WASHINGTON, 13 décembre (Reuters) - Le Sénat américain a approuvé jeudi à l'unanimité une résolution affirmant que le prince Mohammed ben Salman, héritier du trône saoudien, est responsable de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, tué le 2 octobre au consulat saoudien d'Istanbul.

Les sénateurs avaient auparavant adopté par 56 voix contre 41 une autre résolution réclamant l'arrêt du soutien américain à la coalition sous commandement saoudien qui combat les rebelles chiites houthis au Yémen, ce qui est historique.

Aucune des deux chambres du Congrès n'avait encore exigé l'arrêt d'une intervention militaire en vertu du War Powers Act. Adoptée pendant la guerre du Vietnam, cette loi limite les pouvoirs du président concernant les interventions militaires à l'étranger lorsqu'il n'a pas l'aval du Congrès.

De nombreux parlementaires américains désapprouvent la clémence de Donald Trump à l'égard de Ryad, alors que, d'après la presse, la CIA tient le prince héritier pour responsable de l'assassinat de Jamal Khashoggi.

Le président américain a refusé pour l'instant de condamner le régime saoudien, faisant valoir l'importance des liens stratégiques et économiques qui lient l'Arabie saoudite et les Etats-Unis. Les autorités saoudiennes ont promis l'achat d'armements américains pour plus de cent milliards de dollars.

Donald Trump soutient le pouvoir en place à Ryad car il estime par ailleurs que ce dernier constitue un moyen de contenir l'influence de l'Iran au Moyen-Orient.

En s'appuyant sur des documents, la CIA a acquis la conviction avec un "haut degré de certitude" que Mohammed ben Salman est le commanditaire de l'assassinat du journaliste et opposant Jamal Khashoggi dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul.

La justice saoudienne affirme que le prince héritier ne porte aucune responsabilité dans cette affaire et qu'il n'était pas au courant de ce meurtre qui est, selon elle, l'oeuvre d'un groupe d'éléments incontrôlés.

Malgré les éléments fournis par les services du renseignements américains, Donald Trump refuse mettre en cause le prince héritier qui est le dirigeant de fait de l'Arabie saoudite.

(Patricia Zengerle, Jean-Philippe Lefief pour le service français)