WASHINGTON LAISSE LE CHAMP LIBRE À ANKARA DANS LE NORD DE LA SYRIE

WASHINGTON/ISTANBUL - Donald Trump a décidé de retirer les forces américaines du nord-est de la Syrie, ouvrant la voie à une offensive turque contre les rebelles kurdes qui ont chassé les djihadistes de l'Etat islamique de la région avec l'appui de Washington.

Le président américain, dont la décision a été annoncée dans la nuit de dimanche à lundi par la Maison blanche, a toutefois averti lundi qu'il était prêt à "détruire complètement l'économie turque" si Ankara agissait "hors des limites".

Le retrait américain du nord de la Syrie, que Donald Trump a justifié en déclarant qu'il était temps que les Etats-Unis sortent de "ridicules guerres interminables", suscite l'hostilité d'une partie du Congrès, y compris sur les bancs républicains.

Le Pentagone et le département d'Etat ont quant à eux désapprouvé l'opération militaire annoncée par Ankara.

"Le département de la Défense a clairement fait savoir à la Turquie - comme l'a fait le président - que nous ne soutiendrons pas une opération turque dans le nord de la Syrie. Les Etats-Unis ne soutiendront pas et ne s'impliqueront pas dans une telle opération", a dit le porte-parole du Pentagone Jonathan Hoffman.

"Nous pensons que cette opération est une très mauvaise idée", a déclaré de son côté un haut fonctionnaire du département d'Etat, ajoutant que les Etats-Unis n'avaient pour l'heure retiré qu'une vingtaine de soldats seulement, sur le millier de militaires américains présents dans la région.

Selon un haut responsable turc, les forces turques attendront très probablement le retrait complet des forces américaines présentes dans le nord de la Syrie, qui pourrait prendre une semaine, avant de lancer leur offensive.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), mouvement rebelle dominé par les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), ont dénoncé "un coup de couteau dans le dos".

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BREXIT

JOHNSON A DEMANDÉ À MACRON D'ACCÉLÉRER LES NÉGOCIATIONS

LONDRES - Emmanuel Macron doit peser de tout son poids pour accélérer les négociations et faire en sorte qu'un accord soit trouvé entre Londres et Bruxelles sur la question du Brexit, considère le gouvernement britannique.

L'Union européenne ne doit pas se méprendre et penser que le Royaume-Uni restera au sein du bloc au-delà du 31 octobre, ont encore fait savoir les services du Premier ministre britannique.

Pour tenter d'obtenir un nouvel accord de Brexit avant le sommet européen des 17-18 octobre, Boris Johnson a présenté la semaine dernière à Bruxelles un "compromis" visant à résoudre le principal point de blocage, la clause de sauvegarde pour la frontière irlandaise ("backstop"), sans soulever l'enthousiasme de ses interlocuteurs.

Il est revenu à la charge dimanche auprès du président français pour tenter de le convaincre d'avancer sur ce dossier.

"C'est le moment d'obtenir un accord: un accord qui soit soutenu par les parlementaires et qui implique des compromis de la part des deux parties", a déclaré une source gouvernementale.

A moins de quatre semaines du 31 octobre, date théorique du Brexit et à dix jours du sommet européen des 17 et 18 octobre, Boris Johnson maintient qu'il ne demandera pas de report en dépit de l'adoption par le Parlement du "Benn Act".

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IMMIGRATION

LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS PRÊT À RÉFLÉCHIR À DES "QUOTAS"

PARIS - Le Premier ministre, Edouard Philippe, s'est déclaré lundi favorable à l'instauration de "quotas" et au ciblage des "talents" dans le cadre du débat sur "la politique migratoire de la France et de l'Europe" au Parlement.

Parmi les pistes de réflexion gouvernementales figure aussi la lutte contre les abus liés à l'Aide médicale d'Etat (AME) dont bénéficient les étrangers en situation irrégulière.

La France a enregistré l'an dernier un record de 123.000 demandes d'asile, en hausse de 22% par rapport à l'année précédente.

"La question d’un pilotage par objectifs de l’admission au séjour n’est pas 'taboue'. Je n’ai pas peur de réfléchir à l’idée de 'quotas'", a souligné Edouard Philippe, évoquant la possibilité de "fixer chaque année des objectifs d'attraction de compétences rares et de talents".

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CASTANER VEUT AUTOMATISER LE SIGNALEMENT DES RADICALISATIONS

PARIS - Le ministre français de l'Intérieur, sur la sellette depuis l'attentat de la préfecture de police de Paris, s'est prononcé lundi pour le signalement automatique de tout fonctionnaire dès qu'un soupçon de radicalisation pèse sur lui.

Le parquet national antiterroriste a fait état samedi de témoignages de policiers selon lesquels Mickaël H., qui a assassiné quatre de ses collègues - trois hommes et une femme - jeudi à l'arme blanche, aurait justifié les attentats de Charlie Hebdo en 2015 et d'autres exactions commises au nom de l'islam.

Un rapport de la direction du renseignement de la préfecture, remis samedi à Christophe Castaner et que Reuters a pu consulter, indique que ces éléments avaient été rapportés verbalement à la "hiérarchie intermédiaire" mais n'avaient pas fait l'objet d'un signalement écrit.

"La première faille de notre système c'est qu'il n'y ait pas eu de signalement et surtout que celui-ci n'ait pas été automatique. (...) Je souhaite que toute alerte fasse l'objet d'un signalement automatique", a déclaré le ministre de l'Intérieur sur France Inter.

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SIX PRÉVENUS À LA BARRE DANS LE VOLET FINANCIER DE L'AFFAIRE KARACHI

PARIS - Six prévenus dont un ex-ministre, un dirigeant de LVMH et un intermédiaire aussi renommé que sulfureux comparaissent à partir de ce lundi au tribunal correctionnel de Paris, où flotteront quatre semaines durant l'ombre de la campagne présidentielle de 1995 et celle de l'attentat de Karachi, en 2002.

Le procès qui s'ouvre est celui d'une affaire politico-financière pratiquement sans équivalent dans l'histoire récente, liée à des soupçons de rétrocommissions sur des contrats d'armement avec le Pakistan et l'Arabie saoudite qui auraient pu servir à financer les activités politiques d'Edouard Balladur.

Ces contrats troubles, conclus en 1994, sont au nombre de cinq, quatre portant sur la livraison de frégates à l'Arabie saoudite et un autre, représentant à lui seul 5,4 milliards de francs (826 millions d'euros), sur la vente de sous-marins au Pakistan, selon les documents judiciaires que Reuters a pu consulter.

Ils sont à l'origine de circuits d'argent occultes qui transitent par des sociétés écrans et des comptes off-shore et semblent revenir en bout de chaîne partiellement en France - des rétrocommissions.

Deux autres protagonistes, Edouard Balladur et François Léotard, n'ont en revanche rien à craindre de ce premier procès puisqu'ils doivent normalement comparaître séparément devant la Cour de justice de la République (CJR), seule juridiction habilitée à juger des ministres pour des faits commis dans l'exercice de leurs fonctions.

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LE NOBEL DE MÉDECINE DISTINGUE TROIS SPÉCIALISTES DE L'OXYGÉNATION DES CELLULES

STOCKHOLM - Le prix Nobel 2019 de médecine a été attribué aux professeurs Gregg Semenza, Peter Ratcliffe et William Kaelin pour leurs découvertes des processus d'adaptation des cellules aux besoins en oxygène, a annoncé lundi l'académie Nobel.

"Les découvertes fondamentales réalisées par les lauréats du Nobel de cette année dévoilent les mécanismes de l'un des processus les plus essentiels de la vie", a souligné l'académie dans son communiqué.

Le Nobel de médecine est le premier des prix Nobel décernés chaque année. Suivront les annonces des prix Nobel de physique (mardi) et de chimie (mercredi).