(Actualisé avec Scholz, Seibert et précisions)

BERLIN, 12 août (Reuters) - L'Allemagne peut atteindre ses objectifs ambitieux en matières de climat et dans d'autres domaines sans avoir à augmenter la dette publique, a déclaré lundi son ministre des Finances, Olaf Scholz.

Ces déclarations de l'un des principaux membres sociaux-démocrates du gouvernement interviennent quelques jours après que Reuters a rapporté de source gouvernementale que Berlin envisageait l'émission de nouvelles dettes pour financer un coûteux programmes de lutte contre le dérèglement climatique.

"Nous pouvons remplir les tâches auxquelles nous nous consacrons sans nouvelle dette", a dit Olaf Scholz en réponse à une question de Reuters, lors d'un point de presse, sur son attachement au principe d'équilibre budgétaire affiché pour l'instant par Berlin.

A la différence d'Olaf Scholz, d'autres hauts responsables du Parti social-démocrate (SPD), membre de la coalition gouvernementale dirigée par Angela Merkel, souhaitent l'abandon de ce principe d'équilibre budgétaire, dit "schwarze Null", et prônent l'augmentation, via de nouveaux emprunts, des dépenses publiques dans les infrastructures et la lutte contre le réchauffement climatique.

Mais le principal porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert, a déclaré lundi que la chancelière s'en tenait au principe d'un budget à l'équilibre.

"La chancelière n'a jamais laissé aucun doute (...) sur son attachement au principe d'un budget équilibré", a déclaré Steffen Seibert lors d'un point de presse. "Nous avons depuis plusieurs années une politique de finances publiques équilibrées, qui n'est pas remise en cause et que nous continuerons de viser."

LES VERTS PARLENT DE "FÉTICHISME VAUDOU"

Le gouvernement parvient depuis 2014 à augmenter la dépense publique sans lancer de nouveaux emprunts grâce à un cycle de croissance économique exceptionnellement long. Mais le ralentissement marqué de l'économie, désormais menacée de récession, et la chute des coûts d'emprunt de l'Allemagne ont accru ces derniers mois les pressions, tant intérieures qu'extérieures, en faveur d'un coup de pouce budgétaire.

"On a besoin d'investissements massifs dans la protection climatique", a déclaré lundi Robert Habeck, chef de file des Verts allemands, avant de dénoncer le "fétichisme vaudou" de la droite conservatrice sur les questions budgétaires.

Les intentions de vote en faveur des Verts ont augmenté ces derniers mois selon les sondages d'opinion, pour atteindre 25% dans une enquête Forsa publiée lundi, contre 26% pour l'alliance conservatrice CDU/CSU de la chancelière.

Alors que le SPD, loin derrière en terme d'intentions de vote, envisage de quitter le gouvernement, les Verts sont ainsi devenus le seul partenaire de coalition envisageable pour la CDU/CSU, qui exclut toute alliance avec le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) comme avec le mouvement de la gauche radicale Die Linke. (Michael Nienaber, avec Michelle Martin Véronique Tison et Marc Angrand pour le service français, édité par Henri-Pierre André)