Tokyo (awp/afp) - Les prix à la consommation au Japon (hors produits frais) ont augmenté de 0,7% en février sur un an, en repli par rapport à la progression constatée en janvier et loin de la cible de 2% visée par le gouvernement.

Les données publiées vendredi confirment que la hausse des coûts de l'énergie est en partie responsable de cette progression, car si on l'exclut en plus des produits frais, l'inflation en février n'est plus que de 0,4%, comme en janvier.

Tout prix confondus, elle est encore plus faible: +0,2%, également comme en janvier.

L'inflation (hors prix des produits frais) avait connu une accélération au printemps 2018, mais elle a ralenti ensuite et les signaux de remontée sont faibles.

Dans un contexte international considéré comme inquiétant par les consommateurs, une des principales causes de ce peu d'entrain est le fossé entre une offre très abondante et une demande qui n'atteint pas le niveau suffisant pour inciter commerçants et fabricants à augmenter les prix sans faire fuir leurs clients.

Se profile en outre à l'horizon une hausse de taxe sur la consommation. De 8% actuellement, elle va passer à 10% en octobre prochain. A moins que le Premier ministre ne décide un nouveau report, en dépit des promesses faites aux institutions financières internationales pour qui une hausse de cet impôt est nécessaire afin de limiter la croissance de la dette publique déjà colossale. La précédente augmentation de l'équivalent de la TVA française, en avril 2014, avait plongé la troisième économie mondiale dans la récession.

De son côté, la banque centrale du Japon (BoJ) semble bien démunie, elle qui mène depuis six ans une politique censée en finir avec "moral déflationniste" des citoyens qui reportent des achats dans l'attente de prix plus attractifs.

Et ce ne sont pas les dernières nouvelles économiques qui vont changer l'orientation de la politique de l'institut d'émission, puisqu'elles ne sont pas des plus réjouissantes et que pointent en outre à l'horizon des facteurs négatifs pour les prix.

"Les signaux pour l'inflation ne sont pas positifs", prévient Yuki Masujima, économiste de Bloomberg.

"Le recul annoncé des tarifs des télécoms (les opérateurs sont paradoxalement poussés par l'Etat à réduire leurs forfaits) et des charges scolaires vont peser", dit-il.

Qui plus est, si la BoJ se distinguait des banques centrales américaine et européenne en voie de resserrement, le fait que la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) ait indiqué mercredi qu'il n'y aurait probablement pas de nouvelle hausse de taux directeur cette année réduit le grand écart entre ces institutions.

Et M. Masujima de rappeler que "le regain du yen entraîné par les décisions de la Fed pourrait aussi entraîner un recul des prix des produits importés", renforçant ainsi la pression déflationniste.

Les économistes sont donc aux aguets pour les mois à venir, même si, au 4e trimestre 2018, le produit intérieur brut (PIB) japonais a connu une progression notable de 0,5%.

Les premières données disponibles pour le début d'année 2019 montrent cependant que cette tendance positive ne va probablement pas se maintenir. La troisième économie du monde commence en effet à être indirectement affectée par le ralentissement chinois, sur fond de tensions commerciales avec Washington.

afp/jh