"Je comprends la démarche de la CFDT et avec Bruno Le Maire( ndlr, le ministre de l'Economie), nous pensons que, pour commencer, pour les entreprises où l'Etat est actionnaire, même minoritaire, on va leur demander de ne pas verser de dividendes en tout cas à des particuliers, à des individus", a-t-elle dit sur CNews en réponse à une question sur la demande de la confédération syndicale de suspendre le versement des dividendes cette année.

"Je crois que dans ce contexte, tout le monde doit montrer que le partage de la valeur, c'est aussi une solidarité et donc c'est la démarche qu'on va pousser", a-t-elle ajouté.

L'Etat dispose notamment de participations dans ADP, Airbus, Air France-KLM, EDF, Engie, Eramet, la FDJ, Orange, Renault, Safran et Thales.

Le président d'Engie, Jean-Pierre Clamadieu, a déclaré que le groupe avait besoin d'un peu de temps avant de se prononcer sur ce sujet.

"Les questions posées autour du dividende sont de bonnes questions. Laissons au conseil d'administration le temps d'absorber toutes les informations venant du groupe et de prendre dans ce domaine la décision qui nous paraîtra la plus sage", a-t-il déclaré sur BFM Business.

L'absence de dividende priverait l'Etat d'importantes recettes. Pour Engie, dont il détient une participation 23,6%, l'abandon du dividende représenterait ainsi un manque à gagner de quelque 461 millions d'euros pour Bercy.

Muriel Pénicaud a par ailleurs indiqué que le recours au chômage partiel s'était accentué en France.

A la date de jeudi, a dit la ministre, quelque 150.000 entreprises et 1,6 million de salariés étaient déjà en chômage partiels, soit 50% de plus que mercredi.

"Ce qu'on veut, c'est que pendant cette crise sanitaire, il n'y ait pas de licenciement", a-t-elle rappelé, ajoutant qu'il s'agissait aussi de "préserver les compétences" en vue d'une reprise de l'activité.

"C'est pour cela qu'on a mis un place un système extrêmement protecteur de chômage partiel, beaucoup plus protecteur qu'avant, le plus protecteur d'Europe", a-t-elle affirmé.

"ON N'EST PAS NAÏFS", RÉPOND PHILIPPE MARTINEZ

Interrogée sur les ordonnances adoptées cette semaine par le gouvernement relevant le plafond de durée légale maximale du temps de travail, elle a réfuté l'idée qu'il s'agissait d'une "dérégulation du code du travail" et a expliqué que l'objectif était de permettre à des entreprise de secteurs critiques de faire face à un manque de main d'oeuvre et à un surcroît d'activité dans les semaines qui viennent.

"Si dans les semaines qui viennent, il faut travailler plus, évidemment en rémunérant plus, je pense qu'il faut pouvoir le faire", a-t-elle poursuivi, citant l'agriculture, l'agroalimentaire ou bien encore les entreprises qui fabriquent des masques de protection ou de gel hydro-alcoolique.

Quant à la question des congés, elle a affirmé: "Il n'y a pas un seul jour de congé, ou de RTT ou de CET (compte épargne temps) qui sera supprimé." En revanche, les conditions dans lesquelles un employeur peut demander à ses salariés de poser des jours sont modifiées "mais à condition, pour les congés payés, d'un accord avec les syndicats et les salariés".

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, dont la centrale a déposé un préavis de grève dans la fonction publique pour le mois d'avril, a mis en avant les problèmes de santé que générerait le fait de travailler jusqu'à 60 heures par semaine et a appelé à définir les activités essentielles pour éviter que ces dérogations soient détournées de leur objectif.

"On n'est pas naïfs, un certain nombre de dirigeants d'entreprises vont considérer leur activité essentielle et qu'on peut avoir des dérogations jusqu'à la fin de l'année", a-t-il dit sur RFI-France 24.

(Henri-Pierre André et Marine Pennetier, édité par Jean-Michel Bélot)