En 2006, Nicholas Stern avait publié, pour le compte du gouvernement britannique, un rapport qui avait fait couler beaucoup d'encre concernant le défi du changement climatique pour l'économie. Son étude démontrait que les coûts globaux du changement climatique équivaudront à la perte d'au moins 5% du produit intérieur brut (PIB) mondial chaque année et de façon continue. L'inclusion d'un éventail plus large de risques et d'impacts pourrait même amener ce chiffre à dépasser 20 % du PIB.

De quoi interpeller l'Australie, qui traverse une saison des incendies ("bushfire season") sans précédent. Un pays de contrastes où l'économie à l'export est très dépendante de l'exploitation minière et où la politique énergétique s'appuie largement sur les combustibles fossiles, essentiellement le charbon, mais qui sauve son bilan environnemental grâce à la qualité de son air et des eaux

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Depuis deux mois, les informations communiquées quotidiennement dépeignent une situation gravissime au sud du continent. Gladys Berejiklian, Première ministre de la Nouvelle-Galles du Sud (État du sud-est de l'Australie où se situe Sydney), a déclaré l'état d'urgence. Des centaines de milliers de personnes ont été évacuées depuis le début des incendies, 5 à 8 millions d'hectares ont été brûlés, les températures battent des records et plus de 1 300 pompiers australiens travaillent depuis des semaines pour contenir les feux et protéger les civils.

Ces épisodes catastrophes sont provoqués par l'accumulation de conditions météorologiques extrêmes : sécheresse, températures très élevées et vents importants. L'année 2019 a été la plus chaude et la plus sèche jamais observée en Australie. L'Organisation mondiale de la météorologie le confirme : le changement climatique d'origine humaine provoque une augmentation de la sévérité et du nombre des feux, sur des zones géographiques de plus en plus étendues avec un allongement de la saison des feux. Cette saison est unique de par les écosystèmes touchés : des forêts humides brûlent pour la première fois.

Les coûts estimés de cette catastrophe ne cessent d'augmenter. L'économiste Terry Rawnsley (SGS Economics & Planning) estime pour l'instant entre 1,2 et 2,2 milliards d'euros l'impact direct des incendies sur l'économie australienne. Il intègre la baisse des dépenses touristiques et les pertes agricoles. Les nuages de fumée à Sydney, Melbourne et Canberra coûteraient selon les estimations 124 à 310 millions d'euros supplémentaires à cause des fermetures d'entreprises, de la diminution importante des activités de plein air et des problèmes de santé provoqués par les fumées. Terry Rawnsley a calculé que l'impact combiné équivaut à un frein à la croissance du PIB de 0,1 à 0,25 point de pourcentage pour l'année fiscale 2019/2020 (juillet à juin).

Côté assurances, les 16 000 demandes d'indemnisation déposées entre début novembre et le 17 janvier atteignent un montant global de 874 millions d'euros selon Bloomberg. Et ce n'est que le début, l'Australie débute à peine sa saison estivale.

Ces estimations prouvent à ceux qui en doutaient que les problématiques liées au réchauffement climatique ont - aussi - des conséquences financières immédiates et massives. Suffisant pour que l'opinion publique australienne s'empare du sujet ? Les feux ont mis en lumière l’urgence de la lutte contre le réchauffement climatique : 20 000 personnes manifestaient pour le climat le 10 janvier dernier à Sydney. Et dans la dernière étude PwC, 65% des 117 CEO australiens interrogés considéraient le changement climatique comme une menace majeure. Avant même l'épisode des "bushfires" 2019-2020.  

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