Les indicateurs chinois viennent s'ajouter aux inquiétudes formulées par la Banque centrale européenne (BCE) concernant les perspectives économiques de la zone euro et contribuent à assombrir encore le ciel des marchés.

À Paris, l'indice CAC 40 perd 1,3% à 4.833,13 points vers 09h05 GMT. À Francfort, le Dax cède 1,49% et à Londres, le FTSE recule de 1,1%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro abandonne 1,35%, le FTSEurofirst 300 1,22% et le Stoxx 600 1,2%.

La Chine a enregistré en novembre la plus faible croissance de ses ventes au détail en 15 ans et la production industrielle a progressé à son rythme le plus faible en près de trois ans.

Ces statistiques confirment le ralentissement progressif de la croissance de la deuxième économie mondiale constaté ces derniers trimestres et plaident en faveur de la volonté de Pékin d'apaiser les tensions avec Washington.

Dans ce contexte sont tombés les premiers résultats des enquêtes mensuelles Markit sur l'activité du secteur privé dans la zone euro en décembre, les indices PMI "flash".

En France, l'activité dans le secteur privé s'est contractée en décembre pour la première fois depuis deux ans et demi, pénalisée par les perturbations résultant des actions du mouvement des "Gilets jaunes", en particulier dans le secteur des services.

En Allemagne, la croissance du secteur privé a touché un creux de quatre ans, ce qui suggère une petite forme de la première économie d'Europe au quatrième trimestre.

L'indice PMI composite pour l'ensemble de la zone euro est ainsi ressorti à 51,3, un niveau bien en dessous des attentes (52,8) et en nette baisse par rapport au mois précédent (52,7).

LES VALEURS EN EUROPE

Comme à chaque fois que la Chine inquiète, le secteur automobile souffre en Bourse, son indice Stoxx reculant de 2,64%, pénalisé en outre par un recul des immatriculations en Europe en novembre.

Renault perd 3,73%, PSA 2,5%, Daimler 2,62% et Volkswagen 2,63%.

Logiquement, le secteur des ressources de base, très exposé au marché chinois, se replie lui aussi nettement (-1,81%).

A la baisse également, LVMH abandonne 2,01%, les investisseurs paraissant juger trop élevé le prix de 3,2 milliards de dollars (2,82 milliards d'euros) qu'a accepté de payer le groupe de luxe français pour l'acquisition des hôtels haut de gamme Belmond.

CHANGES

L'euro creuse ses pertes après la publication des indices PMI, en repli de 0,6% face au dollar. La devise unique retombe ainsi à moins de 1,13, à un plus bas depuis le 28 novembre.

Elle avait déjà reculé la veille au lendemain des annonces de la BCE, qui a confirmé son intention d'arrêter définitivement ce mois-ci ses achats de titres sur les marchés mais s'est engagée à continuer à stimuler une économie de la zone euro confrontée à un ralentissement inattendu et à des turbulences politiques.

Les contrats à terme sur le marché monétaire en zone euro suggèrent désormais une probabilité de 60% d'une hausse des taux de la BCE en 2019, contre autour de 75% jeudi.

De son côté, le billet de vert progresse de 0,5% face à un panier de devises de référence, soutenu également par le repli de la livre sterling (-0,6%).

TAUX

Les inquiétudes sur la croissance alimentent un retour des investisseurs vers les actifs refuges, comme les obligations souveraines.

Le rendement des emprunts d'Etat américains de référence à 10 ans perd près de quatre points de base pour repasser sous 2,9%.

En Europe, le rendement des Bunds à 10 ans suit le mouvement pour redescendre vers 0,25%.

EN ASIE

Les marchés asiatiques ont creusé leurs pertes après la publication des indicateurs chinois.

La Bourse de Tokyo a perdu 2,02%, pénalisé en outre par la perspective d'une dégradation du climat des affaires au Japon.

L'indice SSE composite de la Bourse de Shanghai a cédé 1,53%.

A WALL STREET

La Bourse de New York a fini jeudi sur une note irrégulière, les investisseurs s'étant reportés sur les valeurs défensives au détriment des financières et des biens de consommation discrétionnaire dans un marché en panne d'inspiration.

Les contrats à terme sur les grands indices de Wall Street sont orientés à la baisse mais la tendance pourrait évoluer avec la publication avant l'ouverture des chiffres mensuels des ventes au détail et de la production industrielle.

PÉTROLE

Les cours du pétrole sont repartis à la baisse sur des prises de bénéfice après avoir terminé jeudi en forte hausse dans le sillage de données montrant une baisse des stocks aux Etats-Unis. Ils souffrent eux aussi du coup de mou de l'économie chinoise.

Le baril de brut texan redescend vers 52 dollars et le Brent repasse sous les 61 dollars.

(Édité par Blandine Hénault)

par Patrick Vignal