PARIS (Reuters) - Le Premier ministre Jean Castex a présenté lundi sa démission et celle de son gouvernement à Emmanuel Macron, annonce l'Elysée dans un communiqué, ouvrant la voie à la nomination prochaine d'une nouvelle équipe gouvernementale susceptible d'être dirigée par Elisabeth Borne pour le second mandat du président de la République, réélu en avril.

"M. Jean Castex a remis ce jour la démission du gouvernement au président de la République, qui l'a acceptée. Il assure, avec les membres du gouvernement, le traitement des affaires courantes jusqu'à la nomination du nouveau gouvernement", peut-on lire dans le communiqué.

Le départ de Jean Castex intervient deux jours après le début officiel du second quinquennat d'Emmanuel Macron, réélu le 24 avril.

L'ancien maire de Prades (Pyrénées-Orientales), qui avait succédé à Edouard Philippe en juillet 2020 à Matignon, s'en va "sans remords ni regrets", selon des propos rapportés par Le Parisien-Aujourd'hui en France.

"Merci à Jean Castex, à son gouvernement et à toute son équipe. Durant près de deux ans, il a agi avec passion et engagement au service de la France. Soyons fiers du travail accompli et des résultats obtenus ensemble", a déclaré Emmanuel Macron sur Twitter.

Pensant passer la main rapidement après la réélection d'Emmanuel Macron, Jean Castex a finalement dû expédier les affaires courantes à la demande du président, qui a cultivé temporisation et suspense, jusqu'à la dernière minute.

"Je vais retourner dans mes Pyrénées, il faut que je repeigne mes volets et ma rambarde qui ont pris un coup pendant deux ans", dit-il dans Le Parisien.

"COURAGE"

"On est à la fin d'un cycle, personne n'est propriétaire de sa charge. J'espère seulement que je suis meilleur en sortant qu'en arrivant", souligne celui qui travailla à l'Elysée avec Nicolas Sarkozy.

Il ajoute que son successeur, dont la nomination est attendue lundi, "a de la chance d'arriver ici".

Les dernières rumeurs donnaient l'ancienne ministre du Travail Elisabeth Borne, 61 ans, comme favorite pour lui succéder à Matignon.

Plusieurs noms ont été avancés ces derniers jours pour tenter de cerner le profil esquissé par Emmanuel Macron, qui souhaiterait une figure féminine. Outre celui d'Elisabeth Borne, les noms de Catherine Vautrin, Marisol Touraine, Audrey Azoulay ou Valérie Létard ont été évoqués.

Le président réélu - auquel le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon entend imposer une cohabitation à la faveur des élections législatives des 12 et 19 juin - s'est engagé à nommer une personnalité attachée "à la question sociale, environnementale et productive".

Si une femme était nommée ce lundi à Matignon, ce serait la deuxième, dans l'histoire politique française, à prendre les rênes du gouvernement 30 ans après Édith Cresson, qui occupa ce poste de mai 1991 à avril 1992 sous le second septennat de François Mitterrand.

Dans une interview au Journal du Dimanche, Edith Cresson dit souhaiter "beaucoup de courage" à la possible future Première ministre, fustigeant le "machisme de la classe politique" française.

(Reportage Elizabeth Pineau, édité par Bertrand Boucey et Sophie Louet)

par Elizabeth Pineau