(Actualisé tout du long)

par Idrees Ali et Raya Jalabi

BAGDAD, 22 août (Reuters) - Le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, était en visite mardi en Irak, au troisième jour de l'offensive déclenchée par les forces irakiennes contre Tal Afar, bastion urbain des djihadistes de l'Etat islamique (EI) dans le nord du pays.

Des unités de l'armée et des services antiterroristes irakiens ont réussi mardi à pénétrer par l'est et le sud à l'intérieur de la ville Tal Afar.

Les forces de sécurité sont passées dimanche à l'offensive pour reprendre cette ville à 80 km à l'ouest de Mossoul, leur dernier objectif en date dans le cadre des opérations pour venir à bout des djihadistes sunnites.

Selon le général Andrew Croft, responsable des opérations aériennes de la coalition internationale en Irak, 10.000 à 20.000 civils sont pris au piège dans Tal Afar.

L'annonce de l'entrée de militaires irakiens dans les limites de la ville assiégée intervient le jour où le chef du Pentagone, James Mattis, est arrivé dans le pays pour une visite qui n'avait pas été annoncée.

"Les jours de l'EI sont sûrement comptés, mais ce n'est pas encore terminé et cela ne le sera pas dans un proche avenir", a-t-il dit lors d'une escale à Amman.

Il a également observé qu'il restait des poches de résistance dans la partie occidentale de Mossoul.

Lorsque les forces irakiennes auront repris la ville de Tal Afar, elles se tourneront vers la vallée de l'Euphrate, dans l'ouest de l'Irak, où l'EI contrôle encore des territoires, a-t-il dit.

Le chef du Pentagone s'est entretenu avec le Premier ministre irakien, Haïdar al Abadi, et son ministre de la Défense, Arfan al Hayali, pour parler du rôle des forces américaines en Irak après la reconquête des dernières villes sous le contrôle de l'Etat islamique.

"Des plans sont à l'étude(...) concernant une présence résiduelle (américaine) à l'avenir", a déclaré le général Steve Townsend, qui dirige la coalition internationale, lors d'un point de presse avec James Mattis.

CRAINTE D'UN NOUVEAU CONFLIT

James Mattis devait aussi rencontrer Massoud Barzani, le président du gouvernement régional du Kurdistan irakien (GRK), auprès duquel il comptait insister pour un report de leur référendum d'indépendance, pour l'instant fixé par les autorités autonomes kurdes au 25 septembre.

Une délégation représentant la coalition chiite au pouvoir en Irak pourrait rencontrer de nouveau des responsables politiques kurdes la semaine prochaine afin de tenter de les convaincre de reporter ou d'annuler le référendum sur l'indépendance, a déclaré un négociateur.

Une première session de pourparlers, tenus la semaine dernière à Bagdad, a réuni les deux camps et une deuxième session pourrait se tenir la semaine prochaine dans la capitale du Kurdistan autonome, Erbil, a déclaré à Reuters Abdoullah al Zaïdi, négociateur de l'Alliance nationale, la coalition chiite au pouvoir à Bagdad.

Un responsable kurde, Mala Bakhtiar, déclarait samedi à Reuters que l'hypothèse d'un report pourrait être envisagée en échange de concessions financières et politiques du gouvernement central de Bagdad.

Les Etats-Unis et les autres pays occidentaux redoutent que la tenue d'un référendum ne déclenche un nouveau conflit avec Bagdad et peut-être avec des pays voisins, détournant l'attention de la guerre en cours contre les djihadistes de l'EI en Syrie et en Irak. (Henri-Pierre André, Eric Faye et Arthur Connan pour le service français)