement pour le M5S, le parti d'extrême droite a inversé le rapport de forces issu des élections législatives de mars 2018. (Gavin Jones, Jean-Philippe Lefief pour le service français)