Milan (awp/afp) - La croissance en Italie devrait atteindre 0,3% en 2019, a estimé mercredi l'Institut italien des statistiques (Istat). Ces prévisions sont légèrement supérieures à celles du gouvernement, qui table sur une progression du PIB de 0,2%.

La Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) prévoient de leur côté une croissance du Produit intérieur brut (PIB) italien de 0,1%, pire performance de la zone euro. Plus pessimiste, l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), qui s'attendait jusqu'alors à une chute du PIB transalpin de 0,2% cette année, a néanmoins révisé à la hausse mardi sa prévision, tablant désormais sur une croissance nulle.

La troisième économie de la zone euro est affectée par les tensions commerciales au niveau mondial, le ralentissement de l'économie européenne, en particulier allemande. Elle souffre aussi d'une certaine inquiétude des entrepreneurs italiens face aux incertitudes entourant la politique menée par la coalition populiste au pouvoir à Rome depuis bientôt un an.

L'Italie a renoué avec la croissance début 2019, après un semestre de récession, mais sa situation reste fragile, alors qu'elle avait connu une dure récession en 2012-2013. Pour 2019, la demande intérieure sera l'unique facteur à contribuer à la hausse du PIB, a expliqué l'Istat. Les dépenses des familles et des institutions sociales (associations...) devraient augmenter de 0,5%, en léger ralentissement par rapport à 2017. En revanche, la demande extérieure va rester stable.

Ralentissement des dépenses

Les investissements vont eux connaître un net ralentissement, avec une hausse attendue de seulement 0,3%, contre +3,4% en 2018 et +4,3% en 2017. Cette situation aura un impact sur le marché du travail. Le taux de chômage va progresser à 10,8%, contre 10,6% l'an passé, largement au dessus de la moyenne de la zone euro (7,7% en mars).

Dans ce contexte difficile, les yeux sont rivés sont le déficit public, alors qu'à l'approche des élections européennes de dimanche, l'homme fort du gouvernement italien, Matteo Salvini, le patron de la Ligue (extrême droite), a multiplié les déclarations affirmant que l'Italie devait s'affranchir des règles européennes, en particulier du taux maximal autorisé de 3% de déficit public par rapport au PIB.

L'autre vice-Premier ministre de la coalition, Luigi di Maio, chef du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), a de son côté affirmé que la règle des 3% serait respectée, alimentant les tensions au sein du gouvernement. Rome prévoit un déficit public à 2,4% en 2019, puis à 2,1% en 2020. Mais la Commission européenne estime qu'il s'élèvera 2,5%, puis 3,5% l'an prochain.

En conséquence, selon Bruxelles, la dette publique italienne devrait atteindre des niveaux record: 133,7% en 2019, puis 135,2% du PIB, contre 132,2% l'an passé, qui constituait déjà un niveau historique. Bruxelles ne cesse d'appeler la péninsule à agir pour réduire son énorme dette et à respecter les règles européennes. Mais à l'approche des élections, elle a ménagé la coalition.

Leviers de croissance limités

Dans son rapport mardi, l'OCDE a souligné que "le niveau élevé de son ratio dette/PIB rendait l'Italie vulnérable aux variations des taux d'intérêt, limitant les leviers dont dispose l'Etat pour stimuler la croissance et atteindre ses objectifs sociaux". "Le gouvernement doit impérativement adopter un plan de réforme à moyen terme clair et crédible pour stimuler la croissance et abaisser ce ratio", a jugé l'organisation.

L'Italie, pour avoir une croissance durable, doit "agir" et "ne pas recourir à des promesses faciles", a lancé pour sa part mercredi le président de la Confindustria, le principal syndicat patronal, Vincenzo Boccia. "Il faut des décisions courageuses", avec en particulier une baisse de la dette publique, a-t-il dit.

afp/vj