À Paris, l'indice CAC 40 recule de 0,87% à 4.942,35 points dans la matinée. À Francfort, le Dax cède 1,04% et à Londres, le FTSE perd 0,57%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro abandonne 0,87%, le FTSEurofirst 300 recule de 0,74% et le Stoxx 600 plie de 0,64%.

Quand les risques politiques ne prédominent pas, les marchés d'actions sont souvent rattrapés ces dernières semaines par la nervosité entourant les grandes valeurs technologiques américaines, dont les valorisations extrêmement tendues les rendent fragiles à toute inquiétude sur les perspectives de croissance de leurs résultats.

Apple, la première capitalisation mondiale, a ainsi perdu plus de 20% depuis son pic historique atteint début octobre.

"Les FANG sont bel et bien en territoire baissier ('bear market') et ce n'est pas beau à voir", souligne Neil Wilson, chez Markets.com. "Clairement, les actions technologiques traversent une phase de réévaluation mais il semble qu'elles soient vendues comme une seule entité. Un peu comme les marchés émergents, les FANG sont très différentes les unes des autres et devraient être évaluées à titre individuel", poursuit-il.

"A l'orée de la période de Noël, Apple et Amazon pourraient bien en particulier surprendre positivement".

Pour l'heure, les contrats à terme sur les indices américains signalent une nouvelle baisse à l'ouverture de Wall Street, avec un repli de l'ordre de 1% pour le Nasdaq.

VALEURS

En Europe, le compartiment de la technologie recule de 1,71%, avec des baisses comprises entre 3,5% et 4% pour AMS, Infineon ou encore STMicrolectrics.

Le plus fort repli sectoriel en Europe revient néanmoins aux banques (-1,8%), grevées par le plongeon du britannique CBYG (-8,69%) qui a annoncé la mise en place d'un plan d'urgence pour faire face aux incertitudes liées au Brexit.

Le gérant d'actifs suisse Julius Baer chute de 6,29% apès avoir averti qu'il pourrait ne pas atteindre son objectif en matière de ratio coûts/revenus cette année.

Les banques italiennes sont aussi sous pression, à l'instar de Banco BPM, d'Ubibanca et d'Unicredit qui perdent entre 3,5% et 6% sur fond de tensions persistantes entre Bruxelles et Rome sur le budget 2019.

A Paris, Renault recule encore de 3,48%, après avoir perdu plus de 8% la veille, à la suite des accusations de fraude financière dont fait l'objet le PDG Carlos Ghosn au Japon. Selon des sources proches du dossier, le groupe va réunir mardi soir son conseil d'administration pour discuter d'un remplacement temporaire du dirigeant.

Dans le contexte global d'aversion au risque, les segments les plus défensifs sont recherchés, comme les "utilities" (+0,58%), la santé (+0,31%) et l'alimentaire et boissons (+0,31%).

À WALL STREET

L'indice Dow Jones a cédé 1,56% lundi et le S&P-500 a perdu 1,66%. Le Nasdaq Composite a lâché de son côté 3,03%, sa plus forte baisse en pourcentage sur une séance depuis près d'un mois.

L'indice sectoriel des FANG a perdu près de 4% et se dirige vers sa troisième baisse mensuelle consécutive. Parmi elles, Apple a cédé 3,96% après un article du Wall Street Journal selon lequel le groupe a réduit ses commandes pour la production des trois modèles d'iPhone lancés en septembre.

Facebook (-5,9%) est quant à lui tombé à son plus bas niveau depuis février 2017.

L'indice S&P des hautes technologies a reculé de 3,8%.

EN ASIE

Le repli des valeurs technologiques américaines s'est propagé en Asie et a pesé notamment sur la Bourse de Tokyo qui a terminé en baisse de 1,09%. L'indice nippon a aussi souffert du repli de Nissan (-5,45%) après les accusations de fraude financière à l'encontre de son président Carlos Ghosn.

L'indice Kospi à Séoul, fortement pondéré en valeurs "techs", a reculé de 0,86% et la Bourse de Hong Kong a perdu 2,02%. L'indice CSI 300 des grandes capitalisations de Chine continentale a chuté de 2,31%.

TAUX

L'aversion au risque favorise un retour sur le marché obligataire. Le rendement de l'emprunt d'Etat américain à dix ans, qui avait déjà reculé après des propos jugés prudents de plusieurs responsables de la Réserve fédérale (Fed), évolue autour de 3,04%, à un plus bas depuis la fin septembre.

La tendance est similaire en Europe où le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, revient sur le seuil de 0,35%.

En revanche, les taux souverains italiens montent avant la probable ouverture mercredi par la Commission européenne d'une procédure de sanction contre l'Italie pour déficit excessif. L'écart de rendement entre le papier à 10 ans italien et son équivalent allemand a dépassé les 335 points de base (pdb), au plus haut d'un mois.

Le vice-président du Conseil Luigi di Maio a dit mardi qu'une solution pouvait être trouvée avec Bruxelles sur le budget 2019 mais qu'il ne fallait pas toucher à ses principales dispositions.

CHANGES

Le retour vers les actifs refuges favorise le dollar, pénalisé la veille par les récents commentaires des responsables de la Fed et le chiffre nettement inférieur aux attentes de l'indice NAHB du marché immobilier américain.

L'indice dollar, qui mesure l'évolution du billet vert face à un panier de devises de référence, regagne 0,15%, s'éloignant d'un plus bas de près de deux semaines.

L'euro recule pour sa part vers 1,14 dollar et la livre perd 0,1% face au billet vert avec les tensions persistantes autour de l'accord sur le Brexit trouvé entre Londres et Bruxelles mais qui peine à convaincre outre-Manche.

La Première ministre britannique Theresa May est en difficulté, et selon le chef du service politique de la BBC lundi soir, il ne manquerait plus que cinq lettres pour déclencher un vote de défiance.

PÉTROLE

Les cours du brut sont orientés en nette baisse, pénalisés par la détérioration des perspectives de croissance mondiale et la hausse de la production pétrolière des Etats-Unis qui contrebalancent les anticipations d'une réduction de la production par les pays membres de l'Opep.

Le baril de Brent a reculé sous 66 dollars et le baril de brut léger américain (WTI) évolue à moins de 57 dollars.

(Édité par Wilfrid Exbrayat)

par Blandine Henault