PARIS (Agefi-Dow Jones)--En matière de finances publiques, il y a les effets d'annonce : un déficit inférieur à 3% en 2019, des milliards d'euros redistribués aux Français en pouvoir d'achat. Et puis il y a la réalité : l'an prochain, les besoins de financement de l'Etat approcheront 228 milliards d'euros, presque 30 milliards de plus que l'exercice en cours.

Bien sûr, cette hausse spectaculaire n'est pas seulement le fait d'une mauvaise gestion. Entre la mise en place du prélèvement à la source et la transformation du CICE en baisse de charges, le projet de loi de finances 2019 qui a été présenté lundi comporte beaucoup d'éléments exceptionnels. L'Agence France Trésor, qui gère la dette publique, devra aussi refinancer l'an prochain un montant particulièrement élevé d'emprunts d'Etat, 130 milliards, l'héritage des énormes déficits accumulés après la crise de 2007-2009.

Malgré tout, ce ne sont pas 228 milliards que la France ira chercher l'an prochain sur les marchés, mais "seulement" 195 milliards, excusez du peu. C'est autant qu'en 2018, mais la tendance est à la hausse depuis plusieurs années. Net des remboursements de dette, le pays accroîtra d'une centaine de milliards son appel à l'épargne. Seule l'Italie fait pire en zone euro. Et encore, il ne s'agit là que des emprunts d'une maturité initiale supérieure à 1 an. Pour assurer ses dépenses courantes, l'Etat fait aussi rouler un stock de bons du Trésor, de la dette à court terme dont l'encours atteint 120 milliards. Ce stock, la France devrait l'accroître de 15 milliards l'an prochain, une première depuis 12 ans.

Ce tour de passe-passe, avec d'autres, permettra d'absorber la hausse des besoins de financement. Le tout sans avoir à annoncer aux investisseurs un programme d'émission de dette à moyen et long terme qui aurait dépassé sinon les 200 milliards d'euros.

-Alexandre Garabedian, Directeur des rédactions de L'Agefi ed: ECH

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