BREXIT

LES DÉPUTÉS BRITANNIQUES BLOQUENT LES PLANS DE BORIS JOHNSON

LONDRES- La séance extraordinaire qui s'est tenue samedi au Parlement britannique a débouché sur un nouveau coup de théâtre, avec le report de tout vote sur l'accord arraché par Boris Johnson auprès de l'Union européenne tant que la législation nécessaire à son application n'aura pas été votée par la Chambre des Communes, faisant rebasculer le feuilleton du Brexit dans l'incertitude.

Par leur décision à 322 voix contre 306, les élus de la Chambre des Communes ont enclenché une autre loi, adoptée début septembre par les opposants à une sortie sans accord: la loi Benn, qui exige de Boris Johnson qu'il "cherche à obtenir" par une lettre adressée au président du Conseil européen, Donald Tusk, une extension du calendrier de la sortie du Royaume-Uni de l'UE jusqu'au 31 janvier 2020 dans l'éventualité où le Parlement britannique n'approuvait pas un accord de retrait, ou un divorce sans accord, à la date de ce samedi 19 octobre.

Cette lettre est arrivée en fin de soirée sur le bureau de Donald Tusk.

D'après une source gouvernementale britannique, Boris Johnson n'a pas signé cette lettre mais s'est contenté d'une photocopie du modèle intégré à la loi Benn. Une deuxième lettre de "couverture" a été signée par l'ambassadeur du Royaume-Uni auprès de l'UE, Tim Barrow, expliquant que le gouvernement est tenu par la loi de demander ce report.

Le dirigeant britannique, conformément à ses déclarations, a également rédigé une troisième lettre dans laquelle il indique aux Européens qu'un report du Brexit serait une erreur.

Partisan d'un Brexit au 31 octobre "avec ou sans accord", Boris Johnson a prévenu dans la journée devant les députés qu'il ne négocierait pas de report "et la loi ne m'y contraint pas".

L'initiative du Parlement accroît pourtant les probabilités d'un nouveau report du divorce, qui était initialement programmé le 29 mars dernier avant d'être décalé en deux temps jusqu'au 31 octobre.

Néanmoins, même si les Européens acceptent la requête désormais entre leurs mains, Johnson pourrait encore accomplir la mission qu'il s'est assignée et faire sortir le Royaume-Uni de l'UE à la date du 31 octobre, à condition de faire adopter d'ici là par le Parlement les textes législatifs afférents.

A BRUXELLES, la Commission européenne a "pris note" de la décision des Communes et déclaré qu'elle attendait que le gouvernement britannique l'informe "dès que possible" des prochaines étapes du Brexit.

Les ambassadeurs des Vingt-Sept se retrouveront dimanche à 09h30 (07h30 GMT) pour évoquer la suite du processus.

Fidèle à la ligne qu'il tient depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron, qui s'est entretenu avec Boris Johnson dans l'après-midi, a insisté sur "la nécessité d'une clarification rapide de la position britannique sur l'accord négocié et finalisé" et indiqué qu'"un délai ne serait dans l'intérêt d'aucune partie", a-t-on appris auprès de l'Elysée.

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SYRIE

ERDOGAN PRÊT À "ÉCRASER LES TÊTES DES TERRORISTES"

ANKARA - Recep Tayyip Erdogan a annoncé samedi que l'offensive de l'armée turque dans le nord-est de la Syrie se poursuivrait et qu'il "écraserait les têtes des terroristes" si les combattants kurdes ne quittent pas le territoire.

Le président turc a accepté jeudi, lors de discussions avec le vice-président américain Mike Pence, une pause de cinq jours de l'opération Source de paix lancée le 9 octobre dernier.

Cette trêve doit permettre le retrait des combattants kurdes de la "zone de sécurité" qu'Ankara veut créer dans le Nord-Est syrien, le long de la frontière turque.

"Si cela marche, ça marche. Sinon, nous continuerons d'écraser les têtes des terroristes à la minute même où ces 120 heures (de pause) seront terminées", a dit Erdogan lors d'un rassemblement dans le centre de la Turquie.

Cette trêve fragile semble avoir tenu samedi. Selon des journalistes de Reuters, seuls quelques véhicules militaires turcs ont franchi la frontière vers la Syrie.

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MADRID REJETTE L'APPEL AU DIALOGUE DU PRÉSIDENT SÉPARATISTE CATALAN

MADRID/BARCELONE - Le gouvernement espagnol a rejeté samedi l'appel au dialogue lancé par le président séparatiste catalan Quim Torra après cinq jours de manifestations entachées par de violents affrontements et déclenchées par la condamnation de neuf dirigeants séparatistes pour la tentative de sécession de 2017.

Pedro Sanchez, le chef du gouvernement socialiste, exige d'abord que Torra condamne sans équivoque les violences de ces derniers jours. "Le gouvernement espagnol réaffirme que le problème de la Catalogne n'est pas l'indépendance, qui ne se produira parce qu'elle n'est pas légale et que la majorité des Catalans n'en veulent pas, mais plutôt la coexistence", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Barcelone et la région catalane ont connu vendredi une cinquième nuit consécutive de violences, d'une ampleur inédite depuis la décision du Tribunal suprême lundi.

Dans cette seule nuit de vendredi à samedi, les services de secours ont dénombré plus de 182 blessés, dont 152 à Barcelone, parmi lesquels 17 membres des forces de l'ordre. La police a de son côté annoncé 54 interpellations.

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MANIFESTATIONS AU LIBAN POUR UN TROISIÈME JOUR CONSÉCUTIF

BEYROUTH - Plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé à travers le Liban samedi, pour une troisième journée consécutive, pour exprimer leur colère à l'encontre d'une élite politique qu'ils accusent d'avoir poussé le pays au bord du gouffre économique.

Dans la capitale Beyrouth, l'ambiance était à la fois brûlante et festive. Des manifestants de tous âges, agitant des drapeaux, ont appelé de leurs chants à la révolution devant des commerces et des banques dont les vitrines avaient été détruites lors des heurts de la veille.

Ce mouvement de contestation - le plus important depuis des décennies au Liban - a été provoqué par la hausse du coût de la vie et l'annonce de nouveaux impôts, notamment la création d'une taxe sur les appels passés par l'application WhatsApp - mesure sur laquelle le gouvernement est revenu face aux protestations.

Dans l'espoir de calmer la contestation, le ministre des Finances a annoncé samedi, au sortir d'une réunion avec le Premier ministre Saad Hariri, avoir convenu d'un budget final qui ne prévoyait pas d'impôts ou cotisations supplémentaires.

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FRANCE

SNCF-PHILIPPE DÉNONCE UN DÉTOURNEMENT DU DROIT DE RETRAIT

PARIS - Le Premier ministre Edouard Philippe a dénoncé samedi un détournement "inacceptable" du droit de retrait à la SNCF où le trafic était encore "très perturbé" en ce premier jour des vacances scolaires de la Toussaint, faute d'accord trouvé entre salariés et direction du groupe.

La compagnie ferroviaire a annoncé dans la soirée que la circulation des trains Ouigo, son service low-cost, totalement interrompue samedi, reprendrait progressivement dimanche mais avec un train sur trois seulement maintenu.

L'arrêt de travail de certains conducteurs et contrôleurs a été décidé par la CGT et Sud-Rail à la suite d'une collision, survenue mercredi en Champagne-Ardenne, entre un TER et un convoi exceptionnel à un passage à niveau, faisant trois blessés, selon la direction de la SNCF.

"Les raisons pour lesquelles cette situation inacceptable intervient est un détournement du droit actuel, la volonté de ne pas respecter la loi sur la grève dans les services publics, de la détourner pour avoir un impact maximal", a dit le chef du gouvernement lors d'un déplacement gare de l'Est à Paris.

La Fédération CGT des cheminots a reproché aux pouvoirs publics et à l'entreprise d'"évacuer" la sécurité.

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MANIFESTATION À PARIS CONTRE LES "FÉMINICIDES" PARIS - Plusieurs centaines de femmes ont manifesté samedi dans le centre de Paris pour attirer l'attention sur les violences domestiques contre les femmes et obtenir des pouvoirs publics une action à la hauteur.

Des "die-in" ont eu lieu dans plusieurs lieux de la capitale.

On estime que plus de 120 femmes ont été victimes de "féminicide" depuis le début de l'année en France, selon les décomptes effectuées par plusieurs associations.