KABOUL, 9 août (Reuters) - Les autorités afghanes se sont accordées dimanche sur la libération de 400 talibans radicaux dans l'espoir d'ouvrir la voie à des négociations de paix avec les insurgés.

L'accord a été trouvé lors d'une session de la Loya Jirga, la grande assemblée afghane.

"Afin d'ôter un obstacle, de permettre le début d'un processus de paix et la fin des effusions de sangs, la Loya Jirga approuve la libération de 400 taliban", annonce dans l'assemblée dans une résolution.

Le président afghan, Ashraf Ghani, a indiqué qu'il signerait dans la journée le décret ordonnant ces libérations.

Plusieurs militants impliqués dans des attentats ayant ensanglanté l'Afghanistan sont au nombre de ces prisonniers, notamment les auteurs de l'attentat au camion piégé commis en 2017 près de l'ambassade d'Allemagne. L'attaque, qui a fait plus de 150 morts, est la plus meurtrière depuis le renversement du régime taliban en novembre 2001.

Les discussions de paix entre les représentants du gouvernement et des insurgés devraient débuter la semaine prochaine à Doha, au Qatar, selon des diplomates occidentaux.

Le président Ghani espère que les taliban s'engageront d'ici là à un cessez-le-feu complet, ce qu'ils n'ont pas fait explicitement.

"Le cessez-le-feu est une partie importante des discussions, il sera décidé lors des discussions et pas avant", a déclaré à Reuters Suhail Shaheen, porte-parole des taliban.

Les débats autour de la libération de ces militants radicaux ont rouvert les blessures de familles endeuillées par les violences en Afghanistan.

Au cours de la décennie écoulée, on estime que plus de 100.000 civils ont perdu la vie ou ont été blessés, mutilés dans des attaques.

La Loya Jirga a demandé au gouvernement de chercher à obtenir le pardon des familles des victimes.

L'administration américaine, qui a conclu un accord avec les taliban en février dernier, pousse à l'ouverture de négociations de paix entre Kaboul et les insurgés.

A moins de trois mois de l'élection présidentielle aux Etats-Unis, Donald Trump veut pouvoir matérialiser sa promesse d'en finir avec une guerre déclenchée après les attentats du 11 septembre 2001.

Son secrétaire à la Défense, Mark Esper, a indiqué samedi que les Etats-Unis prévoyaient de réduire "à moins de 5.000" le nombre de leurs soldats présents en Afghanistan d'ici fin novembre.

Environ 8.600 soldats américains y sont actuellement stationnés, soit le seuil prévu par l'accord conclu avec les insurgés. (Hamid Shalizi et Hameed Farzad version française Henri-Pierre André et Nicolas Delame)