J'ai appris ce matin que le 11 mai est la "journée mondiale des espèces menacées". En bourse, cette espèce porte un nom actuellement : les baissiers. Les plus taquins d'entre vous pourraient rétorquer que les haussiers ont quand même du mal à l'emporter, et ils n'auraient pas totalement tort puisque nous sommes dans une période d'hésitation. Mais quand on fait la balance entre les menaces et les opportunités, la logique voudrait que les investisseurs soient un chouia plus prudents. Au lieu de ça, l'appétit pour le risque reste fort, comme en témoignent le bilan récent de l'indice Nasdaq aux Etats-Unis, qui en est à sept semaines positives sur les neuf dernières, malgré les craintes de récession et l'hécatombe chez les banques chéries de la Californie.

Un Nasdaq qui a encore repris plus de 1% hier, pendant que le reste de la planète finance hésitait devant les chiffres de l'inflation aux Etats-Unis en avril. Une inflation qui a ralenti à 4,9% sur un an, soit un peu moins que ce qui était prévu. L'inflation de base est encore à 5,5%, mais elle poursuit sa lente décélération. Globalement, la statistique a légèrement renforcé le scénario d'une Fed qui n'aura pas à relever davantage ses taux. Ce qui explique la joie du Nasdaq, riche en valeurs qui ont besoin d'argent bon marché pour financer leur croissance. Le marché obligataire en est arrivé à la même conclusion, avec une détente de dix points du rendement de l'obligation d'Etat américaine à dix ans. Le débat reste concentré autour de la date de la première baisse de taux de la banque centrale, qui est loin d'être tranché puisqu'on entend tout et son contraire.

Mais pourquoi, alors, les autres indices étaient-ils plutôt ronchons ? Parce que les craintes de récession flottent toujours dans le paysage. Vous savez, cette récession américaine dont tout le monde parle mais qui est toujours pour dans deux mois. Et puis il y a la question du plafond de la dette aux Etats-Unis et la fragilité de certaines banques. En Europe, les indices ont légèrement corrigé pour la seconde fois de la semaine. Notamment le CAC40 et le SMI, qui ont été pénalisés par les replis de leurs baromètres. Les valeurs du luxe pour le premier et de la santé pour le second. Nous le verrons un peu plus bas, le duo inflation / banques centrales continue à dominer les débats financiers un peu partout. Le Wall Street Journal a d'ailleurs ouvert hier après-midi un débat intéressant à ce sujet, en soulignant que les Américains pourraient commencer à s'habituer à une inflation forte, ce qui constitue un problème en soi puisque c'est un vecteur d'autoalimentation de la hausse des prix.

Sans surprise si vous avez suivi ce qui précède, la macroéconomie sera dominée aujourd'hui par les prix à la production américains (14h30), qui seront précédés par une décision de la Banque d'Angleterre sur ses taux à 13h15. La BoE qui devrait relever ses taux d'un quart de point pour les porter à 4,5%. Le Royaume-Uni subit toujours des hausses de prix records, puisque l'inflation ressortait à 10% en mars sur un an, loin devant les autres grandes économies. Un problème auquel la Chine n'est pas confrontée puisque Pékin a annoncé cette nuit que son inflation se limite à 0,1% en avril, pendant que ses prix à la production baissaient de 3,6%. J'imagine que ces données peuvent donner lieu à deux types d'interprétation. On peut se réjouir que le pays échappe aux maux du monde. Ou trouver ces statistiques un peu étranges et à coup sûr incompatibles avec le grand réveil de l'économie chinoise. Mais je peux déjà lire des commentaires sur le fait que ces chiffres sont suffisamment médiocres pour, éventuellement, forcer la banque centrale chinoise à aiguillonner l'économie par de nouvelles incitations. Décidément, on en revient toujours à la même chose : derrière chaque problème économique, il y a une solution, une banque centrale.

Le bal des publications de résultats de sociétés continue. Un peu à la manière d'Airbnb la veille, c'est Walt Disney qui est le porteur nocturne de mauvaises nouvelles aux Etats-Unis. Mickey n'a pas réussi à faire progresser le nombre d'abonnés à Disney+, ce qui faisait baisser le titre de 5% hors séance. En Europe, Deutsche Telekom, Merck KGaA, Bayer, Hapag-Lloyd, ING ou Engie entrent en lice ce matin.

Les marchés d'Asie Pacifique bouclent sur des tendances divergentes mais peu accentuées. Le Japon est à l'équilibre pendant que l'Australie perd un peu de terrain. En Chine, les statistiques n'ont pas provoqué de gros remous. Shanghai (+0,1%) grapille quelques points pendant que Hong Kong en sème un peu en route (-0,2%). Les indicateurs avancés européens sont légèrement haussiers. Le CAC40 a même démarré la séance en hausse de 0,5% à 7398 points.

Les temps forts économiques du jour

La banque d'Angleterre se prononce sur ses taux directeurs (13h15), avant aux Etats-Unis la publication des données hebdomadaires sur l'emploi et les prix à la production d'avril (14h30). Tout l'agenda ici. En Chine, les prix à la consommation n'ont progressé que de 0,1% en avril, moins que prévu, tandis que les prix à la production se sont plus lourdement contractés que prévus (-3,6%).

L'euro se négocie 1,0973 USD. L'once d'or reste proche de 2030 USD. Le pétrole est ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 76,93 USD le baril et un brut léger américain WTI à 73,05 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans a reculé à 3,44%. Le bitcoin navigue sous 27 500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Ahold Delhaize : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 33 EUR.
  • Alcon : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 63,80 à 71 CHF.
  • Bakkafrost : Arctic Securities passe de conserver à acheter en visant 800 NOK.
  • Beiersdorf : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 128 à 144 EUR.
  • Diploma : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 3150 GBp.
  • HighCo : Oddo BHF passe de surperformance à neutre en visant 5,70 EUR.
  • Intercos : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 16 à 18,15 EUR.
  • Intesa : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 2,40 à 2,70 EUR.
  • K+S : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 25 à 16,70 EUR.
  • L'Oréal : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 296 à 350 EUR
  • Lanxess : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 41 à 40 EUR.
  • com : Baader Helvea démarre le suivi à l'achat en visant 31 CHF.
  • Norsk Hydro : AlphaValue passe d'alléger à accumuler en visant 88,70 NOK.
  • Outokumpu : SEB Equities passe d'acheter à conserver en visant 6 EUR.
  • Partners Group : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 822 à 848 CHF.
  • Salzgitter : J.P. Morgan reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 31,10 à 29,20 EUR.
  • Sopra Steria : AlphaValue passe d'alléger à acheter en visant 252 EUR.
  • TUI : Numis passe d'alléger à conserver en visant 6,09 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Bénéteau : le groupe, qui est en train de céder sa division habitation à Trigano, relève ses prévisions.
  • Eiffage : maintient ses perspectives après une hausse de 13,1% de son activité au T1.
  • Elis : les objectifs sont confortés après le T1.
  • Engie : confirme ses prévisions pour 2023, vise le haut des fourchettes de bénéfice net et d'Ebit.
  • Eutelsat : chiffre d'affaires du troisième trimestre en ligne avec les attentes.
  • Klépierre : confirme ses prévisions pour 2023, avec un cash-flow net courant par action de 2,35 EUR en hausse de 5%.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Bayer : les résultats 2023 seront dans le bas de la fourchette des attentes.
  • ING : le bénéfice trimestriel dépasse les attentes avec la hausse des taux.
  • Iveco : relève ses prévisions pour 2023 après une hausse du bénéfice d'exploitation.
  • Merck KGaA : prévoit une baisse du bénéfice d'exploitation pouvant aller jusqu'à 10% en 2023.
  • Nexi : maintient ses prévisions pour 2023 après avoir réalisé des bénéfices conformes aux prévisions.
  • Sonos : le titre perd 23% hors séance après des trimestriels décevants.
  • Suse : revoit ses prévisions à la baisse après un trimestre plus faible.
  • Telecom Italia : le bénéfice du T1 est en légère hausse mais la dette s'est alourdie dans le même temps.
  • ThyssenKrupp : revoit à la hausse ses perspectives de flux de trésorerie après la perte du deuxième trimestre.
  • Tod's : les revenus du T1 sont en hausse de 23%.
  • Walt Disney : le titre perd 5% hors séance après la publication des résultats du T1.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures