Au coeur de toutes les attentions des investisseurs, la marque florentine, principal centre de profit du groupe, décélère après deux ans d'une croissance exceptionnelle de 45% en 2017 et 37% en 2018.

Ses ventes à taux de change et périmètre constants ont progressé de 20%, après une hausse de 28% au dernier trimestre de 2018, faisant mieux que les 18,5% attendus en moyenne par les analystes, portées par une performance toujours hors norme en Asie, où elles ont bondi de 35%.

Cette performance laisse une nouvelle fois loin derrière les meilleurs élèves du secteur, à commencer par Louis Vuitton, première marque mondiale de luxe, dont la croissance organique a atteint environ 15% sur la période.

Gucci profite des achats d'une clientèle chinoise qui consomme davantage dans son pays et de la progression de ses ventes en ligne, la Chine étant devenue son 3e marché pour son e-commerce derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

A l'inverse, la dynamique a nettement faibli aux Etats-Unis (+7% pour les magasins), où la marque a souffert de tendances de consommation "moins favorables" et de comparatifs élevés, selon le directeur financier de Kering, Jean-Marc Duplaix.

Il a également précisé qu'il n'y avait pas de lien entre le ralentissement constaté outre-Atlantique et l'affaire dite du "blackface", un col roulé noir très vite retiré de la vente après avoir été accusé de représentation raciste.

Il s'est dit "très serein sur la trajectoire de normalisation de Gucci", confirmant que la marque avait la capacité de faire deux fois mieux que le marché en 2019, dont la progression est estimée aux environs de 6%.

CONFIANCE DANS LA HAUSSE DES MARGES, SAUF POUR BV

Compte-tenu de son poids (83%) dans les résultats de Kering, Gucci reste au centre des préoccupations des investisseurs.

Pressé de questions sur l'évolution des marges de la marque, Jean-Marc Duplaix a dit que les couvertures de change auraient un impact négatif en 2019, si les parités devaient se maintenir aux taux actuels, et que cet impact serait compensé par de possibles ajustements, notamment en matière d'investissement.

"Nous restons confiants dans la capacité de nos marques à améliorer leurs marges", a-t-il dit, sauf pour Bottega Veneta, dont les ventes ont encore chuté de 9% et dont la marge opérationnelle pourrait tomber à 20%.

Les collections du nouveau directeur artistique Daniel Lee ne sont pas encore arrivées dans les boutiques et la relance de la griffe, qui entend conquérir une clientèle plus jeune, n'est pas attendue avant le second semestre 2019.

Saint Laurent a encore engrangé une progression de 17,5% après une hausse de plus de 20% pendant sept années d'affilée, poursuivant ses ouvertures de magasins.

Le pôle "autres marques" a vu sa croissance attendre 21,7% tiré par Balenciaga, nouvelle pépite du groupe, qui devrait franchir le milliard d'euros cette année, et Alexander McQueen.

Au total, les ventes de Kering ont augmenté de 21,9% en données publiées, à 3,78 milliards d'euros, proches du consensus de 3,71 milliards réalisé par Infront Data pour Reuters.

A taux de changes et périmètre constants, la croissance est ressortie à 17,5%, contre 16,9% attendus, après une hausse de 24,2% au dernier trimestre 2018.

(Pascale Denis, édité par Benoît Van Overstraeten)

par Pascale Denis et Sarah White