PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes sont attendues en nette hausse mardi après la clôture positive de Wall Street la veille à la faveur d'un rebond de fin de séance, mais les marchés n'en ont sans doute pas fini avec la volatilité, faute de certitudes sur l'évolution de la situation en Ukraine et sur celle de la stratégie de la Réserve fédérale.

Les contrats à terme sur indices suggèrent une hausse de 1,5% pour le CAC 40 à Paris, de 0,65% pour le Dax à Francfort, de 0,65% pour le FTSE 100 à Londres et de 0,76% pour l'EuroStoxx 50.

Le marché parisien a chuté de 3,97% lundi, sa pire performance depuis novembre, et l'indice large européen Stoxx 600 a fini sur un repli de 3,81%, du jamais vu depuis juin 2020, les marchés étant brutalement rattrapés par les tensions géopolitiques avec l'annonce par l'Otan de l'envoi de renforts en Europe orientale.

Les Etats-Unis ont placé 8.500 soldats en état d'alerte. De son côté, Moscou reproche à l'Occident d'attiser les tensions.

Si Wall Street a bénéficié en toute fin de séance d'une chasse aux bonnes affaires, les craintes des investisseurs sont loin d'être apaisées: les indices américains devraient repartir à la baisse ce mardi et les grandes places asiatiques évoluent toutes dans le rouge.

Car aux préoccupations géopolitiques s'ajoutent les incertitudes monétaires, puisque la Réserve fédérale américaine entame deux jours de débat qui devraient la conduire à préciser mercredi ses intentions en matière de hausse de taux et de réduction de son bilan.

Les marchés monétaires continuent de tabler sur un premier relèvement de l'objectif de taux des "fed funds" en mars mais les débats restent ouverts sur le nombre de relèvements à attendre d'ici la fin de l'année.

Dans ce contexte chargé, les publications de résultats, qui se multiplient, passent presque inaperçues. IBM a gagné néanmoins jusqu'à 7% dans les échanges hors séance à Wall Street lundi soir après des trimestriels supérieurs aux attentes. En Europe, l'agenda du jour inclut entre autres Ericsson, Swatch et Rémy Cointreau.

A WALL STREET

La Bourse de New York a vécu lundi l'une des séances les plus agitées de ces dernières années avec successivement une forte baisse liée aux craintes sur l'Ukraine et la Fed et un rebond rapide grâce à des achats à bon compte qui lui a permis de finir en territoire positif.

L'indice Dow Jones, qui a perdu jusqu'à plus de 1.100 points, affichait ainsi en clôture un gain de 0,29%, soit 99,13 points, à 34.364,50.

Le Standard & Poor's 500 a quant à lui terminé sur une progression de 12,19 points, soit 0,28%, à 4.410,13 après avoir cédé jusqu'à plus de 4%, du jamais vu depuis mars 2020, pour entrer brièvement en zone de correction, soit plus de 10% en dessous de son pic.

Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 86,21 points (+0,63%) à 13.855,13.

La volatilité, qui a bondi au plus haut depuis novembre 2020 selon l'indice VIX, semble devoir persister puisque les contrats à terme sur indices suggèrent pour l'instant une ouverture en baisse de près de 1,5% pour le S&P-500 et de plus de 2% pour le Nasdaq.

EN ASIE

À la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a perdu 1,66% et touché son plus bas niveau depuis décembre 2020. Les technologiques ont particulièrement souffert à l'image de SoftBank (-5,34%) ou Tokyo Electron (-2,69%).

Les marchés chinois n'ont pas échappé, eux non plus, à la dégradation du sentiment du marché, d'autant que l'approche des congés du nouvel an lunaire décourage la prise de risque: le SSE Composite de Shanghai a cédé 2,58% et le CSI 300 2,26%.

CHANGES/TAUX

L'aversion généralisée au risque continue de favoriser les devises jugées les plus sûres, comme le yen et le dollar, qui s'apprécie de 0,11% face à un panier de référence mais reste en dessous du plus haut de deux semaines atteint en séance lundi.

L'euro s'échange autour de 1,1310 dollar contre 1,1289 au plus bas lundi.

Les marchés intègrent une prime de risque pour l'euro en raison des craintes de voir la Russie réduire ses livraisons de gaz à l'ouest en cas de montée de la tension liée à l'Ukraine, explique Francesco Pesole, stratège d'ING.

Le bitcoin, tombé lundi sous 33.000 dollars avant de rebondir, peine à se maintenir au-dessus de 36.000 dollars.

Sur le marché des emprunts d'Etat, le rendement des bons du Trésor américain à dix ans remonte à 1,7565% après être tombé en séance lundi à 1,707% avant le rebond de Wall Street. En Europe, le dix ans allemand est en hausse à -0,09% dans les premiers échanges.

PÉTROLE

Le marché pétrolier regagne une partie du terrain perdu lundi, les tensions en Europe de l'Est et au Moyen-Orient faisant toujours craindre des tensions sur l'offre mondiale.

Le Brent gagne 0,79% à 86,95 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 0,65% à 83,85 dollars.

Ils avaient chuté de 1,84% et 2,1% respectivement la veille.

(édité par Bertrand Boucey)

par Marc Angrand